• Par
    Hathuwolf Harson

     

    Dans toutes les traditions païennes d’Europe, l’une des principales fêtes, voire la plus importante même, c’est le solstice d’été, moment qui marque le point culminant du soleil dans son cycle annuel autour du 21 juin. Le soleil est alors à son zénith, à l’endroit le plus élevé de son cheminement céleste. Le solstice d’été est ainsi associé au pouvoir majeur de l’astre-roi, incarnant l’ultime victoire des forces solaires et ouraniennes. Pendant cette célébration, le monde céleste est tout puissant, rayonnant de lumière, de joie, de forces vives, et conduisant à la victoire tous ceux qui collaborent avec le rythme des cycles saisonniers. Le Dieu chronocrator, celui qui gouverne le temps, est la figure divine qui est naturellement associée aux solstices.

    Le symbolisme des solstices a une particularité paradoxale, car ils ne coïncident pas avec les saisons correspondantes. En effet, le solstice d’hiver qui marque le moment le plus faible de la course cyclique du soleil, est aussi celui qui marque le retour des jours qui se rallongent et des forces solaires qui renaissent. Le solstice d’été quant à lui désigne le moment le plus fort de la course cyclique, alors qu’à partir de ce moment les jours diminuent et les forces solaires s’affaiblissent. Le point le plus haut ouvre ainsi la phase descendante. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que les solstices sont appelés les portes de l’année, et que dans la tradition païenne de Rome les solstices étaient intimement liés au Dieu Janus, le Dieu des portes. Ce Dieu est bicéphale, dont une tête regarde vers l’arrière et l’autre vers l’avant, marquant par-là la transition cyclique des solstices. Le christianisme toujours aussi sournois et prompt à corrompre les anciens symboles païens, récupéra le symbolisme des solstices avec la célébration de ses deux St-Jean, l’une le 24 juin et l’autre le 27 décembre, sans parler de Noël, autre fête pour le solstice d’hiver, dont les chrétiens firent la naissance supposée de leur nazaréen crucifié. Ce symbolisme paradoxal des solstices se retrouve également dans la tradition hindoue, tradition en partie héritière des Indo-Aryens. La transition du solstice hivernal se nomme chez eux devayâna (la voie des Dieux) et la transition du solstice estival se nomme pitriyâna (la voie des ancêtres). Dans ce cas la porte des Dieux (hiver) désigne la phase ascendante et céleste, alors que la porte des ancêtres (été) ouvre la phase descendante et chtonienne.

    Dans les rites qui entourent le solstice d’été, nous retrouverons donc toujours les éléments symboliques qui lient les deux notions de cette porte cyclique: la victoire des forces solaires et la descente vers le monde souterrain de ces mêmes forces célestes. Certains mouvements païens comme le Asatrú Folk Assembly ont choisi de nos jours de célébrer la mort du Dieu solaire germano-nordique Balder durant le solstice d’été, ceci afin de marquer justement cette phase descendante des forces solaires à partir de cette date transitoire. Bien qu’il y ait une logique évidente dans ce choix qui est respectable, personnellement, je crois qu’il est mieux de célébrer cette mort du Dieu Balder en automne, saison qui est la période cyclique dédiée aux défunts.

    L’élément incontournable des rites du solstice d’été est le bûcher. Ce sont les hommes du clan qui se chargent de dresser un grand bûcher pour le feu solsticial. Le feu et son symbolisme sont une célébration et un véritable hymne sacré aux forces solaires. Le feu, lorsqu’il monte vers les cieux, représente la victoire solaire, et, les flammes du bûcher qui diminuent symbolisent la phase descendante, le retour vers la terre. Le choix du bois pour le solstice d’été est lui aussi important et diffère selon les traditions païennes. Au milieu du bûcher, on place en général un mât représentant l’axis mundi, l’arbre cosmique, et, au sommet de cet axe, on place un symbole solaire (swastika ou roue solaire par exemple). Le symbole solaire qui brûle durant la cérémonie ne symbolise pas sa destruction, mais sa fusion avec les forces ouraniennes, une expression de l’harmonie absolue avec les puissances célestes. Le solstice d’été est une fête de la joie et de l’exubérance, élément qui se traduit par des danses et de la boisson qui coule à flots. Il est coutume de danser autour du feu en formant de grandes rondes, rondes qui évidemment sont un symbole du soleil et de sa course cyclique annuelle. Alors que le solstice d’hiver est une fête familiale et de recueillement, celle du solstice d’été est communautaire et allègre. Le clan et tous les amis se réunissent dans la joie et la bonne humeur, ingrédients caractéristiques du solstice d’été. Dans certaines traditions, il est également habituel que les participants s’approchent du bûcher en formant quatre colonnes selon les 4 points cardinaux. En tête de chaque colonne se trouve un porteur de la flamme sacrée, et avec leur torche ils allument le bûcher à tour de rôle. À ce moment, chaque porteur de torche peut prononcer une phrase rituelle comme suit: “Je viens du Sud et j’apporte la victoire – Je viens de l’Ouest et j’apporte le souvenir des ancêtres – Je viens du Nord et j’apporte la renaissance – Je viens de l’Est et j’apporte l’abondance”. Ces phrases sont bien-sûr adaptables à souhait du moment que l’on respecte le symbolisme des points cardinaux et de leur place dans la course solaire cyclique.

    Dans de nombreuses traditions, au crépuscule du solstice ou bien à l’aube du solstice, ont lieu des rituels liés à l’élément symbolique “eau”. Ce sont les femmes du clan qui se chargent de cet aspect du rituel solsticial. Après avoir fait une offrande à la Terre-Mère ou à une autre Déesse représentant une des facettes de la Terre-Mère, les femmes se baignaient rituellement dans un cours d’eau pour invoquer les forces de purification. On offrait parfois une petite flamme que l’on déposait sur l’eau pour que le courant l’emporte, ce qui figurait la purification par le feu et par l’eau, ainsi que l’union des forces ouraniennes (le feu) et des forces chtoniennes (l’eau). Les femmes vont ensuite cueillir des fleurs et différents végétaux sacrés pour faire des couronnes avec lesquelles les participants se coiffent ou alors décorent les maisons et le lieu de la fête solsticiale. Ces couronnes sont elles aussi une image du soleil (le cercle) et de son union avec les forces vives de la terre (les fleurs). Cet aspect du solstice d’été se retrouve dans les sauts que les couples font au-dessus des flammes du bûcher afin non seulement d’être purifiés et consacrés par les forces solaires et ouraniennes, mais aussi de favoriser la fécondité avec l’aide symbolique de l’union du Ciel-Père et de la Terre-Mère. Cette union est célébrée dans la joie car elle se fait au moment où les forces célestes et solaires sont victorieuses, victoire qui permet le maintien de l’ordre cosmique et l’harmonie de la magie des cycles naturels. Les Dieux ouraniens donnent ainsi toute leur puissance au solstice d’été, raison pour laquelle il convient de remercier ces Dieux ouraniens, qui selon les traditions peuvent être nommés les Ases (Aesir de la tradition nordique), les Tuatha-Dé-Danann (tradition celte), les Olympiens (tradition gréco-romaine), ou encore les Deivas (tradition slave). Cette dernière tradition a d’ailleurs superbement conservé jusqu’à nos jours, la célébration du solstice d’été, au travers de rites comme celui de Koupala (voir lien à la fin).

    Les femmes du clan sont aussi celles qui sont chargées d’un autre aspect magique du solstice d’été, celui de la cueillette des plantes sacrées, plantes aux vertus médicinales et surnaturelles. Ceci a survécu partout en Europe avec les fameuses herbes de la Saint-Jean, « herbes » qui ont toutes des vertus de purification et de guérison. On y trouve entre autres le millepertuis, l’achillé millefeuille, la joubarbe, l’armoise, le lierre terrestre, la marguerite sauvage, ou encore la sauge. En cette nuit la plus courte, les plantes en général reçoivent une force toute particulière venue des forces célestes, leur sève « chante » d’une puissance inégalée durant le reste de l’année. Les cueillir au crépuscule ou à l’aube a bien-sûr son importance, car c’est à ce moment que la lumière ouranienne et l’obscurité chtonienne s’unissent dans une harmonie divine.

    Après cette courte présentation du solstice d’été et de son symbolisme, il apparaît de manière claire et nette que ce rituel sacré du solstice d’été est hautement important pour tout païen européen, car il nous place en harmonie avec nos Dieux et l’ordre cosmique, tout en générant un lien sacré avec nos ancêtres et leur mémoire plusieurs fois millénaires.

    Hathuwolf Harson



    Sources :
    « Dictionnaire des symboles », Jean Chevalier et Alain Gheerbrant

    « Les solstices », Jean Mabire et Pierre Vial.

    Herbes de la Saint-Jean : http:// www.lemonde-des-plantes.com /lherbes-de-la-saint-jean/

    Le rite slave de Koupala : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.360785930726888.107374185 2.230064080465741/ 535159469956199/ ?type=3&theater

    Solstice d’été au Questenbaum (tradition germanique) : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.303290629809752.107374183 4.230064080465741/ 412848372187310/ ?type=1&theater

    Symbolisme de la roue solaire : https://www.facebook.com/ photo.php?fbid=404058083066 339&set=a.305926009546214. 1073741844.230064080465741 &type=3&theater

    Symbolisme du swastika : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.305926009546214.107374184 4.230064080465741/ 315806118558203/ ?type=3&theater

    Symbolisme du soleil : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.305926009546214.107374184 4.230064080465741/ 565139723624840/ ?type=3&theater

    Symbolisme du feu : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.305926009546214.107374184 4.230064080465741/ 571700919635387/ ?type=3&theater

     

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    4 commentaires
  • Lorsqu'est abordée la question de mes convictions "religieuses", le fait que je me définisse comme une sorte d'agnostique de sensibilité néopaïenne, me référant entre autres à diverses traditions anciennes, se heurte la plupart du temps à un solide mur d'incompréhension, lorsqu'il ne suscite pas instantanément d'irrationnels réflexes de défiance, voire d'hostilité ouverte. Réflexes nés au mieux de l'ignorance, ou au pire d'amalgames abusifs, de raccourcis douteux, ou de mauvaises interprétations. Aussi, il m'apparait aujourd'hui nécessaire de reprendre la plume, afin de résumer en
    quelques lignes les fondements de "mon" paganisme.

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    En guise d'introduction

    Avant toute chose, il m'apparait indispensable de préciser que le terme de religion, même s'il dérive du latin religare signifiant relier (au Divin), est inapproprié en ce qui me concerne. Je lui préfère -et de loin- la notion de spiritualité. Le terme de religion évoque la notion d'église (ecclesia), de clergé organisé et/ou hiérarchisé, de corpus liturgique, cultuel et théologique clairement défini et délimité. Cela peut même, chez les religions dites "révélées", se manifester par l'affirmation de dogmes et autres carcans théologiques plus ou moins rigides. Autant de valeurs qui, d'où qu'elles proviennent, me sont fondamentalement étrangères.

    Mes trois traditions païennes historiques de prédilection, celles avec lesquelles je me perçois le plus d'affinités conceptuelles et mentales, sont la tradition celtique (celtisme/druidisme), la tradition germano-scandinave (wotanisme/odinisme/asatru), et la tradition indienne (védisme/hindouisme). Pour autant, adepte d'un certain syncrétisme et toujours soucieux de ne point rétrécir mes horizons, je me refuse à m'enfermer exclusivement dans le cadre limité d'une seule d'entre elles, tout comme je me refuse à ne considèrer que l'une d'elles comme étant dépositaire de la Vérité ultime. En ce sens, je suis agnostique. Plus précisément, un agnostique de sensibilité (néo)païenne. De la sorte, et par exemple, n'étant que fort peu prédisposé à m'accommoder de structures de type clérical, je me réclamerai toujours plus volontiers du celtisme que du druidisme, du moins si ce dernier correspond bien à un sacerdoce structuré.

    Pour l'immense majorité des personnes ne se reconnaissant dans le discours d'aucune religion particulière (athées, agnostiques, apostats), et à fortiori pour les personnes se trouvant sous l'emprise mentale de l'une des grandes religions monothéistes établies, le terme de "paganisme" apparait baigné d'une aura de mystère. Il évoque irrésistiblement le règne généralisé de la superstition la plus primitive, et l'obscurité d'époques lointaines, barbares, ignorantes, aux moeurs brutales... Le concept de polythéisme, quant à lui, demeure le plus souvent totalement incompris dans ses fondements-mêmes. Tel est le funeste résultat d'une campagne multiséculaire d'acculturation, de récupération, et de dénigrement systématique orchestrée par les institutions éclésiastiques toutes puissantes, et qui aura pour effet de rendre les foules profondément et durablement amnésiques quant à leur propre passé. Il convient donc aujourd'hui de résister, de contrer le plus fermement du monde le processus de désinformation, d'intoxication et d'abrutissement des masses savamment orchestré depuis des siècles par les adeptes des Religions du Désert, véritable hydre à trois têtes incarnant l'Ennemi millénaire. Ces institutions religieuses, soucieuses de préserver à tout prix leur monopole hégémonique, d'entretenir leur légitimité autoproclamée, et de maintenir intact le contrôle spirituel exercé sur leurs ouailles, ont en effet tout intérêt à entretenir le mensonge et la confusion au sujet des courants religieux et spirituels qui les précédèrent, et qu'elles réduisirent systématiquement au silence par les voies du feu, du sang, du fer, de la terreur, des massacres de masse et des persécutions.
    L'heure est venue, aujourd'hui, de rétablir la vérité. Et de la redécouvrir...

    Les bases de la conception païenne du divin se retrouvent peu ou prou chez toutes les formes de paganisme historique, du celtisme/druidisme au wotanisme/odinisme, de la religion gréco-romaine à la religion de l'Egypte antique, de celle des anciens Slaves à celle des peuples précolombiens, en passant par les multiples chamanismes d'Asie, d'Afrique, d'Amérique, d'Europe du Nord et de l'Est etc. Elles se retrouvent aussi dans une grande religion du monde très vivace aujourd'hui encore, et étroitement apparentée aux paganismes occidentaux puisqu'elle est une branche issue du même tronc civilisationnel commun, l'indo-européisme. Cette grande religion actuelle, c'est l'hindouisme, issu du védisme archaïque. Il est le cousin germain des paganismes de l'Europe antique. Enfin, ces bases de la conception païenne du divin se retrouvent aussi chez d'autres courants néopaïens d'émergence plus récente, comme par exemple les diverses obédiences de la Wicca, la Hedge Witchcraft (sorte de dissidence wiccane individuelle), ou encore les néo-animismes et autres néo-chamanismes divers.

    Je m'attacherai ici à résumer en toute humilité les grandes lignes de "mon" propre néopaganisme, sans perdre de vue le fait qu'une large part des principes ci-dessous exposés s'appliquent également aux autres formes de paganisme, moyennant juste certaines variations ou adaptations, au gré de panthéons, de dialectes, de vocabulaires voire de socles civilisationnels plus ou moins différents. Au delà de ça, je tiens à souligner le fait que je n'entends décrire que ma propre conception, toute personnelle, du paganisme, laquelle ne sera sans aucun doute pas partagée par d'autres personnes. Je ne parlerai donc ici qu'en mon nom propre, et n'ai nulle prétention de m'exprimer au nom de tous les païens et païennes, néo ou pas.

    Il est temps, à présent, d'entrer dans le vif du sujet.

     

     

    Polythéisme ou panthéisme ?

    Dès lors qu'est évoquée la notion de polythéisme, s'impose à l'esprit conditionné du profane tout un ensemble d'idées reçues et plus ou moins simplistes, dépeignant volontiers le vil païen idolâtre comme l'adorateur exalté d'une ribambelle sans fin de divinités aux noms bizarres, aux épopées improbables, et aux attributions abracadabrantes. Le polythéiste est alors perçu comme une sorte de superstitieux, croyant dur comme fer à l'existence concrète et individuelle de chaque divinité...imaginaire. Si la croyance stricto sensu en des divinités multiples et individualisées a pu être autrefois le lot du petit peuple, à l'éveil spirituel limité, il n'en fut pas nécessairement de même pour les castes de prêtres, d'initiés divers, ni pour les adeptes de certains "cultes à Mystères", tels par exemple les fameux Mystères d'Eleusis de la Grèce antique.

    En ce qui me concerne, s'agissant de la nature intrinsèque du polythéisme, il serait sans doute littérairement plus approprié d'employer le terme de panthéisme. Qu'est-ce donc que le panthéisme, me demanderez-vous ?

    Le panthéisme est une conception spirituelle identifiant "Dieu" -ou plutôt le Principe divin ultime- au Monde. Non pas au seul monde terrestre, mais à l'Univers tout entier, dans le mystère insondable de l'infiniment grand et de l'infiniment petit. Contrairement à l'enseignement dispensé par les monolâtries modernes (judaïsme-christianisme-islam), "Dieu", le Principe divin, n'est pas extérieur ni étranger à notre monde. Il n'en est pas davantage le créateur, puisqu'il est ce monde. Il est la Nature. Il est l'Incréé. Il n'est ni bon, ni mauvais. Ni masculin, ni féminin. Ni Un, ni multiple. Il est...tout ceci à la fois !

    Il réside en chaque être, en chaque élément, en chaque chose. Chaque être vivant, animal (humain compris) ou végétal, et sans doute même chaque être minéral, renferme une parcelle du divin. Tout vibre, tout vit. Chaque être est habité par cette étincelle, cette parcelle du Principe divin qui lui prête vie. Ce principe, c'est celui de l'Un en Tout et du Tout en Un. En somme, il n'est pas aisé, à l'échelle de l'entendement humain, de décrire très précisément ce qu' "Il" est. En revanche, il est beaucoup plus facile d'établir ce qu'il n'est pas. Et en l'occurrence, compte tenu de ce qui précède, il ne saurait être conçu à l'image de l'Homme. Et réciproquement.

    Les paganismes sont généralement des polythéismes, entendons par-là qu'ils honorent un grand nombre de divinités distinctes. A titre personnel, je considère simplement que chaque divinité incarne, symbolise une des énergies constituant notre monde, à laquelle s'ajoutent des attributions spécifiques. De là découle d'ailleurs la divinisation ancienne des forces créatrices et destructrices, complémentaires et indissociables, de Mère Nature. Ainsi, les peuples païens antiques plaçaient sous le patronage de dieux et de déesses de toutes sortes des phénomènes et des éléments aussi divers que le Soleil, la Terre-Mère, la fécondité et la vie, la mer, les montagnes, les forêts, les cours d'eau, les fontaines, le monde souterrain, le tonnerre et la foudre, le monde animal, le feu... Même si, dans la pratique, certaines divinités revêtaient en fait un caractère plus ou moins polyvalent au niveau de leurs attributions, certaines pouvant même s'avérer, dans quelques cas, plus ou moins...interchangeables.

    A mon sens, chacune de ces divinités n'est en réalité qu'une hypostase, une émanation, l'incarnation symbolique d'une manifestation spécifique de l'Incréé, du Principe divin. Je ne crois pas en l'existence des dieux et des déesses en tant qu'entités réelles et indépendantes. Partant, je ne crois pas non plus au formes anthropomorphes sous lesquelles ces divinités sont parfois représentées, formes toutes symboliques, et dont l'aspect extérieur, qui relève du volet exotérique, ne doit pas faire oublier la signification profonde, d'ordre ésotérique. Qu'on se rassure de suite, je ne suis pas de ceux qui s'attendent à tomber nez à nez avec Cernunnos en personne, un beau jour, au détour d'un bois !

    Non, pour moi, les dieux et les déesses, réels en tant que concepts, n'ont pas d'existence matérielle, ni même individuelle, propre. Ils et elles sont parties intégrantes du grand Tout, du Principe divin ultime, de l'Incréé. Appelons comme il nous plaira ce qui, de toute façon, dépasse les capacités d'entendement de l'esprit humain. Il fut sans doute désigné jadis, en des temps fabuleusement reculés, comme "Celui-qui-ne-peut-être-nommé". Plus tard, ce sont sans doute des initiés médiévaux, dépositaires secrets de fragments de l'ancienne tradition celtique, qui en perpétuèrent la notion en le dissimulant sous l'énigmatique figure symbolique -christianisée- du Graal. Ce fameux Graal qui s'apparente de façon si troublante au chaudron d'immortalité du Dagda chez les Celtes irlandais, ou de Dagodeos chez les Celtes gaulois. Un chaudron d'immortalité dont procède le début et la fin de toute vie, de façon cyclique, ainsi que semble bien le corroborer une représentation figurant sur le célèbre chaudron de Gundestrup.

    Le polythéisme bien compris n'exclut pas le panthéisme, loin s'en faut. Le Principe divin, l'Incréé, place une parcelle de Lui-même en tout être. Il est donc présent partout, à commencer par en nous-même, et en tout ce qui vit, d'une façon ou d'une autre. On peut donc légitimement parler ici de panthéisme. Et l'on pourrait même aller jusqu'à parler de monisme, puisque le Principe divin dont tout émane ne constitue au final qu'une seule et même entité, à la fois une et multiple.
     

    Ce qu'est mon (néo)paganisme


    Quel Principe divin ?


    Autant mes dispositions innées me conduisent tout naturellement à concevoir l'existence -pour moi évidente- d'une force suprême mais mal définie, que je désigne comme l'Incréé ou comme le Principe divin, autant mon esprit se refuse catégoriquement à admettre les schémas anthropocentriques et anthropomorphiques, lesquels ont, j'ai la faiblesse d'en être convaincu, quelque chose de pathétiquement puéril. Si divinité suprême il y a bien, la raison la plus élémentaire m'empêche de croire une seule seconde que l'entité en question puisse s'apparenter de près ou de loin à l'humanité, ni même qu'elle puisse être accessible à la prière humaine. Du reste, au nom de quoi une semblable entité devrait-elle se préoccuper des petites péripéties de l'espèce humaine ? Au nom de quoi devrait-elle se préoccuper de millions -ou de milliards- d'états d'âme exprimés individuellement ?

    L'anthropomorphisme consiste à attribuer des caractères humains à ce qui n'est fondamentalement pas humain. L'anthropocentrisme est l'idée reçue, présomptueuse entre toute, selon laquelle l'espèce humaine constituerait l'alpha et l'omega de toute chose, elle place l'être humain au centre de l'univers et au sommet de la Création. Les deux concepts, on le voit, sont pleinement identifiables ici.

    Je ne crois donc pas à l'utilité ni à l'efficacité de la prière adressée "aux dieux", pas même si elle s'adresse directement à l'Incréé. Libre à chacun, à chacune, d'être d'opinion différente. Mais en ce qui me concerne, je reste convaincu que chaque individu reste seul maître suprême de sa vie et de sa destinée, et qu'aucun déterminisme divin n'entre ici en ligne de compte. La meilleure façon d'honorer l'Incréé, c'est tout simplement d'avoir pleinement conscience de son omniprésence, de sa puissance de création et de destruction, et de ses diverses manifestations à travers la Nature et l'Univers tout entier.
    Mais aussi en respectant -et en préservant voire protégeant au besoin- ce qui en procède.

     


    Cycle des incarnations, loi karmique universelle, et métempsycose


    Un autre des grands axes fondamentaux de "mon" paganisme repose sur le principe de la réincarnation ou métempsycose, s'inscrivant dans un cycle d'existences successives, ces dernières conditionnées par l'accumulation de bon et de mauvais "karma", et pouvant potentiellement être vécues sur des plans très divers.

    D'aucuns m'objecteront que la doctrine karmique, issue de l'hindouisme puis de son hérésie bouddhique, serait d'essence foncièrement orientale, et serait donc absolument étrangère aux doctrines spirituelles européennes. A ceux-ci je répondrai que rien n'est moins sûr. De nombreux indices permettent de présumer l'existence de semblables conceptions chez au moins une partie des druides celtes, lesquels auraient influencés en ce sens les pythagoriciens grecs. A moins que ce ne soit l'inverse. La question est controversée. Or, il est bien établi que Pythagore et ses disciples professaient, eux, la doctrine de la métempsycose et des cycles de vie, tout comme ils adhéraient à la vision des cycles cosmiques régissant le temps. La scène figurant sur le chaudron de Gundestrup, mentionnée plus haut, de même que l'interprétation -elle aussi controversée il est vrai- de certaines bribes de tradition celtique qui nous sont parvenues via des retranscriptions irlandaises et galloises, tout ceci peut raisonnablement laisser supposer que ce concept était en réalité très présent -sinon fondamental- dans le corpus de croyances des anciens Européens. Du moins, pour une partie d'entre eux. Ajoutons à cela qu'en se basant notamment sur les mêmes sources littéraires irlandaises et galloises, ainsi que sur les mythologies comparées, certains auteurs croient même déceler la trace plus ou moins cachée de la notion de karma dans la tradition celtique. Ce "karma" bon ou mauvais, s'accumulant en fonction des actes et du degré d'éveil spirituel de chacun, aurait ainsi, chez les druides, été désigné sous un nom spécifique : la baga.

    Le philosophe grec Anaxagore avait en son temps formulé cette phrase : "Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau" . Il fut beaucoup plus tard repris par Lavoisier, auquel on doit la fameuse maxime selon laquelle, dans la nature, "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme".
    Ma conviction personnelle est que non seulement le physique et l'organique se recyclent naturellement, mais aussi l'inorganique, l'impalpable, l'immatériel.

    Selon moi, nous sommes formés de trois composants étroitement liés les uns aux autres, et non parfaitement séparés, contrairement à ce que professent les Religions du Livre. Ces trois composant sont le corps physique, siège de notre incarnation présente, l'esprit, qui conditionne notamment la mémoire, les réflexes, les émotions, ainsi qu'une partie de la personnalité, et enfin l'âme ("anatmon" en celtique continental ancien), siège de l'intelligence, parcelle à part entière du Principe divin, et émanation du souffle de vie cosmique. Après la mort, ma conviction intime est que l'esprit comme l'âme se séparent et quittent immédiatement le corps, ou n'y demeurent qu'un bref moment. L'âme demeure ensuite pendant un laps de temps plus ou moins prolongé "en transit", dans une sorte de monde ou de dimension intermédiaire. Puis elle poursuit un cycle de réincarnations, conditionnées par l'expérience des vies successives, et au terme duquel, parvenue à un certain degré de pureté, elle retourne se fondre dans l'Incréé dont elle est issue, ce que les bouddhistes et les hindous désignent sous le nom de Nirvana.

     

    Une spiritualité ancienne en des temps nouveaux

    Enfin, "mon" néopaganisme, quoique volontiers enraciné, ne se veut pas passéiste ni réactionnaire, mais bien au contraire moderniste, voire progressiste. A mon sens, il importe par-dessus tout de savoir faire preuve de discernement, en opérant une distinction saine et indispensable entre ce qui porte clairement la marque de son temps d'une part, et ce qui conserve une valeur intemporelle d'autre part, c'est-à-dire l'essentiel. Privilégions toujours le vieux fond stable et éternel, par rapport à la forme instable, datée, et fluctuante dans le temps.

    Mon (néo)paganisme ne consiste pas à adorer des cendres, mais à préserver et à raviver la flamme. Ma quête spirituelle ne s'oriente pas dans l'espoir d'une quelconque résurrection, mais dans celui d'une renaissance salutaire, en phase avec notre époque. Les structures anciennes, sociales comme sacerdotales, appartient à un lointain passé, tout aussi mythique que révolu. Il serait vain de vouloir ressusciter des branches mortes depuis si longtemps, au risques, d'ailleurs, de n'arriver qu'à les singer piteusement. De même, certaines pratiques d'un autre temps, définitivement marquées du sceau de la barbarie, comme par exemple la pratique des sacrifices sanglants, sont non seulement à proscrire absolument, mais aussi à dénoncer et à combattre avec la plus vive détermination. Quelle que soit la voie spirituelle que l'on décide d'emprunter, l'élévation et l'évolution du genre humain ne pourront se faire qu'à ce prix.


    Quelles célébrations ?


    Les principales activités cultuelles de la plupart des courants néopaïens européens consistent en la célébration des solstices et des équinoxes, portes d'entrée des saisons, et surtout de quatre autres grandes fêtes qui graduent le cycle annuel. Celles-ci sont notamment la fête celtique irlando-britannique de Samhain, célébrée aussi en Gaule continentale sous le nom de Samonios, aux alentours du 31 octobre, marquant le début de la nouvelle année celtique, et étant le moment de l'année où le monde des morts et celui des vivants s'interpénètrent et interagissent. Une tradition perpétuée de manière plus ou moins déformée par Halloween, et que l'Eglise chrétienne aura récupérée pour en faire la "Toussaint", suivie de la "Fête des Morts". Imbolc, fête des Lustrations, qui se célèbre aux alentours du 2 février, est annonciatrice de la fin prochaine des rigueurs hivernales. Beltaine (chez les Celtes), ou la Nuit de Walpugis (chez les Germains), à la veille du 1er mai, célèbre pleinement le printemps et la nature renaissante. Lugnasad, aux alentours du 1er août, célèbre l'été à son zénith, ainsi que les moissons.

    A cela s'ajoutent d'autres célébrations, notamment issues de la tradition germanique. Par exemple Yule (ou Jul), correspondant au solstice d'hiver, que les chrétiens ont récupéré pour en faire Noël en décalant simplement la date de quelques jours. Ou encore Ostara, fête printanière correspondant peu ou prou à la Pâque chrétienne, et célébrée aux alentours du 21 mars. Et la liste est loin d'être exhaustive. Comme on le voit, les célébrations diverses qui jalonnent le cycle annuel peuvent être nombreuses !

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    Nous voici donc à présent parvenus au terme de ce rapide survol de mes convictions dans le domaine métaphysique et spirituel, en espérant que sa lecture vous aura permis de vous faire une idée plus précise de ce qu'est -comme de ce que n'est pas- mon propre néopaganisme. D'aucuns m'accuseront peut-être de n'avoir formulé ici que des affirmations péremptoires, entrecoupées de pures spéculations. Fort bien. Mais n'est-ce pas là le lot de toute conviction religieuse ou spirituelle, quelle qu'elle soit ? Tout système de croyance, par définition, ne s'appuie-t-il pas sur la simple base d'une intime conviction ? Après tout, quoi qu'en diront mes détracteurs, mes croyances personnelles valent bien celles des autres...ou leurs incroyances ! Et ce, d'autant plus que je n'ai, en ce qui me concerne absolument aucune velléité de prosélytisme. Je n'ai, dans ce registre, pas davantage de leçons à recevoir qu'à donner. Que les dieux m'en préservent.

    En guise de conclusion, on retiendra donc qu'à mes yeux, mon propre paganisme, celui que je me suis bâti en esprit libre et indépendant, constitue l'expression d'une spiritualité de la Nature, doublée d'une philosophie de la Vie.

    Hans CANY
    4 juillet 2014 E.V.

     

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  • Dans la société païenne de tradition germano-nordique, la femme avait plus de droits que dans le reste de l’Europe christianisée. Le droit germano-nordique réservait un rôle éminent à la femme. Elle était “l’âme d’une société dont l’homme n’était que le bras”. Ce ne sont ni l’amour ni le romantisme que suscite la femme, mais l’admiration pour son... autorité et le respect pour son influence. On reconnaît là bien le côté pragmatique de la culture nordique. Dans les sagas nordiques, la figure de la femme fatale n’apparaît presque jamais.

    La femme germano-nordique n’est pas admirée pour de simples questions charnelles. Les très nombreux exemples des sagas islandaises démontrent que les Vikings donnaient priorité aux femmes à forte personnalité: Thorbjörg, l’épouse de Páll Sölvasson, qui tente de tuer d’un coup de couteau Hvamm-Sturla; Gudrún Önundardóttir qui pousse ses frères à la vengeance; Jóreidr Hállsdottir qui choisit de se laisser mourir plutôt que de se marier de force; Hálldora épouse de Sighvatr qui prend les décisions importantes à la place de son mari; Ásta Andréasdóttir qui met une bonne raclée à son frère à coups de gourdin, etc… La femme viking n'est pas mentionnée pour sa beauté ou sa bonté, elle est admirée pour sa fierté, l’importance de sa lignée de sang, et sa force de caractère. Dans les sagas, la femme nordique n’est pas dénigrée parce qu’elle est femme, elle n’est pas non plus rabaissée au rang d’objet de plaisir. Il n’y est pas non plus fait mention de femmes battues, et encore moins assassinées.

    Il y a quelques 2000 ans déjà, des auteurs romains comme Tacite ou César parlaient de la place de choix qu’avait la femme germanique. D’époque viking il existe également des inscriptions runiques qui témoignent de cette place de la femme. Le culte important aux Déesses comme Nerthus, Freyja ou Frigg, est lui aussi révélateur du rôle sacré de tout ce qui est féminin dans la société païenne de tradition germano-nordique. Le genre féminin du soleil (“la soleil”) vient confirmer cette sensibilité féminine. Avec l’arrivée du christianisme et de sa misogynie héritée de la culture sémitique, le rôle de la femme changea. Durant deux siècles de transition entre paganisme et christianisme, la femme put conserver certains avantages notoires, mais ils finirent par s’estomper en raison de la pression obscurantiste des chrétiens.

    Chez les païens de tradition germano-nordique, la femme est la gardienne du foyer, celle qui maintient les traditions et qui veille à l’honneur du clan. La “húsfreyja”, terme qui désigne la maîtresse de maison, était reconnaissable à son trousseau de clefs qu’elle porte à la ceinture. Au foyer elle règne de manière absolue, laissant les concubines dans un rôle secondaire. La maîtresse de maison centralisait sur sa personne les questions liées à l’héritage et au domaine, sujets propres au symbolisme de la rune Othala. La “húsfreyja” était l’épouse légitime et la gardienne du foyer. Elle gérait l’approvisionnement, l’équipement et l’installation de la maison. Elle veillait à l’accomplissement des tâches domestiques, des plus modestes aux plus nobles comme le filage ou le tissage. L’éducation des enfants revenait également aux femmes de maison. La hiérarchisation des rôles selon le genre n’existait pas dans la société germano-nordique, mais l’égalitarisme non plus. Tout se basait sur la répartition des tâches et la notion de complémentarité. Le concept d’une femme inférieure et soumise, concept importé avec le judéo-christianisme, était inconnu des païens du Nord.

    À la femme incombait le maintien de la tradition ancestrale. Elle rappelait aux membres de la famille les noms, les titres des ancêtres, et les hauts faits de leur passé. Maintenir les traditions, rappeler au souvenir des grandeurs passées de leur lignage, c’était veiller au respect des ancêtres et à l’honneur du clan. On retrouve ce principe basé sur la lignée de sang dans les longues généalogies citées dans les Eddas et les Sagas. La femme devenait ainsi la mémoire sacrée du clan. Magiciennes, femmes-sages, et prophétesses (völvur) sont nombreuses dans les anciens mythes nordiques, à tel point que l’on pourrait penser que le lien avec la tradition magico-religieuse était surtout une affaire de femmes. La femme participe du sacré à un degré que ne pourrait justifier une prétendue condition inférieure. La femme devait donc être l’objet d’un profond respect dans le cadre des liens religieux.

    Dans l’ensemble des textes anciens, mari et femme apparaissent avant tout comme de bons associés. Une situation souvent peu sentimentale qui se base sur les liens entre familles et clans, où la position sociale jouait un rôle important. Le nordique toujours très pragmatique et plutôt matérialiste, voyait le mariage comme une question pratique et non d’amour. D’abord était l’intérêt, et si ensuite venait s’y greffer l’amour, c’était tant mieux, mais pas primordial. Le divorce était autorisé et institutionnalisé selon les lois stipulés par les Grágas, et à la lecture des sagas on constate d’ailleurs que ce sont les femmes qui le plus souvent initiaient la procédure de divorce. Mais tout n’était pas parfait pour la femme dans la société germano-nordique. Ce qui nous amène à côtoyer l’aspect négatif. Car nous avons vu que la femme germano-nordique jouissait d’avantages et de droits qu’on lui refusait dans les sociétés méditerranéennes, elle était certainement plus libre par rapport aux femmes des pays chrétiens. Mais il ne faut pas non plus croire que sa situation était idéale. La société germano-nordique était patriarcale et brutale, avec tout ce que cela implique pour les femmes. Cette société ne laissait pas beaucoup de place à la coquetterie ou à l’eau de rose, un système rude avec des rapports très terre-à-terre. La froideur des rapports conjugaux est caractéristique de la culture nordique. Dans certains cas la femme participait aussi à la guerre, ce qui ne se voyait pas dans les pays chrétiens par exemple, mais elle était obligée de toujours porter ses vêtements de femme. Le mythe de la guerrière en armure est une invention moderne et n’a pas de fondement historique.

    Hathuwolf Harson

    Source : “Moeurs et psychologie des anciens islandais”, Régis Boyer.

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