•  

    On a trop souvent tendance à l'ignorer, mais le petit royaume dit "de Belgique" actuel, qui n'est somme toute que de création relativement récente (1830), ne représente en fait que la moitié du territoire de la Belgique réelle.

    La Belgique originelle, ou Gaule Belgique, c'est en réalité tout l'espace compris entre la Seine (et la Marne) au sud, et le Rhin au nord-est. Elle est, à tous points de vue, un espace de transition entre les mondes celtique et germanique.

     

    Cette carte restitue fidèlement l'intégralité de cette Belgique originelle, et permet en outre d'y localiser l'implantation des différents peuples belges :

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    La Gaule Belgique 

    (Précisions : sur cette carte, le "Belgium" est le nom de la province sud-ouest de la Belgique, correspondant en gros aux département de l'Oise et de la Somme de la Picardie actuelle. Au sud-est, le nom de "Germani" n'est pas à confondre avec la Germanie située au-delà du Rhin : il désigne ici les Germains qui peuplaient alors cette portion du territoire belge.)

     

     

    Germains celtisés et Celtes germanisés

     

    Voyons à présent ce qu'écrit Jules César à propos des Belges dans ses fameux Commentaires sur la Guerre des Gaules :

     

    "La plupart des Belges sont issus des Germains ; ils avaient autrefois passé le Rhin, et s'étaient fixés en ces lieux à cause de la fertilité du sol, après en avoir chassé les habitants gaulois."

     

    En outre, il précise :

     

    "Toute la Gaule est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui, dans leur langue, se nomment Celtes, et dans la nôtre, Gaulois. Ces nations diffèrent entre elles par le langage, les institutions et les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. Les Belges sont les plus braves de tous ces peuples, parce qu'ils restent tout à fait étrangers à la politesse et à la civilisation de la province romaine, et que les marchands, allant rarement chez eux, ne leur portent point ce qui contribue à énerver le courage : d'ailleurs, voisins des Germains qui habitent au-delà du Rhin, ils sont continuellement en guerre avec eux."

     

    Comme César l'avait bien noté, il est donc manifeste que la Belgique constitue une zone spécifique depuis la plus haute antiquité, dont l'identité ethno-culturelle est celto-germanique, donc ni totalement celtique ni totalement germanique, mais les deux à la fois. Les peuples belges étaient donc constitués de Germains celtisés et de Celtes germanisés, les deux composantes étant chez eux si étroitement imbriquées qu'il est souvent difficile de les distinguer l'une de l'autre...

     

    Les sources se rapportant spécifiquement à ces peuples germano-celtiques de la Gaule Belgique sont hélas assez rares.Néanmoins, il est tout à fait légitime de supposer chez eux un étroit syncrétisme non seulement sur les plans culturel, artistique, sociétal etc, mais aussi dans le domaine spirituel, où le Paganisme celtique s'est très certainement mêlé au Paganisme germanique, donnant ainsi naissance à une Tradition religieuse spécifique. Nous avons donc là un exemple tout à fait exceptionnel de symbiose entre germanité et celticité.

     

    Un ensemble de peuples qui a profondément marqué la région

     

    Au delà de l'image  fort sympathique  mais caricaturale -et souvent anachronique- qu'évoque dans l'esprit du grand public la fameuse bande dessinée "Astérix chez les Belges" , il faut bien se figurer que ces derniers représentent un ensemble de peuples fondateurs ayant marqué de façon indélébile l'ensemble des territoires qui constituent aujourd'hui tant le Royaume de Belgique que la France septentrionale,  du nord de la Seine jusqu'à l'ouest du Rhin. 

    Parmi les peuples belges les plus marquants de l'actuel "nord de la France", Picardie et Nord-Pas de Calais, citons notamment, les Bellovaques, dont le nom a donné celui de Beauvais, leur ancien oppidum, les Ambiens (Amiens), les Suessions (Soissons), ou encore les Atrébates, qui ont donné leur nom à Arras (en flamand Atrecht), et qui sont même peut-être à l'origine du nom de l'Artois (à vérifier). Pour l'actuel Royaume de Belgique, on songera bien entendu aux célèbres Nerviens et Ménapiens, auxquels sont parfois identifiés respectivement, de façon quelque peu hâtive, les actuels Wallons et Flamands. Mais on pourrait tout aussi bien mentionner d'autres peuplades majeures telles que les Eburons, dont le territoire se situait dans l'actuelle province de Liège, ou encore les prestigieux Aduatuque, établis dans ce qui est aujourd'hui l'Ardenne.

    Enfin, au niveau des grandes figures historiques signalons entre autres les chefs belges Ambiorix, roi des Eburons, Catuvolcos (dont le nom signifie "Loup de Guerre"), ainsi que le chef bellovaque Correos (ou Correus dans sa forme latinisée, voire Korreos, véritable "Vercingétorix belge" qui a donné beaucoup de fil à retordre aux envahisseurs romains, en poursuivant une résistance acharnée après la défaite d'Alésia, à la tête d'une coalition de peuples belges. Ce Correos a particulièrement marqué César, qui y fait allusion à plusieurs reprises dans sa "Guerre des Gaules".

     

    Fameuse représentation des derniers instants de Correos, tenant tête aux Romains :

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    La mort de Corréus (Correos/Korreos), gravure de D. Maillart, XIXème siècle

     
    Cette brève présentation aura peut-être -du moins convient-il de l'espérer- su éveiller l'intérêt du lecteur ou de la lectrice pour les traces historiques, archéologiques, ethnologiques, linguistiques et toponymiques léguées par l'ensemble de ces peuples, qui ont tant contribué à forger un certain nombre de particularismes encore observables de nos jours, et qui ont ainsi grandement contribué à donner au Royaume de Belgique et à la France du nord et du nord-est une identité ethno-culturelle spécifique, tout à fait distincte du monde gaulois pris dans son ensemble.

     

    Pour quelques précisions complémentaires, vous pourrez par exemple consulter la fiche Wikipedia relative aux anciens Belges : http://fr.wikipedia.org/wiki/Belges

    Voir aussi la liste des peuples de la Gaule Belgique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_peuples_de_la_Gaul...

     Les livres et autres sources littéraires spécifiquement consacrés aux anciens Belges constituent hélas une denrée rare dans le contexte actuel, surtout lorsqu'il est question d'ouvrages de vulgarisation à destination du grand public. Néanmoins, et de façon bien entendu non exhaustive, signalons entre autres le livre d'Eugène Warmenbol "La Belgique gauloise : Mythes et archéologies", paru en 2010 aux Editions Racine, et qui traite plus spécifiquement des représentations symboliques de ce passé national, ainsi que de leur instrumentalisation par les autorités belges entre 1830 et la première moitié du XXème siècle, à travers les arts, l'architecture, les mythes fondateurs du pays etc. Et enfin, si d'aventure vous êtes de passage un de ces jours dans la jolie Province de Luxembourg, au cœur de l'Ardenne belge, ne manquez pas de faire un détour par la commune de Libramont-Chevigny, qui abrite un remarquable et fort sympathique petit Musée des Celtes ( http://www.museedesceltes.be ), dont je vous recommande chaudement la visite.

    Hans CANY



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  • BELTAINE / Cetsamhain / Nuit de Walpurgis

    C'est dans la nuit du 30 avril au 1er mai qu'est célébrée dans une grande partie de l'Europe une fête païenne majeure baptisée "Nuit de Walpurgis" dans la tradition germanique, et correspondant à la Beltaine des Celtes.

    Infiniment plus méconnue qu'Halloween/Samhain -car beaucoup moins vulgarisée, médiatisée, et "monétisée"-, Walpurgis/Beltaine en constitue l'exacte réplique, la seconde marquant le passage de la partie sombre de l'année à la partie lumineuse, inversement à la première. Elle porte d'ailleurs aussi le nom de Cetsamhain, ce qui traduit bien la correspondance entre ces deux points essentiels de l'année celtique.

    Fête du retour de la lumière et du renouveau de la Nature, elle n'en constitue pas moins également une nuit hors du temps, peuplée de forces obscures et au cours de laquelle le monde des morts et de l'au-delà interfère avec celui des vivants. Tout comme Samhain/Halloween, elle est marquée par l'errance d'entités impalpables, de créatures ténébreuses et inquiétantes, au premier rang desquelles les sorcières maléfiques, les revenants et autres loups-garous.

    On s'y réunit aussi autour de grands brasiers conjurant les ténèbres et saluant le retour du Soleil régénérateur, les fameux Feux de Beltaine, qui sont l'occasion de moult réjouissances et libations en l'honneur des forces vives de la Terre-Mère. Soleil et Terre-Mère respectivement symbolisés par le Dieu Bel/Belenos -d'où le nom de Beltaine-, et par l'antique déesse préceltique Maïa, d'où le nom du mois de Mai.

    A toutes celles et tous ceux qui se soucient de rétablir le lien avec leurs véritables racines spirituelles ancestrales, je souhaite donc une excellente célébration de cette nuit exceptionnelle, qu'il serait fort dommage de laisser dans l'oubli !

    Hans CANY

     

    BELTAINE / Cetsamhain / Nuit de Walpurgis

     

     

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  • Parmi les fabuleux trésors attribués aux Goths, et dont quelques-uns ont été retrouvés, il en est un, en revanche, qui conserve tout son mystère et qui n'a eu de cesse d'alimenter depuis des siècles les plus folles spéculations : je veux bien sûr parler du fameux trésor du Temple de Salomon, qui, de par les aléas de l'Histoire, s'est finalement retrouvé sur le territoire actuel de la France, et pourrait fort bien s'y trouver caché aujourd'hui encore...

    Le Temple de Jérusalem, dont le célèbre "Mur des Lamentations" constitue de nos jours l'ultime vestige, fut bâti aux alentours de l'an 960 avant l'ère chrétienne sous l'égide du roi juif Salomon. Erigé selon les instructions d'un symbolisme rigoureux prétendument reçues par Moïse au moment où celui-ci reçut de Yaveh lui-même les "Tables de la Loi", ce temple devint dès lors le lieu de culte le plus sacré du judaïsme, et tout un mobilier sacré y fut déposé.
    Outre la mythique "Arche d'Alliance", renfermant les "tables de la Loi", ce mobilier sacré d'une richesse inimaginable comprenait également une pléthore d'objets cultuels extrêmement précieux, la plupart en or massif. Et après l'Arche, les deux objets les plus sacrés entre tous étaient la "Table des pains" ainsi qu'un énorme candélabre à sept branches nommé la Ménorah. La table, sur laquelle étaient posés douze pains azymes symbolisant la sortie d'Egypte des douze tribus d'Israël, était faite de bois d'acacia entièrement recouvert d'or. Quant à la Ménorah, le fameux candélabre, elle était sculptée d'une seule pièce dans l'or pur, et pesait un talent, c'est à dire très exactement 23, 565 kg, ce qui donne une idée de ses dimensions.

    A plusieurs reprises, le temple et son trésor furent pillés.

    Au VIIème siècle avant l'ère chrétienne, en l'an 626, le prophète Jérémie alla dissimuler l'Arche d'Alliance dans une caverne du mont Nébo, juste avant la déportation des Juifs à Babylone. Elle n'a jamais été retrouvée depuis.

    Le roi Nabuchodonosor fit transporter à Babylone tout le reste du trésor, qui fut placé dans le temple de Bélus. Mais en -539, Cyrus, fondateur de l'empire perse, fait à son tour la conquête de Babylone, et restitue ce trésor aux Juifs.
    Le Temple de Jérusalem fut reconstruit en -536, et le mobilier sacré y fut donc de nouveau déposé. En dépit de plusieurs autres péripéties, le trésor demeure ensuite à peu près entier pendant plusieurs siècles.

    En l'an 70 de l'ère chrétienne, Titus, fils de l'empereur Vespasien, prend Jérusalem et pille de nouveau le Temple, avant que ses soldat n'y mettent le feu et le détruisent.
    Une partie de l'énorme butin fut fondue et vendue, au poids de l'or, sur le marché syrien. Mais les pièces les plus précieuses et les plus "spectaculaires", pour leur part, furent ramenées à Rome. Parmi ce butin figure alors la fameuse Ménorah, présentée, entre autres objets emblématiques, lors du triomphe de Titus. L'arc de Titus, à Rome, commémore cet événement, et l'on peut précisément voir sur l'un de ses bas-reliefs une représentation du célèbre candélabre, porté par des soldats romains.

    En l'an 410 de l'ère chrétienne, Alaric, roi des Goths, s'empare de Rome, et fait main basse sur les trésors accumulés par les empereurs romains successifs. Il meurt quelques mois plus tard, emporté par une maladie. Son beau-frère et successeur Ataulf établit alors le royaume Wisigoth d'Occitanie, dont Toulouse devient la capitale. C'est là, dans le "Château Narbonnais", situé sur l'emplacement actuel du palais de justice, qu'est alors entreposé le trésor des rois Goths, incluant ce qui a été pris à Rome. Moins d'un siècle plus tard, face à une menace franque se faisant de plus en plus pressante, les rois Wisigoths jugent plus prudent de le transférer à Carcassonne. Outre le mobilier sacré provenant du Temple de Jérusalem, ce trésor comprend alors, parmi d'autres richesses, deux autres objets mythiques : la mystérieuse "Table d'émeraude", ainsi que le "Missorium".

    Carcassonne, à l'origine modeste lieu fortifié par les Romains, est alors devenue sous l'égide des Goths une redoutable place forte. En l'an 508, le roi des Francs Clovis (Khlodwig), après avoir battu et tué Alaric II à Vouillé (en 507) et pris Toulouse, essaya en vain d'assiéger Carcassonne, avec la ferme intention de s'emparer du trésor des Wisigoths que la cité abritait. Le roi des Goths d'Italie, Théodoric le Grand, vint alors à la rescousse, et la menace franque fut repoussée. Celui-ci assura ensuite la régence pendant la minorité d'Amalric, fils et successeur désigné d'Alaric II, et, jugeant que le trésor était désormais trop exposé aux convoitises tant qu'il restait à Carcassonne, le fit transférer à Ravenne, en Italie. Mais quelque temps plus tard, Amalric, devenu majeur et roi, se le fit restituer, tandis que le royaume Wisigoth avait étendu sa superficie sur tout le territoire compris entre la Durance et Carcassonne.

    C'est à partir de ce moment que se perd mystérieusement la trace du trésor. Même lorsque en 531, Amalric est vaincu par les Francs à Narbonne, ces derniers, qui énumèrent pourtant soigneusement tout ce qui fut pris à cette occasion, n'en font aucune mention. Certes, lorsque le royaume Wisigoth d'Occitanie commença à décliner et à se réduire dangereusement du fait des attaques franques, une partie du trésor gothique fut transférée vers le royaume Wisigoth d'Espagne, qui demeurait alors puissant. Mais lorsque les Arabes s'emparèrent à leur tour de ce royaume Wisigoth d'Espagne et de sa capitale Tolède, leurs chroniqueurs, pas plus que ceux des Francs, ne firent mention de ce trésor dans l'énumération pourtant fort minutieuse du butin qui fut pris...

    Il est bien évident que si ledit trésor avait été retrouvé, les chroniqueurs Francs comme Arabes n'auraient pu manquer de le signaler, eux qui poussaient l'exactitude jusqu'à mentionner la moindre pièce, même de piètre valeur. Le destin de ce fabuleux trésor wisigothique demeure donc aujourd'hui encore un mystère alimentant les plus extravagantes conjectures, puisque selon toute vraisemblance, il n'a pu être que dissimulé, pratique dont les Goths était fort coutumiers dès lors que l'approche d'un grand péril se précisait. D'aucuns ont d'ailleurs émis l'hypothèse que le fameux trésor de Rennes-le-Château, dont la découverte serait à l'origine de la subite fortune de l'abbé Saunière entre la fin du XIXème et le début du XXème siècles, pourrait fort bien avoir quelque rapport avec ce trésor, ou du moins avec une partie de ce dernier... D'autres sont persuadés que le Trésor du Temple de Jérusalem, dont la fameuse Ménorah, est en fait secrètement conservé depuis plusieurs siècles au Vatican...
    Quoi qu'il en soit, l'énigme demeure entière.

    L'étonnant destin de ce trésor très convoité, d'origine sémitique et moyen-orientale, et dont le dernier possesseur connu fut un peuple germanique l'ayant très probablement dissimulé au fin fond de la France méridionale, est en tout cas des plus singuliers.

    Hans CANY

     

    Les Goths et le trésor du Temple de Jérusalem
    La Ménorah représentée sur le bas-relief de l'arc de Titus, à Rome

     

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