• LUG / LUGOS : le "Mercure gaulois", proche du Wotan germanique

    LUG, ou LUGH, appelé LLEU chez les Gallois, est, avec le Dagda, le plus grand dieu du panthéon celtique irlandais. Il occupait aussi la plus haute place dans le panthéon des Celtes des Gaules, où il était honoré sous le nom continental de LUGOS (variante latinisée : LUGUS). Les nombreuses traces qu'il a laissées dans la toponymie attestent de son importance, les plus célèbres étant notamment la ville de Lyon (Lugdunum : forteresse de Lugos, et "capitale des Gaules" à l'époque gallo-romaine), ou encore Laon, Loudun, Leyde et Leipzig, qui sont tous des "Lugdunum"). Citons aussi le cas du temple dit de Mercure, au sommet du Puy de Dôme, un sanctuaire dédié à Lugos s'y trouvait originellement, qui fut par la suite aménagé en temple de Mercure-Lugus à l'époque gallo-romaine.
     
    Les Romains l'identifièrent à leur Mercure, et de fait, Lugos / Lugus est aussi le protecteur des voyageurs. Inventeur de tous les arts, il est un dieu hors fonction, polyvalent, car il est le Multiple Artisan. Il incarne la puissance du rayonnement solaire en tant que pourvoyeur de vie et de lumière. On retrouve d'ailleurs la racine "Lu" dans le mot "lumière" français, tout comme dans le mot "luz" espagnol, voire dans le "light" anglais et le "Licht" allemand, ce qui laisse présager une très ancienne racine indo-européene.
     
    Il est le porteur de lumière génératrice de vie et induisant la clarté, mais n'en incarne pas pour autant les forces curatives. La dimension guérisseuse et physiquement régénératrice de la lumière est incarnée quant à elle par une autre divinité solaire bien connue, Bel ou Belenos. Lug/Lugos, pour sa part, est la lumière personnifiée. 
     
    C'est également une divinité guerrière, qui présente de troublantes analogies avec le Wotan/Odin du panthéon germano-nordique : comme ce dernier, il est borgne, est porteur d'une lance magique, et est accompagné de corbeaux, animaux sacrés semblables à Huginn et Muninn qui font partie de ses attributs. Il est même généralement accompagné de deux loups, tels Geri et Freki. Les similitudes entre traditions celtique et germanique sont ici si criantes qu'il y a lieu de s'interroger au sujet d'une filiation spirituelle et culturelle.
     
    Lug / Lugos est honoré dans le cadre d'une fête majeure du calendrier celtique, Lugnasad (ou Lughnasadh), qui se célèbre aux alentours du 1er août.
     
    Hans CANY
    31 juillet 2015 E.V.
     
     

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    C'est dans la nuit du 30 avril au 1er mai qu'est célébrée dans une grande partie de l'Europe une fête païenne majeure désignée comme Nuit de Walpurgis (Walpurgisnacht) chez les Germains, et correspondant à la Beltaine des Celtes, parfois orthographiée Beltane ou Beltene.

    Infiniment plus méconnue qu'Halloween/Samhain (car beaucoup moins vulgarisée, médiatisée, et "monnayée"), Walpurgis/Beltaine en constitue l'exacte réplique, la seconde marquant le passage de la partie sombre de l'année à la partie lumineuse, inversement à la première. Elle porte d'ailleurs aussi le nom de Cetsamhain, ce qui traduit bien la correspondance entre ces deux points essentiels de l'année celtique.

    Fête du retour de la lumière et du renouveau de la Nature, elle n'en constitue pas moins également une nuit "hors du temps", peuplée de forces obscures et au cours de laquelle le monde des morts et de l'au-delà interfère avec celui des vivants. Tout comme Halloween, elle est marquée par l'errance de forces impalpables, de créatures ténébreuses et inquiétantes, au premier rang desquelles les sorcier(e)s maléfiques, les revenants et autres loups-garous. Les thèmes de la sorcière et du loup-garou sont d'ailleurs spécifiquement associés à la Nuit de Walpurgis dans l'ancienne tradition germanique.

    On s'y réunit aussi autour de grands brasiers conjurant les ténèbres et saluant le retour du Soleil régénérateur, les fameux "Feux de Beltaine", qui sont l'occasion de moultes réjouissances et libations en l'honneur des forces vives de la Terre-Mère. Soleil et Terre-Mère respectivement symbolisés par le dieu solaire Bel/Belenos -d'où le nom de Beltaine-, et par l'antique déesse préceltique Maïa, d'où le nom du mois de Mai.

    Si le 1er mai constitue le  jour de Beltaine proprement dit, il ne faut pas oublier que la célébration de Beltaine commence le 30 avril dès le crépuscule, car dans la tradition celtique, le jour nait de la nuit. Une journée commence logiquement avec la nuit qui la précède, et c'est ainsi qu'il y a donc bel et bien concordance de date entre Beltaine et Walpurgis.

    A tous ceux qui se soucient de rétablir le lien avec leurs véritables racines spirituelles ancestrales, je souhaite donc une excellente célébration de cette nuit exceptionnelle, qu'il serait fort dommage de laisser dans l'oubli !


    Hans Cany

     

     

     


     

     

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  • Belenos, soleil celtique

    Bel / Beli / Belen / Beleni ou Belenos, connu aussi sous la forme latinisée de Belenus, est une divinité solaire du panthéon celtique. Il incarne tout particulièrement les pouvoirs bienfaisants et régénérateurs du rayonnement solaire, et à ce titre, il s'agit d'un dieu guérisseur, également associé aux sources d'eau thérapeutiques.

    Bien qu'il en soit complémentaire, il ne doit pas être confondu avec Lug / Lugh ou Lugos, autre dieu celtique à caractère solaire lui aussi, mais qui pour sa part incarne plutôt l'aspect dispensateur de lumière du Soleil, voire sa lumière elle-même.

    Belenos correspond à Apollon chez les Gréco-Romains, et à Baldr / Balder / Baldur dans la tradition germano-nordique. On retrouve d'ailleurs dans le nom de ce dernier la racine indo-européenne bhel, qui signifie « brillant », « brûlant », « resplendissant », « éclatant ».

    Comme son nom le suggère de manière explicite, c'est tout particulièrement Bel / Belenos que l'on honore à l'occasion de la fête celtique de Beltaine, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, laquelle marque la fin de la partie sombre de l'année, et le passage à la saison claire.

    Le grand nombre de toponymes directement hérité de son nom témoigne de l'importance passée de son culte, comme de son caractère de divinité majeure du panthéon gaulois. Ainsi, tous les toponymes de type Beaune, fort répandus dans beaucoup de régions françaises, en procèdent.  Même chose pour les toponymes de type Bellenot, Belmont, Bligny (déformation de Beligny), Bel air, ainsi que pour tous les dérivés de ces noms. De façon générale, beaucoup de noms de lieux construits à partir du préfixe Bel ou  Belle, voire même à partir des simples racines Be ou Bl, ont de grandes chances de conserver ainsi le souvenir de l'ancien dieu.

    En forêt de Brocéliande, en Bretagne, la célèbre fontaine de Barenton, qui fut jadis une fontaine thérapeutique prisée des druides locaux pour les propriétés attribuées à son eau, est elle aussi très probablement un ancien sanctuaire forestier dédié à Bel / Belenos. Barenton serait en effet une déformation de Belenton, ancien nom du lieu forgé à partir du nom Bel et du mot nemeton, signifiant sanctuaire en langue gauloise. Bel-Nemeton : "le sanctuaire de Bel".

    Au large de l'illustre Mont Saint-Michel, près d'Avranche, l'îlot inhabité de Tombelaine, "Tombe-Bélen", en garde lui aussi la trace évidente. Du reste, il est très probable -sinon certain- que le Mont lui-même, qui s'est longtemps appelé Mont-Tombe avant d'être rebaptisé, soit en fait un ancien lieu de culte de Belenos. Le culte de Bel / Belen / Belenos se célébrait souvent au sommet d'éminences naturelles, et de nombreuses collines y furent ainsi consacrées.
    Avec la christianisation, beaucoup furent justement re-consacrées à... l'archange Saint-Michel. En réalité, le simple fait, pour un lieu, d'être consacré à ce Saint-Michel, dont le caractère solaire est aussi très marqué,  permet tout au moins de présumer fortement que ce même lieu était naguère dédié au dieu celte, ou du moins à une divinité solaire équivalente.


    Hans Cany




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  • Etroitement associée au Printemps qu'elle incarne par extension, Ostara est une déesse germanique personnifiant les principes de l’aube, de la renaissance, du renouveau et de la fertilité. C’est en raison de cette analogie que d’aucuns n’hésitent pas à identifier Ostara à cette autre déesse de la fertilité qu’est Frigg/Frigga ou Freyja, bien que cette assimilation, loin de faire l’unanimité, reste controversée.

    Ostara, la Dame de l'Aube, connaissait sa variante saxonne sous le nom d’Eostre ou Eastre, et son souvenir se retrouve entre autres de manière flagrante dans l’allemand moderne Ostern et l’anglais moderne Easter, désignant tous deux Pâques. Il est d’ailleurs à noter que le lièvre -ou le lapin- et les oeufs, attributs de la déesse symbolisant la vie et la fertilité, font aujourd’hui partie de l’imagerie traditionnelle liée à Pâques, soulignant ainsi les racines préchrétiennes méconnues de cette très ancienne célébration printanière européenne.

    Quoique la célébration qui lui est consacrée tende à se confondre avec celle de l'Equinoxe de Printemps (21 mars), la date de la fête d'Ostara proprement dite se basait sans doute à l'origine sur le premier dimanche suivant la pleine lune après l'Equinoxe, car c'est ce critère que semble avoir retenu et repris l'Eglise chrétienne, pour fixer chaque année la date de Pâques.

    Mais à moins de se limiter au cadre étroit de dogmes rigides et figés pour l'éternité, rien ne s'oppose à ce qu'aujourd'hui, Eostre/Ostara soit honorée en deux occasions. Ainsi, le caractère solaire de l'Equinoxe et l'aspect lunaire de la déesse se complètent et s'équilibrent de manière optimale.

    Frères et soeurs d’Europe, faisons donc honneur à l’héritage sacré de nos ancêtres, et renouons avec les origines et la signification réelles de "Pâques", fête de la renaissance et du renouveau de Mère Nature.


    Hans Cany


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  • Sunna, ou le Soleil au féminin

    Dans la tradition païenne germano-nordique, l'astre solaire était personnifié par une déesse nommée Sunna, ainsi que la désignent les anciennes Formules magiques de Mersebourg, découvertes en Allemagne, ou Sól, telle que la mentionne en Scandinavie le Vafþrúðnismál, troisième poème de l'Edda poétique.

    Cette figure mythologique témoigne du fait que le Soleil revêt un caractère féminin et non masculin dans la culture germanique, ce dont on retrouve aujourd'hui encore la trace en langue allemande moderne : le Soleil y est en effet de genre féminin (Die Sonne), tandis que la Lune y est de genre masculin (Der Mond).

    "Sonne" conserve en outre la trace étymologique évidente du nom de Sunna, de la même façon que l'anglais "Sun", le néerlandais "zon" etc, tandis que le souvenir de sa variante scandinave Sól se retrouve entre autres dans le norvégien et le suédois modernes "sol".

    Hans Cany

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    La déesse Ostara

    [Illustration : Alisson Fox]




    C’est entre le 19 et le 22 mars qu’est célébrée la fête païenne de l’Equinoxe de Printemps, dénommée Alban Eiler [Lumière de la terre] dans certains cercles néodruidiques, et plus ou moins assimilée de nos jours à la fête d'Ostara, laquelle relèvant pour sa part de la tradition germano-nordique.

    Cette appellation d’Ostara fait référence à la déesse germanique du même nom, personnifiant les principes de l’aube, de la renaissance, du renouveau et de la fertilité. C’est en raison de cette analogie que d’aucuns n’hésitent pas à identifier Ostara à cette autre déesse de la fertilité qu’est Frigg/Frigga ou Freyja, bien que cette assimilation, loin de faire l’unanimité, reste controversée.

    Ostara, la Dame de l'Aube, connaissait sa variante saxonne sous le nom d’Eostre ou Eastre, et son souvenir se retrouve entre autres de manière flagrante dans l’allemand moderne
    Ostern et l’anglais moderne Easter, désignant tous deux Pâques. Il est d’ailleurs à noter que le lièvre -ou le lapin- et les oeufs, attributs de la déesse symbolisant la vie et la fertilité, font aujourd’hui partie de l’imagerie traditionnelle liée à Pâques, soulignant ainsi les racines préchrétiennes méconnues de cette très ancienne célébration printanière européenne.

    A l’instar d’Imbolc, Ostara est une fête du réveil de la Nature, au sortir de la longue et rude période de torpeur hivernale. Mais là où Imbolc (2 février), tout en représentant un moment important du cycle des saisons, ne faisait qu’annoncer les prémices de ce réveil, Ostara, Equinoxe de Printemps au cours duquel le jour dure aussi longtemps que la nuit, marque le début de  l’entrée réelle dans la partie lumineuse de l’année. Entre le 30 avril et le 1er mai, la Nuit de Walpurgis germanique, Cetsamhain ou Beltaine en terre celtique, viendra en marquer l'apothéose.

    Notons enfin que, n’en déplaise à ceux qui entendent dissocier les deux fêtes, Pâques n’est en réalité que la récupération chrétienne, légèrement décalée dans le temps, de l’Equinoxe de Printemps, de la même manière que la Toussaint et le “Jour des Morts” ne sont jamais que le recyclage légèrement décalé de Samonios/Samhain, ou encore que Noël n’est qu’un travestissement christianisé, et lui aussi décalé de quelques jours, de l’antique célébration du Solstice d’Hiver. Ces velléités de dissociation apparaissent donc ineptes, puisqu’il est évident qu’il y a bel et bien identité entre Equinoxe de printemps et Ostara, les Pâques chrétiennes ne faisant qu’en perpétuer le souvenir déformé.

    De toutes façons, compte tenu des incertitudes et autres zones d'ombre qui enveloppent Ostara/Eostre en général, rien ne s'oppose formellement à ce qu'aujourd'hui, il y ait fusion entre cette fête et l'Equinoxe. Du reste, les Pâques chrétiennes se célèbrent chaque année à des dates fluctuantes, en vertu d'un calcul complexe basé sur le calendrier lunaire (premier dimanche suivant la pleine lune qui elle-même suit l'Equinoxe... ). Or, rien ne permet de dire avec certitude que la date de célébration d'Ostara était fixée en fonction de ces mêmes critères. Ce ne sont là que pures spéculations, lesquelles en valent bien d'autres, après tout. Et puis, au final, quelle importance ?

    Frères et soeurs d’Europe, faisons donc honneur à l’héritage sacré de nos ancêtres Celtes et Germains. Sachons apprécier comme il se doit l’exquise douceur, la beauté du renouveau de la Vie et du retour de la Lumière. Et souvenons-nous bien que sous nos cieux, les origines réelles de la fête du Printemps n'ont strictement rien à voir avec
    Pessa'h (la Pâque juive), ni avec la prétendue "résurrection du Christ", et encore moins avec les cloches des églises revenant de Rome après bénédiction papale, ou autres contes à dormir debout destinés à endoctriner nos enfants.

    Hans Cany

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    HALLOWEEN / SAMHAIN / SAMONIOS, expression de la Tradition païenne d'Europe

    A en croire les plus virulents détracteurs d'Halloween, cette fête mercantile et d'origine états-unienne n'aurait strictement rien à faire chez nous autres, Européens sans ascendance anglo-saxonne.
    Au mieux, elle se voit réduite à une dérisoire festivité enfantine au cours de laquelle des marmots grimés font du porte à porte pour quémander des bonbons, à une simple soirée déguisée sur fond d'imagerie macabre d'un goût  douteux. Au pire, on dénonce en elle une méprisable manifestation de l'impérialisme culturel yankee, voire même l'expression d'une inquiétante recrudescence de subversion satanique, dont le but caché mais évident serait d'annihiler et de remplacer notre traditionnelle et très chrétienne Toussaint...


    Compte tenu de l'ineptie des fantasmes ambiants et de la confusion régnante, à l'intention des Hilotes et des Béotiens, et afin de rappeler à tout un chacun ce qu'il en est véritablement, il apparait important de remettre certaines pendules à l'heure.


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    HALLOWEEN : qu'est-ce donc, au juste ? Il convient en tout premier lieu de faire justice d'une certaine idée reçue. Nonobstant un préjugé hélas fort répandu, il ne s'agit nullement d'une fête carnavalesque américaine, ni d'une mascarade commerciale de création récente.

    Ce sont en réalité les migrants originaires des îles britanniques (Anglais, mais surtout Irlandais, Gallois et Ecossais) qui l'ont exportée aux USA entre le XVIIème et le XIXème siècles, et c'est donc par cette voie qu'elle nous revient aujourd'hui en Europe continentale.

    C'est dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, mais aussi pendant une bonne dizaine de jours avant et après cette date, qu'était célébrée dans une grande partie de l'Europe une fête païenne majeure baptisée Hallowe'en dans la Tradition germano-celtique du monde anglo-saxon, et correspondant à la Samain/Samhain des Celtes. Contrairement à une croyance tenace, cette fête n'est pas non plus que l'apanage de l'Irlande et de la Grande Bretagne, puisqu'elle était également célébrée chez les Celtes continentaux et notamment en Gaule, sous le nom de Samonios.

    Halloween/Sam(h)ain/Samonios, correspond originellement aux festivités qui marquaient la célébration du nouvel an celtique. Halloween est également l'héritière d'une fête équivalente dans la tradition germano-nordique, et c'est en ce sens qu'elle constitue un des nombreux points de convergence entre les deux mondes culturels et civilisationnels que sont le monde germanique d'une part, et le monde celtique d'autre part, étroitement apparentés à plus d'un titre.

    Cette célébration marque le passage de la partie lumineuse du cycle des saisons à sa partie sombre, partie sombre qui inaugure donc une nouvelle année. Le passage inverse, de la partie obscure à la partie lumineuse, est célébré quant à lui dans la nuit du 30 avril au 1er mai : c'est alors la fête de Cetsamhain/Beltaine dans la Tradition celtique, ou "Nuit de Walpurgis"/Ostara dans la Tradition germanique, qui est en fait l'exacte réplique d'Halloween/Sam(h)ain/samonios, avec les mêmes implications, mais bien évidemment "inversées".

    Célébration de l'entrée dans la période la plus sombre de l'année et de la mort symbolique de la Nature, Halloween/Samain, tout comme Beltaine/Walpurgis, constitue une nuit "hors du temps", peuplée de forces obscures et au cours de laquelle le monde des morts et de l'au-delà interfère avec celui des vivants. Elle est marquée par l'errance de forces impalpables, de créatures ténébreuses et inquiétantes, au premier rang desquelles les sorcier(e)s maléfiques, les spectres, les revenants , les loups-garous, et autres monstres.

    Elle est donc aussi la fête des morts et des esprits désincarnés, le Jour des Morts proprement dit se célébrant le 1er novembre, devenu la "Toussaint" sous l'effet de la christianisation. L'Eglise chrétienne a tenté de récupérer cette tradition païenne de la Fête des Morts en la décalant officiellement au 2 novembre, mais les gens continuent de se rendre dans les cimetières le 1er, et non le 2 novembre. Ceci illustre de façon limpide la persistance d'une tradition plurimillénaire fortement enracinée dans l'héritage ancestral européen.

     A toutes celles et tous ceux qui se soucient de rétablir le lien avec leurs véritables racines spirituelles ancestrales, je souhaite donc une excellente célébration de cette nuit exceptionnelle. Il serait infiniment regrettable de la condamner  à  l'oubli, comme de l'abandonner définitivement, vidée de son contenu véritable, aux seules récupérations profanes et commerciales. Halloween est aujourd'hui de retour sur le sol de la vieille Europe. Nous ne devons pas bouder ce grand retour d'une part importante de nous-mêmes, mais bien au contraire nous en réjouir.

    Hans CANY


     


     

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    Pour en savoir plus à ce sujet, je vous recommande vivement la lecture
    du remarquable "B.A.-BA HALLOWEEN" de Jean-Paul Ronecker
    (Editions Pardès)

    Une étude magistrale et captivante, fort bien documentée
    tout en restant accessible à toutes et à tous.

    hans cany,paganisme,identité & racines

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  • Je vous souhaite une excellente célébration de la nuit la plus courte.

    Voici venir l'Eté

     

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    Equinoxe d'Automne, du chagrin de Cérès à la mort de l'Eté
    Evelyn de Morgan - Demeter Mourning for Persephone, 1906

     L'Equinoxe d'Automne s'inscrit dans la mythologie gréco-romaine au travers d'un mythe célèbre mettant en scène Hadès (grec) / Pluton (romain), Déméter (grecque) / Cérès (romaine), et la fille de cette dernière Perséphone (grecque) / Proserpine (romaine). De façon métaphorique, celui-ci symbolise le passage à l'automne puis à l'hiver, en l'expliquant ainsi :

    C'est en ce jour de la fin de l'été que le dieu du royaume des morts, Hadès (Pluton), aperçut Perséphone (Proserpine) cueillant des fleurs dans les champs. Il en tomba immédiatement amoureux et l'enleva pour l'amener avec lui afin qu'elle règne éternellement à ses côtés dans son royaume. Constatant la soudaine disparition de sa fille, la déesse des récoltes et de la croissance végétale, Déméter (Cérès), partit alors à sa recherche. Ne la trouvant point, son chagrin et son désespoir furent tels que les fleurs, les arbres et toutes les plantes en flétrirent, empêchant toute croissance végétale sur la terre. Apprenant finalement ce qui s'était produit, elle exigea d'Hadès qu'il lui restitue Perséphone. Mais celui-ci ne l'entendit point de cette oreille, et refusa obstinément de satisfaire la requête de la déesse éplorée. Le conflit entre les deux divinités s'envenima, et ne tarda pas à s'avérer apparemment  insoluble, chacun campant fermement sur ses positions. Zeus (Jupiter), appelé à arbitrer le litige et répondant aux supplications désespérées des humains, impuissants face à ce drame, parvint à un compromis avec Hadès pour obtenir un retour au moins partiel de Perséphone : elle passerait six mois de l'année avec Hadès dans le royaume des ténèbres, puis les six autres mois aux côtés de sa mère. Déméter, mécontente de cet arrangement, proclama en guise de représailles que, pendant ces six mois d'absence, la nature porterait le deuil de la séparation, et que rien ne pousserait plus sur la terre… jusqu'à ce que sa fille remonte enfin des enfers, marquant ainsi le retour de la saison claire.

    En cette période de l'année où les feuilles des arbres commencent à jaunir, je vous souhaite, à toutes et à tous, une excellente célébration de l'Equinoxe d'Automne.

    Hans Cany

     

    Equinoxe d'Automne, du chagrin de Cérès à la mort de l'Eté

    L'Enlèvement de Proserpine
    Sculpture de Gian Lorenzo Bernini (alias Le Bernin), 1622.

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  • Alors que j'affiche très volontiers, au nom de la liberté de conscience la plus élémentaire, une large ouverture d'esprit en matière de spiritualité, on me demande parfois quelle est ma position au sujet de l'abattage rituel et des sacrifices animaux effectués dans le cadre de telle ou telle pratique religieuse. Par ce court texte, j'entends donc apporter une réponse parfaitement claire à cette épineuse question, laquelle donne aujourd'hui lieu à de fort houleuses controverses.

    **********

     
     Il va sans dire que ma condamnation de ce type de "rites" barbares, d'où qu'ils viennent, est absolument sans appel, et ce quelle que soit la religion dont se réclament ceux qui s'y adonnent, fussent-ils musulmans, juifs, païens ou de quelque autre confession que ce soit. Ces crimes abjects doivent être partout abolis. Je suis et resterai toujours absolument intraitable sur ce point.
    Je précise d'emblée que cette condamnation de principe s'applique non seulement à l'abattage "rituel" des animaux dits "de boucherie", acte ignoble entre tous, mais aussi aux divers sacrifices sanglants effectués à l'occasion de quelconques cérémonies.

     Au risque assumé de m'attirer l'ire de ceux qui, de plus ou moins bonne foi, approuvent ou tolèrent de semblables agissements au nom d'une prétendue défense de la diversité ou de la liberté de culte, j'oserai même ajouter sans le moindre complexe qu'à mes yeux, la pratique du sacrifice animal ou humain relève de surcroit d'une conception spirituelle de très bas étage, qui confine à la superstition et à la bêtise pure et simple.

     Bien sûr, le principe de l'acte repose sur une notion simpliste qu'il est pour le moins aisé de décrypter. Il s'agit tout bonnement de renvoyer le souffle de vie ou l'âme de la victime sacrificielle vers la source créatrice dont il ou elle est issu(e), dans l'espoir de susciter l'attention de la divinité et de s'attirer ses bonnes grâces. Il n'en demeure pas moins que ce raisonnement puéril et d'une naïveté confondante, aussi amoral soit-il, ne fait en réalité que servir de prétexte et de couverture à la commission de ce qu'il convient objectivement de désigner pour ce qu'ils sont : des meurtres.

      Au nom de quoi Dieu -ou une quelconque autre entité divine-, pourvoyeur de vie et parfois même "tout Amour", pourrait-Il être ravi que l'on ôte ainsi la vie et/ou l'âme qu'Il est censé avoir insufflé à l'une de Ses créatures, et qu'on la lui renvoie par le truchement d'un acte violent et anti-naturel ? C'est fondamentalement absurde et philosophiquement immoral, plutôt qu'amoral. Et ce, d'autant plus si la victime du sacrifice n'est pas consentante !

     Chez de nombreux païens de toutes traditions, y compris chez la grande majorité des adeptes de l'hindouisme, les sacrifices ont depuis longtemps pris la forme d'offrandes végétales et de nourriture. Faudrait-il donc déplorer cette évolution liturgique ? Assurément non, bien au contraire.

     Du point de vue qui est le mien, les musulmans ou juifs qui égorgent des moutons, comme les simili païens qui, à notre époque, s'adonnent ou voudraient s'adonner à des pratiques anachroniques du même ordre, ne sont que de fieffés spécimens d'imbéciles conditionnés qui se rendent coupables, de façon plus ou moins consciente, de crimes.

     Tous les peuples, toutes les cultures et toutes les religions ont, à un moment ou un autre de leur existence, pratiqué le sacrifice humain et/ou animal. Mais arrive toujours un moment où il faut savoir faire preuve de discernement, en opérant une distinction entre ce qui est essentiel et conserve une valeur intemporelle d'une part, et ce qui porte clairement la marque de son temps et des moeurs qui y sont liées d'autre part. L'ancienneté -toute relative- d'une pratique n'est en aucun cas le gage de sa légitimité et de sa moralité, tant s'en faut.

     Le divin ne se trouve pas hors de nous, mais en nous. Il est non seulement le souffle de vie, mais aussi l'esprit, et ce que nous nommons quasi-instinctivement l'âme, sans même parfois pouvoir définir précisément cette dernière. L'esprit et l'âme appartiennent à tout ce qui peut penser, à des degrés divers. Mais le souffle de vie, lui aussi parcelle du divin, réside en tout ce qui vit. Même en ce qui ne peut ni penser ni souffrir au sens animal du terme. Ce sont l'esprit et l'âme qui permettent de percevoir les sensations physiques et mentales : la douleur, la souffrance, le bien-être et les émotions, heureuses ou non.

     Tous  les animaux, même les plus "primitifs" et les plus "insignifiants", sont au moins pourvus d'un esprit et d'une conscience perceptive, lesquels en font des êtres sensibles, capables de se mouvoir et d'agir en fonction de leurs besoins, d'adapter leur comportement en fonction des circonstances, de ressentir la douleur ou le bien-être, la peine ou la joie, la peur ou la quiétude, en percevant ces sensations basiques exactement de la même manière que le font les êtres humains. L'espèce humaine, du reste, ne fait jamais que relever du règne animal, exactement au même titre que tant d'autres espèces qu'elle tend à qualifier, de façon bien présomptueuse, d' "inférieures".

     C'est donc pourquoi, à mon sens, toute conception spirituelle un tant soit peu élaborée se doit non seulement de tenir compte de toute vie, mais aussi et surtout de toute vie sensible, à sa juste valeur. Tout ce qui va dans le sens d'une évolution positive et d'une véritable élévation des consciences ne peut que rejeter catégoriquement ce qui devrait apparaître aux yeux de tous comme des pratiques odieuses issues d'autres temps, et dont la seule évocation ne peut qu'inspirer le plus profond dégoût.

    Hans Cany

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  • Retour sur de nombreuses analogies soulignant l'évidence d'une origine ethno-culturelle commune.


    CELTES ET GERMAINS [par Stephen McNallen]

     

    Le chef du clan se leva parmi ses guerriers assis dans la grande salle enfumée. Les bruits et les conversations s'arrêtèrent, et tous les yeux se tournèrent vers ce colosse moustachu qui était leur leader. Élevant sa corne remplie d'hydromel au dessus de la cohue, il porta un toast au Grand Dieu, celui qui possède une lance et qui est accompagné par deux corbeaux. Tous clamèrent leur approbation, et un autre guerrier se mit debout, éleva sa corne et loua le nom du Dieu Tonnant. Les autres l'imitèrent, et dans la chaleur de leur camaraderie, ils auraient bien pu être dans la grande salle où vont les guerriers après leur mort, et où les vierges guerrières leur servent le festin d'immortalité.

    Une scène tirée de l'histoire des Vikings ? Une beuverie typiquement germanique ? Non -- la scène décrite ici est celle d'un festin chez leurs cousins, les Celtes.

    Comme pour la plupart d'entre nous, il n'y avait pour moi rien de nouveau dans le fait que les deux principaux groupes ethniques de l'ancienne Europe du Nord avaient beaucoup en commun. Tous deux font partie de la grande famille des Indo-européens. Leurs mythologies partagent une structure commune, les aspects matériels de leurs cultures sont très proches, et une même conception héroïque de la vie unit les Celtes et les Germains. Mais cela, comme nous allons le voir, n'est que le début !

    La distinction que nous faisons aujourd'hui entre ces deux branches de nos ancêtres provient en grande partie des observations de Jules César. En résumé, il donne le nom de Germains aux tribus qui sont sur la rive droite du Rhin, et il nomme Celtes celles qui se trouvent sur l'autre rive. En fait, à l'époque, ce n'était pas aussi simple. Aujourd'hui les spécialistes pensent que quelques tribus que nous avons autrefois appelées Germains, étaient en réalité des Celtes. D'autres tribus auraient pu appartenir à l'un ou l'autre des deux groupes, parce que nous ne savons pas quelle langue elles parlaient !
    La conclusion que nous pouvons en tirer, est que les traces matérielles que ces peuples ont laissées sont difficilement définissables, et que la langue est la seule différence marquée entre les deux groupes.

    Leur apparence physique n'est pas un critère de différenciation, parce que les auteurs romains décrivent les peuples Germains et Celtes exactement selon les mêmes termes. Tous deux étaient de grande taille, les cheveux tendant vers le blond, et de peau très claire.
    Le mot «Teuton», à cet égard, est à rapprocher du mot celtique «Tuath», signifiant tribu; ce qui fait penser à une parenté proche !

    Pour moi, la question fut réglée lorsque je lus le livre de Hilda Davidson Mythes et symboles dans l'Europe païenne (Syracuse University Press, 1988). De manière significative, le livre est sous-titré «anciennes religions Scandinave et Celtique». Page après page et chapitre après chapitre, l'auteur présente les similarités entre la mythologie, le folklore et les rituels des peuples germanique et celtique. Je commençai à en faire une liste tout en lisant, et rapidement je remplis plusieurs pages de notes manuscrites. Je n'en garantis pas la minutie, mais quelques comparaisons méritent d'être faites. Pour rendre plus accessible cette masse de matériel, j'ai classé mes commentaires en plusieurs grandes catégories :

    DIEUX ET DÉESSES

    Le dieu celtique Lug et notre Odhinn sont à peu près semblables. Odhinn est le père des dieux, est accompagné par deux corbeaux, possède une lance magique, et il est borgne. Lug est le dieu souverain dans la famille des dieux celtiques, il est associé aux corbeaux, possède la Lance de la Victoire, et il ferme un oeil lorsqu'il accomplit des actions magiques sur le champ de bataille.

    Le dieu germanique Thor, dont le nom signifie «le Tonnant», possède un puissant marteau. Il chevauche dans les cieux, riant dans sa barbe rousse, dans un chariot tiré par des boucs surnaturels. Le Taranis celtique, dont le nom signifie également «le Tonnant», conduit un chariot tiré par des taureaux. Il contrôle la foudre, dont le nom en vieux gaélique dérive de la même racine indo-européenne que le nom du marteau de Thor, Mjöllnir. Taranis est aussi représenté avec une abondante chevelure rousse flottante.

    Tyr, comme le racontent les mythes, perdit une main par la morsure du loup Fenrir. Il fut le dieu des cieux, disent les spécialistes, jusqu'à ce que Odhinn prenne sa place. Le dieu celtique Nuada perdit un bras dans la bataille contre les géants Fomoré, et ainsi Lug -- l'équivalent celtique d'Odhinn -- devint le dieu le plus important.

    Dans le domaine de la fertilité et de l'abondance, notre dieu Frey apparaît comme le plus important. Un de ses animaux favoris est le cheval, qui est aussi sacré pour le Dagda, le «dieu bienfaisant», qui est l'équivalent celtique de Frey.

    AUTRES ÊTRES SURNATURELS

    Les géants ? Les Celtes ont les leurs, tout comme les Scandinaves. Ils se nomment les Fomoré, et les dieux celtiques doivent mener une dure bataille contre eux. Plus précisément, le rôle qu'ils jouent est le même que chez les nordiques : ils représentent les forces d'inertie et d'entropie dans le cosmos.

    Les Valkyries trouvent leur équivalent dans la déesse Morrigan, féroce déesse qui accorde la victoire sur le champ de bataille, tisse les destins dans la guerre, et sert les héros dans leur vie après la mort. Ces deux aspects jumelés -- le sang et la mort d'une part, l'amour d'autre part -- sont présents dans les deux cultures. De même, les récits celtiques et les sagas scandinaves parlent de femmes guerrières surnaturelles qui instruisent et initient les héros choisis par le destin. Brünhild (Brunehilde) enseigne à Sigurd (Siegfried) la connaissance magique, et la guerrière Scathach («l'ombre») prend en charge le héros irlandais Cûchulain et en fait le guerrier qu'il est destiné à devenir. Ce n'est probablement pas un hasard si Sigurd et Cûchulain sont liés à Odhinn et à Lug, respectivement.

    Considérons maintenant les êtres surnaturels moins importants, dont les figures se rencontrent plus rarement dans les mythes et la poésie, mais qui rendent la vie plus supportable aux hommes. Les esprits de la nature, par exemple, sont semblables dans les deux cultures. Les Elfes, et le lien entre ces êtres et les âmes des ancêtres, étaient à peu près les mêmes chez les anciens Germains et leurs contemporains Celtes.

    PRATIQUES RELIGIEUSES

    J'ai évoqué la ressemblance entre les « paradis des guerriers » dans la scène au début de cet article, mais la ressemblance entre les religions des Celtes et des Germains va bien au-delà.
    Les marais de l'Europe du Nord ont reçu les mêmes offrandes des Celtes et des Germains. Armes capturées dans les combats, nourriture et gobelets, et divers objets -- tout cela était déposé dans les lacs et les marais de la même manière, au point qu'aujourd'hui nous ne pouvons même pas dire quels objets découverts sont d'origine germanique et lesquels sont celtiques.

    Lorsque les Druides offraient un sacrifice aux dieux, le sang d'un animal était projeté sur l'assistance avec un rameau de verdure, pour que l'énergie divine présente dans le sang puisse être directement transférée aux gens. Dans la religion germanique, nos ancêtres faisaient exactement la même chose pendant le sacrifice, le « Blot ». (Aujourd'hui, les pratiquants des deux religions utilisent de l'hydromel ou quelqu'autre boisson fermentée.)

    Dans toute l'étendue de notre patrie européenne, nos ancêtres honoraient les dieux en plein air, parce qu'ils pensaient qu'il était insensé de les enfermer dans des lieux fermés, comme (plus tard) les églises chrétiennes. De la même manière, dans les temps anciens, nos représentations des dieux et des déesses étaient très simples -- souvent gravées sur des morceaux de bois auxquels la Nature avait déjà donné une forme étrange, attendant seulement quelques raffinements de la main des hommes.

    Toutes ces coutumes décrivent aussi bien les pratiques des Celtes que celles des Germains.

    Les hommes des deux groupes ethniques utilisaient des boissons fermentées dans les rituels religieux. Souvent c'était de l'hydromel, mais ce pouvait être aussi de la bière. Et puisque nous nous intéressons à la modification des états de la conscience, rappelons-nous la folie furieuse des guerriers d'Odhinn, les «Bersekers». Dans l'ancienne Irlande, cette folie des guerriers (les «Fianna») portait le nom de «Ferg».

    Les lecteurs des récits nordiques se rappelleront comment Sigurd tua le dragon Fafnir et fit rôtir son coeur. Lorsqu'il se brûla le doigt, il le porta à sa bouche et constata qu'il pouvait comprendre la langue des oiseaux. Le héros irlandais Fergus obtint le même pouvoir lorsqu'il se brûla le doigt en faisant cuire un saumon au-dessus d'un feu. [On peut aussi noter la similarité entre le récit germanique des «pommes d'Idunn» et le thème celtique des pommes de l'île d'Avalon, NDT.]

    LA VISION DE L'UNIVERS

    Lorsque nous regardons la cosmogonie des Germains et celle des Celtes, nous ne pouvons pas trouver d'équivalence directe, mais nous pouvons voir une ressemblance. Tous deux avaient l'arbre géant, le centre du Cosmos, la structure dans laquelle tous les mondes sont contenus. Chez les nordiques, c'était Yggdrasil. Les Celtes l'appelaient Bile. [Cf. aussi et surtout «l'If de Mugna», NDT].

    L'autre clé de l'univers chez les anciens nordiques était le Puits du Destin («Well of Wyrd»), contenant les actions qui constituent le passé. Boire l'eau de ce puits donnait la sagesse, et Odhinn sacrifia un de ses yeux pour obtenir ce privilège. Comme l'on sait, les Celtes avaient un puits presque identique : des noisettes tombaient à l'intérieur et étaient avalées par le Saumon de la Sagesse.

    EN CONCLUSION

    Les seules vraies différences entre les religions germanique et celtique semblent être les noms donnés aux dieux.
    Un Viking du 10ème siècle se serait senti assez à l'aise dans un rituel celtique en Gaule un millier d'années plus tôt.
    La religion celtique s'écarte de la religion nordique guère plus que par exemple, une prêtresse de Freya en Islande et un guerrier invoquant Wotan dans la Germanie du temps d'Arminius. En effet, on a envie de dire qu'il existe seulement une seule «religion européenne», et que les croyances germaniques et celtiques en sont deux expressions.

    Ainsi quelles sont les implications de tout cela ? Eh bien, cela signifie que de nos jours, un Irlandais n'a pas de raison de se sentir mal à l'aise lorsqu'il invoque des dieux plus souvent associés aux fjords norvégiens qu'aux collines et aux vallées des Iles d'Emeraude. En fait, tous les peuples du Nord sont apparentés aussi bien spirituellement que génétiquement.

    Aussi l'unité celto-germanique s'oppose à la thèse parfois entendue que depuis que les européens sont partagés entre des nations différentes, nous aurions des ancêtres différents. Combien de fois avons nous entendu quelqu'un dire «je suis de sang irlandais et suédois, avec un peu de sang anglais et germain» ? En réalité il n'y a là aucun mélange, parce que les peuples de la famille nordique ne forment en fait qu'un seul peuple, à la fois par leur aspect physique et par leurs anciennes religions.

    Nous ne devons pas laisser les gens se diviser pour des raisons superficielles !

    Enfin, la gamme de nos similarités signifie que nous pouvons en utiliser une pour approfondir notre connaissance des autres. Si nous essayons de reconstituer la tapisserie de nos anciennes croyances nordiques, il y aura des «trous» à cause du passage du temps et des persécutions chrétiennes. Mais si nous en connaissons le fond commun, et de quelle manière il est exprimé chez nos cousins Celtes, nous pouvons alors rapiécer les trous avec une grande confiance.

    Assez pour aujourd'hui ! Toutes ces savantes démonstrations m'ont donné soif ! Je vais remplir ma corne avec une bonne rasade de Guiness, et porter un toast à nos ancêtres Celtes et Nordiques.
    «Skoal», et «Slainte» !


    Stephen McNallen

    (Stephen McNallen a fondé l' Assemblée populaire Asatru (AFA), qu'il a dirigé de 1994 à 2016, après avoir été le fondateur de la Fraternité Viking et de l'Assemblée libre Asatru.)

    CELTES ET GERMAINS [par Stephen McNallen]

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  • Le Paganisme indien, dernière expression vivante de la beauté aryenne

    Un autre mot pour Hindouisme, et peut-être plus expressif, pourrait être: Paganisme indien Les missionnaires chrétiens nomment «païens» tous ceux qui ne sont ni chrétiens, ni musulmans, ni juifs, ce qui revient à dire tous ceux dont la tradition religieuse n'a pas de lien avec la Bible et la tradition des Juifs. Nous acceptons le mot «païen», parce que c'est un mot pratique. Il souligne les similarités entre toutes les religions non-monothéistes du passé et celles d'aujourd'hui.

    Autrefois, pratiquement le monde entier était «païen». Maintenant que la moitié de sa population a été convertie soit au Christianisme soit à l'Islam, le nombre de païens est faible. Cela n'est pas une preuve de la moindre valeur des différents paganismes, comparés aux grandes religions monothéistes. C'est sûrement un avantage d'être nombreux, mais ce n'est pas une vertu. Et par conséquent la valeur d'un culte ne dépend pas du nombre de ses pratiquants. 

     

    Nous avons remarqué que parmi ceux qui se nomment chrétiens, il y a de plus en plus de gens qui ne croient pas totalement à la Bible, mais qui sont des «libres penseurs». Et nous avons dit que la liberté de pensée dans tous les domaines, incluant la religion, est une caractéristique de l'Hindouisme. Cela ne signifie pas que nous considérons tous les libres penseurs du monde comme des Hindous. 

    Philosophiquement, l'Hindouisme est une forme de pensée, et un regard sur la vie. Mais il n'est pas seulement cela. Dans l'Hindouisme, il y a de nombreux cultes, parmi lesquels on peut faire un choix. Et quel que soit le culte choisi, c'est un culte, l'un des cultes païens immémoriaux, qui ont survécu au milieu du monde moderne. Les Hindous sont l'un des quelques peuples civilisés de l'époque moderne, qui sont restés ouvertement païens. 

    Les Japonais, avec leur rituel Shintoiste officiel, sont un autre de ces peuples. Et comme ils sont l'une des nations de tête du monde moderne, leur exemple est sans prix. Ils démontrent magnifiquement que, même s'il est indispensable d'adopter de nouvelles inventions mécaniques, pour pouvoir rivaliser avec les autres nations, et vivre, il n'est cependant pas nécessaire d'adopter en bloc la religion et la civilisation des inventeurs. Les avions et les chars, et le commerce bancaire à grande échelle, peuvent parfaitement aller de pair avec l'existence d'une dynastie solaire de Dieux-Rois, dont la divinité est réelle aux yeux de chaque Japonais, tout comme pour les Egyptiens, six mille ans plus tôt. Quand l'Inde, libérée de sa faiblesse interne et du joug étranger, redeviendra une puissance mondiale, alors elle apparaîtra, peut-être encore mieux que le Japon, comme un témoin de cette vérité. 

    En attendant, elle reste le dernier grand pays de civilisation aryenne, et dans une large part, de langue et de race aryenne, où un paganisme beau et vivant demeure la religion à la fois des masses et de l'intelligentsia. 


      Nous aimons ce mot de «paganisme», appliqué aux cultes hindous. Il est doux à entendre pour plus d'un des Aryens déchus de l'Europe, habitués à se référer à la «Grèce païenne» et à la «beauté païenne» comme les expressions les plus parfaites de leur propre génie dans le passé. C'est aussi pourquoi nous utilisons ce mot, de préférence à tout autre.

    L'Inde n'a peut-être jamais encore joui, même aux jours de sa gloire, de la renommée mondiale dont elle jouit aujourd'hui. Cette renommée mondiale est due en grande partie à l'affirmation répétée de la «spiritualité» hindoue, et à la philosophie de la non-violence, prêchée par le Mahatmâ Ghandi. 

    Très peu de gens ont compris l'esprit du Christ aussi bien que le Mahatmâ Ghandi, et plusieurs autres éminents Hindous de notre temps et du siècle dernier. Et parmi les quelques Européens qui ont été sincèrement attirés par l'Hindouisme, pratiquement tous ont trouvé en lui une doctrine, du moins un crédo moral, ou pour mieux dire, une attitude morale d'amour et de bienveillance, exactement la même chose qu'ils auraient pu trouver dans le Christianisme, s'ils avaient seulement pris la peine de séparer la simple et lumineuse personnalité du Christ de tous les enchevêtrements théologiques et hérétiques. En d'autres mots, c'est généralement le rêve du meilleur du Christianisme, qui pousse des gens honnêtes à traverser les mers pour «servir l'humanité» dans la Mission de Ramakrishna, ou à exprimer leur pure dévotion en tant que pensionnaires de quelque Ashram. 

    Les Hindous du temps présent aiment de tels admirateurs. Beaucoup d'entre eux aiment aussi l'idée qu'il y a plus de vrai esprit chrétien parmi les Hindous de premier plan, que parmi la plupart des chrétiens. Il n'y a rien à redire à ces sentiments, si ce n'est qu'ils sont, pour une grande part, une expression subtile du profond complexe d'infériorité de la malheureuse Inde. 

    La pure spiritualité (la perception de sa propre âme) transcende naturellement la croyance, ainsi que les rituels. Ainsi un Hindou accompli ressemblera à un Chrétien accompli. Cela est vrai. Il est vrai aussi que dans un ensemble d'enseignements aussi complexes que ceux qui sont contenus dans les innombrables livres hindous (incluant Jaïnisme, Bouddhisme, Vishnouisme, etc), il y a de nombreux éléments que l'on peut aussi trouver dans le Christianisme. D'autres diront qu'une grande quantité d'éléments hindous (ou bouddhistes) ont été intégrés dans le Christianisme, et il existe des théories qui cherchent à prouver cette influence de la pensée indienne. Et on pourrait assurer sans risque que l'échec des prêcheurs chrétiens parmi les Hindous éduqués et pleinement conscients, est dû principalement à l'existence de ces éléments. Une religion d'amour n'est pas une chose nouvelle en Inde, comme elle a dû l'être pour les habitants de l'Europe antique. 

    Mais tout cela ne doit pas diminuer le fait que la religion hindoue, à la fois en tant qu'ensemble philosophique et en tant que culte, a aussi les caractéristiques que possédait le paganisme aryen, avant qu'il soit supplanté par le Christianisme en Europe. Nous trouvons ici, comme dans la Grèce antique, des tendances philosophiques contradictoires, avec très peu d'idées principales communes (telles que l'idée de la transmigration des âmes, par exemple, et une ou deux autres idées). Et plus encore, nous trouvons dans le culte hindou, dans la vie hindoue, cette chose essentielle, qui est la seule pour laquelle il vaille la peine de vivre : la Beauté. 

    La beauté visible mène à l'invisible, a dit Platon. 

    De nos jours, lorsque les gens parlent de l'Inde, ils semblent parler surtout de sa beauté invisible, et ils ignorent sa beauté visible. «spiritualité, spiritualité ...» : ils parlent tous de cela, ceux qui la connaissent un peu et ceux qui n'y connaissent rien. C'est la mode. On ne peut apparaître comme un ami de l'Inde, si on ne met pas l'accent sur ce point. Et on ne peut pas non plus se sentir comme un vrai patriote Indien. 

    Mais personne ne met l'accent sur la beauté physique des Hindous. Pourtant ce sont eux qui sont l'Hindouisme, qui sont l'Inde, plus que toutes les philosophies mises ensemble ; et la première forme d'expression, pour une nation aussi bien que pour un individu, est sa beauté physique. Aucune âme médiocre ne peut résider dans un corps réellement beau. Le corps exprime, reflète l'intérieur d'un être. Et une race belle est une race noble, avec de hautes potentialités. Les gens parlent de la culture hindoue comme d'une entité abstraite, comme si elle aurait pu s'épanouir n'importe où. Ils oublient de dire que ceux qui la vivent, en tant que nation, figurent parmi les plus belles races de l'humanité. Il y a, sans aucun doute, une identité mystérieuse entre eux et cette culture. 

    Pour un grand nombre d'Hindous, le rituel hindou a une grande valeur symbolique. Pour la grande majorité des Hindous, il représente pratiquement tout. Cependant, personne ne met l'accent sur la beauté visible de la «puja» quotidienne des Hindous, des festivités hindoues, des cérémonies hindoues. Beaucoup d'Hindous éduqués semblent la placer au-dessous de leur dignité à louer, dans leur religion, ce qui parle aux yeux et aux oreilles, ce qui est «extérieur». 

    Mais il n'est pas possible de nier la force d'attraction de la beauté. 

    Nous avons mentionné le regret brûlant du passé, parmi quelques Aryens occidentaux, qui semblent avoir une conscience rétrospective de ce que fut leur race, et une idée de ce qu'elle aurait peut-être pu demeurer, si leurs ancêtres étaient restés fidèles aux anciens cultes nationaux de l'Europe. Cette nostalgie pour le passé n'est pas une chose nouvelle dans l'Occident chrétien et le Proche-Orient. Cela commença il y a mille six cent ans, avec la tentative désespérée de l'Empereur Julien de restaurer la religion et la société de «l'Ancien Monde» dans leur splendeur passée, et cela renforça, dans le coeur de quelques-uns, la conviction que «l'Ancien Monde», vu à travers la distance des siècles, semblait de plus en plus digne d'être aimé. 

    Cet Ancien Monde avait ses défauts. Il avait aussi ses vices, qui provoquèrent sa chute. Mais ses sages étaient la fierté de l'intelligence humaine. Et par-dessus tout, il était digne d'être aimé pour ce que l'Europe et le Proche-Orient n'ont plus connu depuis : le culte ouvertement pratiqué de la Beauté Visible. 

    Ce culte ne peut être trouvé nulle part, de nos jours, excepté dans la dernière demeure ensoleillée : l'Inde hindoue. 

    On dit qu'un jour, Julien tenta d'organiser une procession à travers les rues de Constantinople, en l'honneur de Dionysos, le dieu de la Joie impétueuse, et de la Vie exubérante. 

    Mais il était déjà trop tard, et la tentative se termina par un échec. La procession ne fut qu'un spectacle ridicule, et en revenant le soir, après la fin de la cérémonie, Julien était aussi triste que si ses yeux avaient vu tout le sombre avenir du Monde méditerranéen. On raconte qu'il était assis dans les jardins de son palais, devant les vieux blocs de marbre, à demi-caché par le lierre, lorsqu'un ami fidèle, devinant la cause de sa tristesse, lui demanda : « A quoi d'autre t'attendais-tu ? Ce sont les jours de notre mort. Quel était ton dessein, en ordonnant cette procession ? Que désirais-tu ?». L'Empereur le regarda silencieusement ; alors, écartant le lierre, il lui montra ce qui se trouvait derrière : un chef d'oeuvre de quelque artiste des anciens jours : une procession en l'honneur de Dionysos, gravée dans du marbre blanc ; un sourire de la jeunesse du Monde ; une image de la beauté : «c'est cela, que je désirais». 

    C'était à l'époque où le grand Samudra Gupta régnait sur l'Inde. 

    Oh ! Si seulement Julien avait pu voir quelle abondance de beauté continuait à s'exprimer partout ici, dans la vie quotidienne et dans les festivités, et dans les processions en l'honneur des dieux et des déesses, si proches des siens ! Si seulement il avait pu voir que le paganisme aryen pourrait vivre et s'épanouir à jamais, dans ce pays luxuriant ; que l'Inde préserverait la jeunesse du Monde, d'âge en âge, à travers un avenir sans fin ! 

    Alors, certainement, il aurait béni ce grand pays, avec des larmes de joie. 

    Allez seulement à Madura ou à Rameswaram, de nos jours, et regardez une véritable procession hindoue, avec les éléphants portant sur leurs fronts les signes immémoriaux de santal et de vermillon, et les draperies de soie et d'or flottant sur leurs dos, et tombant jusqu'au sol ; avec les flûtes et les tambours, et les torches projetant leur lumière sur les corps de bronze à demi-nus, aussi beaux que de vivantes statues grecques ; avec les chars recouverts de fleurs, tournant lentement autour des fontaines sacrées. Regardez seulement la foule fervente, des centaines et des milliers de pèlerins, venus de toutes les régions de l'Inde, jetant des fleurs au passage des chars. Et au-dessus de tout cela, au-dessus des eaux calmes, de la foule magnifique, des puissants piliers, des énormes tours pyramidales, brillant dans la lumière de la lune ... au-dessus de tout cela, il y a le ciel phosphorescent. 

    Regardez simplement une scène ordinaire de la vie hindoue : une ligne de jeunes femmes marchant à l'intérieur d'un temple, un jour de fête. Drapées dans des saris brillamment colorés, étincelantes de bijoux, une à une elles viennent, les gracieuses filles de l'Inde, avec des fleurs dans leurs cheveux, avec des fleurs et des offrandes dans leurs mains. A l'arrière-plan : des huttes de chaume, parmi les hauts cocotiers et les rizières verdoyantes tout autour : la beauté de la campagne indienne. Une à une elles viennent ... comme les jeunes filles d'Athènes autrefois, dont nous voyons l'image en haut du Parthénon. L'amoureux de la Beauté, Julien, l'adorateur du Soleil, si seulement il avait pu les voir, aurait dit, contemplant la réalité de son propre rêve : «c'est cela que je voulais». 

    Mais ce n'est pas seulement à travers les formes et les couleurs du culte populaire hindou que l'Hindouisme est une religion de la beauté. Sa conception de Dieu, créative et destructive, est une expression d'un clair regard artistique sur la vie et sur l'univers. 

    Dans les religions monothéistes, le centre d'intérêt est l'homme ; l'arrière-plan, la courte histoire de l'homme, la misère de l'homme, la recherche du bonheur de l'homme ; le but, le salut de l'homme. Dieu, le père de l'homme, a une tendresse particulière et quelque peu partiale envers sa créature privilégiée. 

    Dans l'Hindouisme intelligent, cette vision anthropomorphique n'a pas de place. Le centre d'intérêt est cet éternel univers de l'Existence, dans lequel l'homme est seulement un détail. Dieu est la Force intérieure, le Soi profond, l'Essence de cette Existence -- la «Plus Grande Ame» (Paramatmâ). 

    Aucune inclination ou hostilité personnelle, en Lui. Aucune faveur spéciale pour l'une des créatures qui apparaissent et disparaissent, dans la course du temps. Rien d'autre qu'une succession sans fin d'états infinis, d'expressions infinies de la Chose inconnue, qui est la réalité de toutes choses ; une succession dansante de naissances, de morts et de renaissances, encore et encore, qui n'est jamais la même, et cependant toujours semblable ; un jeu (lila), qui n'a ni commencement ni fin, ni de but, mais qui est beau, quelle que puisse être la destinée temporaire d'une espèce particulière, dans sa course. 

    Le destin de toutes les espèces, de tous les individus, est de grandir lentement, de plus en plus conscients de la beauté du Jeu, et à la fin, de fondre leur identité substantielle dans la Force qui mène le Jeu, qui joue avec Elle-même. Personne ne sait ce qu'est cette Force, excepté ceux qui l'ont réalisée en eux-mêmes. Mais nous l'adorons tous, et nous nous inclinons devant Elle. Nous ne nous inclinons pas devant Elle parce que nous la connaissons, et parce qu'elle est Dieu. C'est parce que nous nous inclinons devant Elle, que nous l'appelons Dieu. Et nous nous inclinons devant Elle et nous l'adorons, dans ses millions et ses millions de manifestations, celles qui nous détruisent, aussi bien que celles qui nous aident, parce que dans ses millions et ses millions de manifestations, Elle est la Beauté

    La Création est seulement la moitié du Jeu de l'Existence. Ainsi les hommes adorent généralement seulement un aspect de Dieu. Mais les Hindous Le louent dans sa totalité, pour la beauté de Son Jeu. Ils Le louent dans la Destruction, aussi bien que dans la Création. Ils louent Son Energie (Shakti) dans la Mère Kali, dans Durga, dans Jagaddatri, dans Chinnamasta, détruisant et recréant continuellement Son Etre même ; dans les dix Mahavidyas, qui ne sont qu'un et le même. Ils Le louent dans le Roi Dansant (Natarâj) dont les pieds piétinent la vie, et la détruisent dans un rythme furieux ... pendant que Son visage serein, exprimant la Connaissance, reste aussi calme que la mer souriante. [Image: Shiva, dieu cosmique de la destruction et du renouveau, danse dans son cercle de flammes.] 

    La Création et la Destruction ne sont qu'une seule et même chose, pour les yeux qui peuvent voir la Beauté. 

    Et la plus grande louange qu'on puisse faire à l'Inde est celle-ci : ce n'est pas seulement son peuple qui est beau ; ce ne sont pas seulement sa vie quotidienne et son culte qui sont beaux ; mais au milieu du monde utilitaire, humanitaire, dogmatique, de notre époque, elle continue à proclamer la valeur essentielle de la Beauté pour l'amour de la Beauté, à travers sa conception particulière de la Divinité, de la religion et de la vie.

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    Le texte qui précède constitue le troisième chapitre du livre de Savitri Devi : A Warning to the Hindus (Calcutta, 1939).

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    LA DÉESSE CELTE ARDUINNA ET L’ORIGINE PAÏENNE DES ARDENNES

    Les Ardennes forment une région vallonnée qui se situe à cheval sur la Belgique, le Luxembourg, et le Nord de la France. C’est un très vieux massif dont les profondes forêts sont parsemées d’anciens mystères. Ce sont les Celtes qui s’installèrent au 8è siècle avant l’ère vulgaire dans ces contrées de l’Europe occidentale. On compte parmi ces Celtes de nombreuses tribus comme les Nerviens, Trévires, Rèmes, Condruzes, Éburons, Pémanes, Sègnes, et Aduatuques. Leur isolement géographique a souvent permis que perdure au-delà de la romanisation et de la première phase de christianisation, certaines traditions anciennes. Lorsque ces peuples celtes arrivèrent au 1er millénaire avant l’ère vulgaire, ils apportèrent avec eux, en plus de leurs Dieux majeurs hérités du panthéon indo-européen, le culte à des Déesses dont l’importance est commune à tous les Celtes. Ces Déesses étaient elles-mêmes héritières d’un passé très lointain, souvent issues du néolithique ancien et de la religiosité de ces ancêtres de la nuit des temps. Les Celtes sont connus pour avoir intégré dans des proportions assez conséquentes des éléments de culte des populations européennes antérieures. Ce n’est donc pas un hasard que les Ardennes tirent leur nom d’une Déesse celte du nom d’Arduinna. Les Ardennes sont ainsi la terre de la Déesse Arduinna.

    Le nom d’Arduinna semble venir du gaulois arduo-, ce qui se traduit par «hauteur», ce qui pourrait faire référence aux hauteurs boisées du massif des Ardennes. Mais la racine linguistique arduo semble également reposer sur une autre étymologie qui nous renvoie au mot «Ours», tel qu’on la retrouve dans des noms eux aussi signifiant «ours», comme Arthur, arctique, Artio,… Arduinna serait ainsi à l’origine une Déesse-Ourse. L’ourse est dans toutes les traditions païennes une figuration de la Terre-Mère, la grande Déesse nourricière.

    Bien qu’il existe une représentation d’Arduinna chevauchant un sanglier (en bas à gauche sur la photo), il n’en reste pas moins que la fonction de la Déesse va bien en-deçà de ce sanglier qui ne serait qu’un simple attribut. Ceux qui ont voulu en faire une Déesse des sangliers, se sont trompés. Surtout si l’on tient compte du fait qu’il existe de sérieux doutes quant à cette statuette au sanglier, car en effet plus d’un spécialiste de la question affirme que cette représentation viendrait en fait du Jura, et n’aurait par conséquence aucun lien avec Arduinna.

    Quoiqu’il en soit, Arduinna est l’aspect sauvage et originel de la grande Déesse, la Terre dans son jeune âge, la terre encore inviolée et vierge. À son culte sont intimement liées toutes les richesses des forêts ardennaises, richesses composées de ses animaux sauvages, de ses sources, et de ses arbres. Arduinna est la Déesse de la faune et de la flore qui veille à la fertilité et fécondité de tout ce qui croît dans ses bois magiques. Elle protège et assure toute l’abondance naturelle qui donne vie aux forêts, à ses animaux, ses baies, ses légumes sauvages, ses sources sacrées, ses plantes médicinales et ses arbres majestueux. Un des lieux de culte connus d’Arduinna fut le mont Saint-Walfroy, où jadis se trouvait un temple païen dédié à la Déesse. Les chrétiens, fidèles à leur vile habitude criminelle, détruisirent le temple de la Déesse pour y construire à sa place un ermitage dédié au dieu unique importé d’Israël. Mais, malgré tout, l’esprit de la Déesse continue de vivre en ces lieux mystiques et magiques, et toutes les tentatives chrétiennes de détourner les gens de cette réalité, n’y changeront rien. Avant cette christianisation forcée, il y eut la phase gallo-romaine, pendant laquelle Arduinna fut assimilée à Diane, la Déesse vierge de la chasse et de la nature sauvage, une assimilation qui respecta le profil et l’identité de la Déesse celtique Arduinna.

    Ainsi, si vous avez la chance de vous promener dans les belles forêts des Ardennes, souvenez-vous qu’elles ne furent pas seulement le théâtre de luttes héroïques durant la deuxième guerre mondiale, mais qu’elles furent aussi le lieu de résidence d’une Déesse majeure de nos ancêtres celtes, la belle Arduinna.

    Hathuwolf Harson

    Sources :
    « Lexikon der keltischen Mythologie », Sylvia und Paul F. Botheroyd

    « L’ours, Histoire d’un roi déchu », Michel Pastoureau

    https://fr.wikipedia.org/ wiki/Mont_Saint-Walfroy

    https://fr.wikipedia.org/ wiki/Arduinna

     

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  • Yule_5.jpg

    JUL (ou YULE), le Solstice d'Hiver consacré à Wotan/Odin, arrive à grands pas. C'est ce Solstice d'Hiver païen qui fut naguère détourné par l'Eglise chrétienne pour en faire Noël, en le décalant simplement au 24-25 décembre, date à laquelle s'achevaient les Saturnales de la Rome antique, et où l'on célébra aussi à partir d'une certaine époque Sol Invictus, le Soleil Invaincu, de même que, plus marginalement, la naissance du Dieu Mithra, lui-même divinité solaire.

    Dans les premiers siècles de l'Eglise, la Nativité fut tour à tour fixée au 6 janvier, date de l'Epiphanie grecque à Alexandrie, puis au 13 janvier, au 2 avril, au 20 avril, au 28 mars, au  21 mai, au 18 novembre... Aujourd'hui encore, certaines églises chrétiennes, notamment celles d'Orient comme celles d'Arménie et de Syrie, rejettent le dogme dominant. Ce n'est en effet que tardivement, à la fin du IIIème siècle de l'ère chrétienne, que l'on fixa la date de naissance mythique du Christ au 25 décembre, coïncidant avec la fin des Saturnales romaines, que l'Eglise s'était employée à éradiquer sans véritablement y parvenir. Comme à son habitude, elle procéda donc plutôt à une récupération en règle de la période festive, en prenant un soin tout particulier à en détourner et à en dénaturer le sens originel. L'ensemble de cette période fut dès lors désignée comme l'Avent, précédant la fête de Noël proprement dite.
     
    En dépit des idées reçues, cette tradition ancestrale remonte donc bien au-delà du christianisme, et à l'origine, Noël ne constitue pas une célébration d'essence chrétienne. Les rites et festivités liés au Solstice d'Hiver, qu'ils se rattachent à l'antique  tradition romaine ou aux racines germano-nordiques de la célébration, honorent tous la renaissance progressive de la lumière et de la vie, à partir du point le plus obscur de l'année. La période du solstice d'hiver, comprise approximativement entre le 21 et le 25 décembre, est en effet celle où la nuit est la plus longue, et le jour le plus court. Il s'agit donc de célébrer le réveil annoncé de la nature et de la vie, dans le mouvement cyclique des alternances entre la mort et la vie, la rotation éternelle du cycle des saisons, symbolisée notamment par la roue solaire.
     
    A vrai dire, le nom même de Noël est une altération d'une autre désignation de cette fête païenne : la Neue Helle, autrement dit la "Nouvelle Clarté". Elle marque le début, à partir du Solstice d'Hiver, d'un lent processus de renouveau de la lumière, des forces de la vie et de la Nature endormies, le soleil commençant très progressivement à briller chaque jour un peu plus longtemps à compter de cette date. Certains auteurs, tels que le très estimable Alain de Benoist dans son ouvrage Fêter Noël, ont pour leur part proposé une autre étymologie du nom français Noël, en le faisant dériver du latin natalis, et en l'apparentant donc à l'italien Natale et au provençal Nadal, qui désignent explicitement la "Nativité". Cette théorie linguistique apparait néanmoins pour le peu hasardeuse, pour ne pas dire douteuse, et ne résiste guère à la comparaison avec celle qui fait dériver le mot de la Neue Helle, nettement plus plausible et convaincante.
     
    C'est dans cette même optique de célébration de l'espoir de la renaissance que se sont popularisées via les traditions germano-nordique comme romaine les décorations à base de branches et de feuilles de houx, de sapin, ces plantes qui demeuraient toujours vertes et qui incarnaient donc le renouveau à venir. Les couronnes de l'Avent, constituées de branches vertes tressées en forme de cercle, participent de la même symbolique, représentant la plante qui reste verte associée au cercle du cycle des saisons et des renaissances, véritable forme simplifiée de la roue solaire, en l'honneur du soleil invaincu et renaissant.
     
    Procède aussi bien entendu du même symbolisme païen l'arbre de Noël, tradition évidemment héritée des anciens usages germaniques et nordiques, tout comme celle de la bûche, qui se rapporte aux anciennes célébrations du Solstice d'Hiver, par rapprochement entre le feu et le soleil à renaître. Le sapin, en sus d'être toujours vert et d'incarner les principes de vie et de renaissance, s'apparente aussi à l'Irminsul des anciens Germains continentaux, ainsi qu'à l'Yggdrasil des anciens Scandinaves. Il est arbre de vie et axis mundi, axe du monde qui soutient et relie les divers plans de l'univers. Le sapin de Noël se fait ainsi image de l'arbre cosmique, et s'inscrit donc dans une représentation du sacré dont le sens échappe aujourd'hui au plus grand nombre.
     
    Quant à la figure mythique du Père Noël, si chère à l'imaginaire enfantin, est en fait issue d'un subtil mélange entre deux personnages mythologiques : le dieu germano-nordique Wotan/Odin, et le Saint Nicolas chrétien, lui-même constituant une figure pourvoyeuse d'origine païenne. Il y a d'ailleurs plus ou moins confusion ou assimilation, chez les Anglo-Saxons, entre Saint Nicolas et le Père Noël, ce dernier étant souvent désigné sous le nom de Santa Claus (littéralement… Saint Nicolas !).
     
    L'auteur Arnaud d'Apremont y associe même un troisième personnage, en l'occurrence la déesse germano-nordique Freyja, elle aussi divinité pourvoyeuse symbolisant l'abondance et la fertilité. Pour lui, le Père Noël est donc une sorte d'hybride des trois.
     
    Enfin, on notera aussi cet objet symbolique qu'est la Tour de Jul (Yule), un chandelier de Noël caractéristique de la tradition païenne germano-nordique, et dont on peut voir une photo en tête du présent article. Réalisé en terre cuite, en argile ou en céramique, il comprend quatre faces ajourées ornées de coeurs, de roues solaires et de symboles runiques. Ont y fait se consumer deux bougies, l'une à son sommet, et l'autre à l'intérieur. Les origines de cet objet rituel remontent au Haut Moyen-Âge, et son usage était encore courant dans les campagnes allemandes et scandinaves du XIXème siècle.
     
    Avec quelques jours d'avance, chers amis lecteurs et lectrices, je vous souhaite donc une excellente célébration de Yule/Noël. Le soleil et la vie vont renaître, et c'est ce renouveau cyclique que nous allons fêter, loin des excès et des outrances du consumérisme à tout crin. Que la Nouvelle Clarté vous accompagne et vous illumine sur la voie qui fut jadis suivie par vos ancêtres.
     
    Hans CANY

     

    paganisme,identité & racines
    Wotan / Odin chevauchant dans les airs son destrier à huit pattes Sleipnir,
    suivi de ses deux corbeaux Hugin et Munin (Pensée et Mémoire).
    Il est à l'origine de la figure moderne du Père Noël.


    paganisme,identité & racines

     

    Pour approfondir le sujet, je vous recommande tout particulièrement la lecture des deux ouvrages suivant
    :


    "FÊTER NOËL", par Alain de Benoist

    Yule_4.jpg

    Un petit ouvrage très complet d'Alain de Benoist, qui expose de façon détaillée les racines ancestrales de Noël, et qui passe en revue tous les aspects de sa célébration. Essentiel.
     
     
     
    "B.A.-BA PERE NOËL", par Arnaud d'Apremont

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  • L'âge sombre ou Kali Yuga, phase ultime du cycle en cours

    Alors que l'eschatologie monothéiste, tenante d'une conception linéaire du temps, annonce la fin des temps marquée par une grande Révélation (Apocalypse) suivie d'un Jugement dernier, d'autres traditions mystiques et spirituelles adhèrent à une conception cyclique fort différente, selon laquelle le monde s'achemine non pas vers la fin des fin des temps mais vers la fin d'un cycle, dont l'achèvement marquera le début d'un nouveau cycle cosmique.

    Aujourd'hui, seuls ceux qui sont un tant soit peu familiarisés avec la doctrine cyclique des quatre âges du monde savent que celle-ci est fondamentale non seulement dans les traditions védique et hindoue, mais également dans d'autres branches de la famille civilisationnelle indo-européenne, notamment chez les Grecs anciens, avec les âges d'or, d'argent, de bronze, et de fer (ou d'airain). Ces dernières dénominations sont d'ailleurs aussi employées dans la cosmogonie hindoue, ce qui témoigne d'une évidente filiation aux racines très profondes. On retrouve des conceptions cycliques analogues en Perse antique, au Tibet (cinq âges pour la tradition tibétaine). Les cosmogonies et calendriers maya et aztèque sont eux aussi à dimension cyclique, et on retrouve également des notions analogues chez ces peuples précolombiens.

    Mais cet âge aux connotations sinistres, qu'est-il au juste ?

    Nous vivons présentement la phase déclinante -mais qui s'intensifie au fur et à mesure qu'il décline- de l'Âge noir, le Kali Yuga ( en sankrit कलियुग ), Âge de Kali ou Âge de Fer, dernier cycle du Mahayuga, le grand cycle cosmique des quatre âges du monde. Ce sont des temps obscurs, une ère de valeurs inversées et de mensonge généralisé, où le règne du matériel , de la quantité et des fausses valeurs exerce le poids sans cesse grandissant de sa tyrannie.

    Le Kali Yuga, selon le Mahābhārata ( महाभारत ), a débuté en 3102 avant lère chrétienne, et lorsqu'il s'achèvera, quelque chose ou quelqu'un que les textes védiques et hindous personnifient en Kalkî ( कल्कि ), dernier avatar de Vishnu d'après le brahmanisme, viendra anéantir les puissances négatives. La fin du Kali Yuga conduira au Pralaya, la dissolution, et marquera le commencement d'un nouveau Mahayuga, grand cycle constitué lui aussi de quatre ères cycliques.

    Hans CANY

    kalki_mb2.jpg
    Kalkî, ultime avatar de Vishnu,
    combat les forces obscures à l'issue du Kali Yuga.

     

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  • Gaulois_contre_Romains.jpg

    Afin d'en finir une bonne fois pour toutes avec le mythe ô combien galvaudé de la prétendue "Pax romana", la lecture d'un ouvrage fort bien documenté de Joël Schmidt, paru en 2004, pourra s'avérer des plus édifiantes et des plus profitables, même aux personnes les plus sceptiques et/ou les plus conditionnées dans le cadre d'un sujet historique de plus en plus controversé. Le titre de l'ouvrage en question, pour être des plus sobres, n'en est pas moins particulièrement éloquent : "LES GAULOIS CONTRE LES ROMAINS : LA GUERRE DE 1000 ANS". Au fil des pages de ce livre captivant, l'auteur s'emploie méthodiquement à démonter la fable éculée d'une période "de paix et de prospérité" qui, cinq cents ans durant, aurait suivi l'invasion romaine de la Gaule à partir de son accomplissement en l'an 52 avant l'ère chrétienne, pour ne s'achever que dans la tourmente des "Invasions barbares" et de la chute de l'Empire, en l'an 476 de l'ère vulgaire. Références précises et vérifiables à l'appui, Joël Schmidt expose ici avec brio le déroulement d'événements aussi bien ignorés du grand public que volontairement passés sous silence par l'historiographie officielle.

    Si les données archéologiques témoignent indiscutablement du fait que les centres urbains des Gaules, pour la plupart fondés par l'Occupant à partir d'oppida gaulois préexistants, furent profondément marqués par l'empreinte romaine, si ces mêmes données archéologiques attestent l'existence d'une indéniable "fusion" civilisationnelle, et même d'un syncrétisme religieux assimilant une grande partie du panthéon celtique local au panthéon romain, elles ne doivent pas pour autant occulter le fait que ces quelques siècles de domination latine n'entraînèrent en aucune façon la disparition totale de l'identité et des particularismes culturels des autochtones, pas plus qu'ils ne mirent un point final au velléités de ces derniers de recouvrer leur indépendance perdue. N'en déplaise aux adeptes inconditionnels de la romanité et de l'héritage civilisationnel gréco-latin, l'irrédentisme gaulois n'est pas, tant s'en faut, qu'une plaisante invention inhérente aux bandes dessinées d'Astérix et Obélix, mais correspond bel et bien à une réalité historique.

    La vérité est que les cinq siècles que dura la soi-disant "Pax romana", loin de correspondre au cliché idyllique d'une période de stabilité et de "progrès" civilisationnel sans précédent, loin d'asseoir la supériorité définitive des fondements de la civilisation romaine sur l'identité culturelle rudimentaire, forcément primitive et grossière, de prétendus "barbares", furent sans cesse émaillés d'actes de rébellion, d'insurrections et de soulèvements armés qui, jusqu'au bout, n'eurent de cesse de mettre à mal l'autorité de l'Empire sur les diverses régions placées sous son joug. Non seulement ces actes d'insoumission et de révolte se succédèrent à un rythme effréné durant toute la période d'occupation, mais de surcroit, les différents peuples gaulois essayèrent toujours, dès les premiers signes d'affaiblissement de l'autorité impériale apparus au cours du IIIème siècle de l'ère chrétienne, de faire purement et simplement sécession avec l'Empire, afin de recouvrer leur souveraineté perdue. C'est ainsi que l'on vit même se produire, au cours des derniers siècles de l'Empire moribond, des initiatives plus ou moins éphémères émanant d' "empereurs gaulois" qui, s'ils se refusèrent toujours à rompre avec les valeurs romaines, n'acceptèrent pas, de facto, de prêter allégeance à l'autorité centrale, et entendirent ainsi, au-delà de leurs ambitions personnelles, affranchir leurs peuples respectifs de la tutelle de Rome.

    Pour conclure au mieux cette brève présentation du remarquable ouvrage de Joël Schmidt, voici à présent une reproduction du résumé figurant en quatrième de couverture :



    "Sur le conflit qui oppose les Gaulois aux Romains, on ne connaît généralement que l'épisode de la conquête des Gaules racontée par César et qui se déroula pendant huit ans au milieu du 1er siècle av. J. -C. Or, c'est dès 390 av. J. -C. que le Gaulois Brennus et ses troupes occupèrent durablement Rome et prononcèrent l'humiliant " Vae victis ", " Malheur aux vaincus ". La prise de Rome fut la cause d'un traumatisme irréductible, sans cesse rappelé par tous les historiens de Rome, notamment par le plus grand d'entre eux, Cicéron. A partir de cet événement majeur, se succédèrent les péripéties d'une lutte inexpiable au cours de laquelle les Gaulois, rêvant toujours de réoccuper Rome, s'allièrent par les armes et la diplomatie à tous les adversaires des Romains : Carthaginois avec Hannibal, Grecs avec le roi Persée, Germains ou Barbares lors des grands invasions des IIe et IIIe siècles de notre ère.
    L'auteur démontre également que la prétendue romanisation de la Gaule, thème sans cesse rabâché par les historiens, fut un leurre ou tout au moins une légende : en réalité, il y eut sans cesse des révoltes gauloises contre l'Empire romain. Pendant dix siècles, liberté et indépendance furent les mots d'ordre constants des chefs gaulois. Si les Gaulois furent toujours vaincus parce qu'ils opposaient leur masse aux tactiques éprouvées des légionnaires romains, ils ne renoncèrent jamais à harceler par tous les moyens possibles l'occupant romain, jusqu'à la chute de Rome au Ve siècle de notre ère."


    Enfin, pour approfondir la question, on pourra également lire avec profit la non moins remarquable étude de Maurice Bouvier-Ajam publiée pour la première fois au début de l'année 2000, et consacrée précisément  au phénomène des "empereurs gaulois" au cours de la seconde moitié du IIIème siècle de notre ère, entre l'an 260 et 274. Quatrième de couverture :

    "260 après J.-C : l'Empire romain est en crise. L'époque où la grandeur de Rome s'affirmait de l'Angleterre au désert de Judée est révolue. Les incursions barbares se font de plus en plus fréquentes, le pouvoir impérial risque de vaciller. Coupées de l'Italie par l'invasion des Alamans, les provinces gauloises et les légions stationnées sur le Rhin proclament empereur un noble d'origine gallo-romaine, Postumus. Ce général s'empare du pouvoir et installe sa capitale à Trèves, il domine alors les Gaules, l'Espagne et la Bretagne. Pendant quinze ans, Postumus et ses successeurs, Victorinus (268- 270) et Tetricus (270 -274), se comporteront en souverains légitimes, refusant toutefois de rompre avec les valeurs romaines. Ils revêtiront les pouvoirs et titres des empereurs, frappant monnaie, organisant la vie civile, assurant la protection du pays. Toléré un temps parce qu'il protégeait l'Italie des peuplades germaniques, l'Empire gaulois représentait un véritable défi à l'autorité de Rome. Aurélien, symbole de la restauration du pouvoir impérial autoritaire, vint à bout de cette sécession en 274. L'Empire gaulois avait cessé d'exister. Fortement influencée par les auteurs latins, l'Histoire présenta souvent la Gaule comme une simple province romaine. C'était faire abstraction de l'esprit de résistance révélé par cet épisode trop souvent absent de nos manuel. Le rapport de force étant défavorable à l'Empire gaulois, ce dernier fut anéanti. Il mit pourtant en évidence la fragilité de l'Etat romain, annonçant sa chute prochaine. "

    Gaulois_empereurs.jpg

    Même s'il convient bien évidemment, dans un souci d'honnêteté intellectuelle, d'établir une certaine distinction entre ce qui relève d'une part des multiples révoltes gauloises, empreintes d'un esprit profondément celtique, et d'autre part des expériences sécessionnistes opérées sous l'égide d' "empereurs gaulois" successifs, plus ou moins romanisés, le même souci d'honnêteté intellectuelle impose également la déduction suivante : loin d'avoir disparu corps et âme en se fondant dans le creuset civilisationnel dit gallo-romain, le sentiment identitaire gaulois, d'essence celtique continentale, a non seulement survécu -au moins en partie- à la conquête romaine, mais s'est de surcroit maintenu plus ou moins ouvertement pendant toute la période qu'aura duré l'occupation des Gaules. Et plus encore, il parvint même à survivre à la désintégration de l'Empire romain d'Occident en l'an 476 de l'ère chrétienne, alors même que ladite civilisation gallo-romaine avait commencé, dès le IIIème siècle, à intégrer en son sein un nombre conséquent d'éléments ethno-culturels germaniques, portés jusqu'à elle par diverses vagues de peuplement venues d'outre-Rhin.

    La prise en compte des faits historiques brièvement évoqués dans le cadre du présent article -et développés dans celui des deux études qui y sont présentées- nous invite donc à l'abandon d'un certain nombre d'idées reçues. Au premier rang de ces idées reçues figure le fait que l'histoire de l'espace territorial qui allait par la suite devenir la France, comme beaucoup plus tard le royaume de Belgique actuel, ne saurait commencer avec la conquête romaine. D'autre part, les divers peuples constituant l'actuel "Hexagone" ne sont aucunement dépositaires d'un héritage ethno-culturel et civilisationnel qui ne serait que d'essence romaine, et donc latine. Toute l'histoire de l'opposition multiséculaire entre Gaulois et Romains, entre monde celtique et monde latin, le démontre de façon on ne peut plus claire. A ce titre, même en ne se bornant qu'au domaine linguistique, la bonne foi la plus élémentaire devrait obliger tout un chacun à admettre une évidence des plus criantes : si, de par sa structure générale, il convient certes de classer le français parmi les langues dites romanes, cette langue française, issue de la fusion de langues d'Oc et de langues d'Oïl, elles-mêmes comprenant de nombreux apports germaniques et celtiques continentaux, est incontestablement la moins latine de toutes les langues romanes. 

    Même s'il convient bien entendu d'écarter l'excès inverse, qui consisterait à nier purement et simplement tout apport romain/latin dans la substance de l'actuelle identité française, force est d'y reconnaître également la présence tout aussi persistante qu'importante d'un vieux fond celtique continental (gaulois). Ce sont précisément ces trois éléments constitutifs, celtique/gaulois, latin/romain, puis germanique, qui en constituent les piliers fondamentaux et qui, par là-même, en font toute la spécificité. Faire fi d'une partie ou de l'autre de cet héritage triple, ce n'est ni plus ni moins qu'un déni de réalité, sur fond de parti pris et d'amnésie plus ou moins volontaire. 

    Monde celtique et monde latin, s'ils peuvent dans une certaine mesure fusionner, voire se compléter, n'en constituent pas moins deux pôles diamétralement opposés de l'indo-européanité . Le paradoxe, la singularité de la civilisation dite gallo-romaine (et belgo-romaine), c'est d'être parvenu à faire une synthèse de ces deux pôles opposés, tout en demeurant fondamentalement elle-même, en ne reniant jamais totalement son vieux fond gaulois, et tout en l'enrichissant, par la suite, d'une part non-négligeable de germanité. Mais c'est aussi parce que les Celtes des Gaules, les Gaulois et autres Celto-Germains comme les Belges, ne succombèrent jamais totalement à l'assimilation et à l'acculturation romaines qu'ils purent, au final, préserver un héritage ancestral qui reste en grande partie le nôtre.

    Hans CANY
    2 juillet 2015 E.V.


     

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  • Par
    Hathuwolf Harson

     

    Dans toutes les traditions païennes d’Europe, l’une des principales fêtes, voire la plus importante même, c’est le solstice d’été, moment qui marque le point culminant du soleil dans son cycle annuel autour du 21 juin. Le soleil est alors à son zénith, à l’endroit le plus élevé de son cheminement céleste. Le solstice d’été est ainsi associé au pouvoir majeur de l’astre-roi, incarnant l’ultime victoire des forces solaires et ouraniennes. Pendant cette célébration, le monde céleste est tout puissant, rayonnant de lumière, de joie, de forces vives, et conduisant à la victoire tous ceux qui collaborent avec le rythme des cycles saisonniers. Le Dieu chronocrator, celui qui gouverne le temps, est la figure divine qui est naturellement associée aux solstices.

    Le symbolisme des solstices a une particularité paradoxale, car ils ne coïncident pas avec les saisons correspondantes. En effet, le solstice d’hiver qui marque le moment le plus faible de la course cyclique du soleil, est aussi celui qui marque le retour des jours qui se rallongent et des forces solaires qui renaissent. Le solstice d’été quant à lui désigne le moment le plus fort de la course cyclique, alors qu’à partir de ce moment les jours diminuent et les forces solaires s’affaiblissent. Le point le plus haut ouvre ainsi la phase descendante. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que les solstices sont appelés les portes de l’année, et que dans la tradition païenne de Rome les solstices étaient intimement liés au Dieu Janus, le Dieu des portes. Ce Dieu est bicéphale, dont une tête regarde vers l’arrière et l’autre vers l’avant, marquant par-là la transition cyclique des solstices. Le christianisme toujours aussi sournois et prompt à corrompre les anciens symboles païens, récupéra le symbolisme des solstices avec la célébration de ses deux St-Jean, l’une le 24 juin et l’autre le 27 décembre, sans parler de Noël, autre fête pour le solstice d’hiver, dont les chrétiens firent la naissance supposée de leur nazaréen crucifié. Ce symbolisme paradoxal des solstices se retrouve également dans la tradition hindoue, tradition en partie héritière des Indo-Aryens. La transition du solstice hivernal se nomme chez eux devayâna (la voie des Dieux) et la transition du solstice estival se nomme pitriyâna (la voie des ancêtres). Dans ce cas la porte des Dieux (hiver) désigne la phase ascendante et céleste, alors que la porte des ancêtres (été) ouvre la phase descendante et chtonienne.

    Dans les rites qui entourent le solstice d’été, nous retrouverons donc toujours les éléments symboliques qui lient les deux notions de cette porte cyclique: la victoire des forces solaires et la descente vers le monde souterrain de ces mêmes forces célestes. Certains mouvements païens comme le Asatrú Folk Assembly ont choisi de nos jours de célébrer la mort du Dieu solaire germano-nordique Balder durant le solstice d’été, ceci afin de marquer justement cette phase descendante des forces solaires à partir de cette date transitoire. Bien qu’il y ait une logique évidente dans ce choix qui est respectable, personnellement, je crois qu’il est mieux de célébrer cette mort du Dieu Balder en automne, saison qui est la période cyclique dédiée aux défunts.

    L’élément incontournable des rites du solstice d’été est le bûcher. Ce sont les hommes du clan qui se chargent de dresser un grand bûcher pour le feu solsticial. Le feu et son symbolisme sont une célébration et un véritable hymne sacré aux forces solaires. Le feu, lorsqu’il monte vers les cieux, représente la victoire solaire, et, les flammes du bûcher qui diminuent symbolisent la phase descendante, le retour vers la terre. Le choix du bois pour le solstice d’été est lui aussi important et diffère selon les traditions païennes. Au milieu du bûcher, on place en général un mât représentant l’axis mundi, l’arbre cosmique, et, au sommet de cet axe, on place un symbole solaire (swastika ou roue solaire par exemple). Le symbole solaire qui brûle durant la cérémonie ne symbolise pas sa destruction, mais sa fusion avec les forces ouraniennes, une expression de l’harmonie absolue avec les puissances célestes. Le solstice d’été est une fête de la joie et de l’exubérance, élément qui se traduit par des danses et de la boisson qui coule à flots. Il est coutume de danser autour du feu en formant de grandes rondes, rondes qui évidemment sont un symbole du soleil et de sa course cyclique annuelle. Alors que le solstice d’hiver est une fête familiale et de recueillement, celle du solstice d’été est communautaire et allègre. Le clan et tous les amis se réunissent dans la joie et la bonne humeur, ingrédients caractéristiques du solstice d’été. Dans certaines traditions, il est également habituel que les participants s’approchent du bûcher en formant quatre colonnes selon les 4 points cardinaux. En tête de chaque colonne se trouve un porteur de la flamme sacrée, et avec leur torche ils allument le bûcher à tour de rôle. À ce moment, chaque porteur de torche peut prononcer une phrase rituelle comme suit: “Je viens du Sud et j’apporte la victoire – Je viens de l’Ouest et j’apporte le souvenir des ancêtres – Je viens du Nord et j’apporte la renaissance – Je viens de l’Est et j’apporte l’abondance”. Ces phrases sont bien-sûr adaptables à souhait du moment que l’on respecte le symbolisme des points cardinaux et de leur place dans la course solaire cyclique.

    Dans de nombreuses traditions, au crépuscule du solstice ou bien à l’aube du solstice, ont lieu des rituels liés à l’élément symbolique “eau”. Ce sont les femmes du clan qui se chargent de cet aspect du rituel solsticial. Après avoir fait une offrande à la Terre-Mère ou à une autre Déesse représentant une des facettes de la Terre-Mère, les femmes se baignaient rituellement dans un cours d’eau pour invoquer les forces de purification. On offrait parfois une petite flamme que l’on déposait sur l’eau pour que le courant l’emporte, ce qui figurait la purification par le feu et par l’eau, ainsi que l’union des forces ouraniennes (le feu) et des forces chtoniennes (l’eau). Les femmes vont ensuite cueillir des fleurs et différents végétaux sacrés pour faire des couronnes avec lesquelles les participants se coiffent ou alors décorent les maisons et le lieu de la fête solsticiale. Ces couronnes sont elles aussi une image du soleil (le cercle) et de son union avec les forces vives de la terre (les fleurs). Cet aspect du solstice d’été se retrouve dans les sauts que les couples font au-dessus des flammes du bûcher afin non seulement d’être purifiés et consacrés par les forces solaires et ouraniennes, mais aussi de favoriser la fécondité avec l’aide symbolique de l’union du Ciel-Père et de la Terre-Mère. Cette union est célébrée dans la joie car elle se fait au moment où les forces célestes et solaires sont victorieuses, victoire qui permet le maintien de l’ordre cosmique et l’harmonie de la magie des cycles naturels. Les Dieux ouraniens donnent ainsi toute leur puissance au solstice d’été, raison pour laquelle il convient de remercier ces Dieux ouraniens, qui selon les traditions peuvent être nommés les Ases (Aesir de la tradition nordique), les Tuatha-Dé-Danann (tradition celte), les Olympiens (tradition gréco-romaine), ou encore les Deivas (tradition slave). Cette dernière tradition a d’ailleurs superbement conservé jusqu’à nos jours, la célébration du solstice d’été, au travers de rites comme celui de Koupala (voir lien à la fin).

    Les femmes du clan sont aussi celles qui sont chargées d’un autre aspect magique du solstice d’été, celui de la cueillette des plantes sacrées, plantes aux vertus médicinales et surnaturelles. Ceci a survécu partout en Europe avec les fameuses herbes de la Saint-Jean, « herbes » qui ont toutes des vertus de purification et de guérison. On y trouve entre autres le millepertuis, l’achillé millefeuille, la joubarbe, l’armoise, le lierre terrestre, la marguerite sauvage, ou encore la sauge. En cette nuit la plus courte, les plantes en général reçoivent une force toute particulière venue des forces célestes, leur sève « chante » d’une puissance inégalée durant le reste de l’année. Les cueillir au crépuscule ou à l’aube a bien-sûr son importance, car c’est à ce moment que la lumière ouranienne et l’obscurité chtonienne s’unissent dans une harmonie divine.

    Après cette courte présentation du solstice d’été et de son symbolisme, il apparaît de manière claire et nette que ce rituel sacré du solstice d’été est hautement important pour tout païen européen, car il nous place en harmonie avec nos Dieux et l’ordre cosmique, tout en générant un lien sacré avec nos ancêtres et leur mémoire plusieurs fois millénaires.

    Hathuwolf Harson



    Sources :
    « Dictionnaire des symboles », Jean Chevalier et Alain Gheerbrant

    « Les solstices », Jean Mabire et Pierre Vial.

    Herbes de la Saint-Jean : http:// www.lemonde-des-plantes.com /lherbes-de-la-saint-jean/

    Le rite slave de Koupala : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.360785930726888.107374185 2.230064080465741/ 535159469956199/ ?type=3&theater

    Solstice d’été au Questenbaum (tradition germanique) : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.303290629809752.107374183 4.230064080465741/ 412848372187310/ ?type=1&theater

    Symbolisme de la roue solaire : https://www.facebook.com/ photo.php?fbid=404058083066 339&set=a.305926009546214. 1073741844.230064080465741 &type=3&theater

    Symbolisme du swastika : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.305926009546214.107374184 4.230064080465741/ 315806118558203/ ?type=3&theater

    Symbolisme du soleil : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.305926009546214.107374184 4.230064080465741/ 565139723624840/ ?type=3&theater

    Symbolisme du feu : https://www.facebook.com/ 230064080465741/photos/ a.305926009546214.107374184 4.230064080465741/ 571700919635387/ ?type=3&theater

     

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    4 commentaires
  • Lorsqu'est abordée la question de mes convictions "religieuses", le fait que je me définisse comme une sorte d'agnostique de sensibilité néopaïenne, me référant entre autres à diverses traditions anciennes, se heurte la plupart du temps à un solide mur d'incompréhension, lorsqu'il ne suscite pas instantanément d'irrationnels réflexes de défiance, voire d'hostilité ouverte. Réflexes nés au mieux de l'ignorance, ou au pire d'amalgames abusifs, de raccourcis douteux, ou de mauvaises interprétations. Aussi, il m'apparait aujourd'hui nécessaire de reprendre la plume, afin de résumer en
    quelques lignes les fondements de "mon" paganisme.

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    En guise d'introduction

    Avant toute chose, il m'apparait indispensable de préciser que le terme de religion, même s'il dérive du latin religare signifiant relier (au Divin), est inapproprié en ce qui me concerne. Je lui préfère -et de loin- la notion de spiritualité. Le terme de religion évoque la notion d'église (ecclesia), de clergé organisé et/ou hiérarchisé, de corpus liturgique, cultuel et théologique clairement défini et délimité. Cela peut même, chez les religions dites "révélées", se manifester par l'affirmation de dogmes et autres carcans théologiques plus ou moins rigides. Autant de valeurs qui, d'où qu'elles proviennent, me sont fondamentalement étrangères.

    Mes trois traditions païennes historiques de prédilection, celles avec lesquelles je me perçois le plus d'affinités conceptuelles et mentales, sont la tradition celtique (celtisme/druidisme), la tradition germano-scandinave (wotanisme/odinisme/asatru), et la tradition indienne (védisme/hindouisme). Pour autant, adepte d'un certain syncrétisme et toujours soucieux de ne point rétrécir mes horizons, je me refuse à m'enfermer exclusivement dans le cadre limité d'une seule d'entre elles, tout comme je me refuse à ne considèrer que l'une d'elles comme étant dépositaire de la Vérité ultime. En ce sens, je suis agnostique. Plus précisément, un agnostique de sensibilité (néo)païenne. De la sorte, et par exemple, n'étant que fort peu prédisposé à m'accommoder de structures de type clérical, je me réclamerai toujours plus volontiers du celtisme que du druidisme, du moins si ce dernier correspond bien à un sacerdoce structuré.

    Pour l'immense majorité des personnes ne se reconnaissant dans le discours d'aucune religion particulière (athées, agnostiques, apostats), et à fortiori pour les personnes se trouvant sous l'emprise mentale de l'une des grandes religions monothéistes établies, le terme de "paganisme" apparait baigné d'une aura de mystère. Il évoque irrésistiblement le règne généralisé de la superstition la plus primitive, et l'obscurité d'époques lointaines, barbares, ignorantes, aux moeurs brutales... Le concept de polythéisme, quant à lui, demeure le plus souvent totalement incompris dans ses fondements-mêmes. Tel est le funeste résultat d'une campagne multiséculaire d'acculturation, de récupération, et de dénigrement systématique orchestrée par les institutions éclésiastiques toutes puissantes, et qui aura pour effet de rendre les foules profondément et durablement amnésiques quant à leur propre passé. Il convient donc aujourd'hui de résister, de contrer le plus fermement du monde le processus de désinformation, d'intoxication et d'abrutissement des masses savamment orchestré depuis des siècles par les adeptes des Religions du Désert, véritable hydre à trois têtes incarnant l'Ennemi millénaire. Ces institutions religieuses, soucieuses de préserver à tout prix leur monopole hégémonique, d'entretenir leur légitimité autoproclamée, et de maintenir intact le contrôle spirituel exercé sur leurs ouailles, ont en effet tout intérêt à entretenir le mensonge et la confusion au sujet des courants religieux et spirituels qui les précédèrent, et qu'elles réduisirent systématiquement au silence par les voies du feu, du sang, du fer, de la terreur, des massacres de masse et des persécutions.
    L'heure est venue, aujourd'hui, de rétablir la vérité. Et de la redécouvrir...

    Les bases de la conception païenne du divin se retrouvent peu ou prou chez toutes les formes de paganisme historique, du celtisme/druidisme au wotanisme/odinisme, de la religion gréco-romaine à la religion de l'Egypte antique, de celle des anciens Slaves à celle des peuples précolombiens, en passant par les multiples chamanismes d'Asie, d'Afrique, d'Amérique, d'Europe du Nord et de l'Est etc. Elles se retrouvent aussi dans une grande religion du monde très vivace aujourd'hui encore, et étroitement apparentée aux paganismes occidentaux puisqu'elle est une branche issue du même tronc civilisationnel commun, l'indo-européisme. Cette grande religion actuelle, c'est l'hindouisme, issu du védisme archaïque. Il est le cousin germain des paganismes de l'Europe antique. Enfin, ces bases de la conception païenne du divin se retrouvent aussi chez d'autres courants néopaïens d'émergence plus récente, comme par exemple les diverses obédiences de la Wicca, la Hedge Witchcraft (sorte de dissidence wiccane individuelle), ou encore les néo-animismes et autres néo-chamanismes divers.

    Je m'attacherai ici à résumer en toute humilité les grandes lignes de "mon" propre néopaganisme, sans perdre de vue le fait qu'une large part des principes ci-dessous exposés s'appliquent également aux autres formes de paganisme, moyennant juste certaines variations ou adaptations, au gré de panthéons, de dialectes, de vocabulaires voire de socles civilisationnels plus ou moins différents. Au delà de ça, je tiens à souligner le fait que je n'entends décrire que ma propre conception, toute personnelle, du paganisme, laquelle ne sera sans aucun doute pas partagée par d'autres personnes. Je ne parlerai donc ici qu'en mon nom propre, et n'ai nulle prétention de m'exprimer au nom de tous les païens et païennes, néo ou pas.

    Il est temps, à présent, d'entrer dans le vif du sujet.

     

     

    Polythéisme ou panthéisme ?

    Dès lors qu'est évoquée la notion de polythéisme, s'impose à l'esprit conditionné du profane tout un ensemble d'idées reçues et plus ou moins simplistes, dépeignant volontiers le vil païen idolâtre comme l'adorateur exalté d'une ribambelle sans fin de divinités aux noms bizarres, aux épopées improbables, et aux attributions abracadabrantes. Le polythéiste est alors perçu comme une sorte de superstitieux, croyant dur comme fer à l'existence concrète et individuelle de chaque divinité...imaginaire. Si la croyance stricto sensu en des divinités multiples et individualisées a pu être autrefois le lot du petit peuple, à l'éveil spirituel limité, il n'en fut pas nécessairement de même pour les castes de prêtres, d'initiés divers, ni pour les adeptes de certains "cultes à Mystères", tels par exemple les fameux Mystères d'Eleusis de la Grèce antique.

    En ce qui me concerne, s'agissant de la nature intrinsèque du polythéisme, il serait sans doute littérairement plus approprié d'employer le terme de panthéisme. Qu'est-ce donc que le panthéisme, me demanderez-vous ?

    Le panthéisme est une conception spirituelle identifiant "Dieu" -ou plutôt le Principe divin ultime- au Monde. Non pas au seul monde terrestre, mais à l'Univers tout entier, dans le mystère insondable de l'infiniment grand et de l'infiniment petit. Contrairement à l'enseignement dispensé par les monolâtries modernes (judaïsme-christianisme-islam), "Dieu", le Principe divin, n'est pas extérieur ni étranger à notre monde. Il n'en est pas davantage le créateur, puisqu'il est ce monde. Il est la Nature. Il est l'Incréé. Il n'est ni bon, ni mauvais. Ni masculin, ni féminin. Ni Un, ni multiple. Il est...tout ceci à la fois !

    Il réside en chaque être, en chaque élément, en chaque chose. Chaque être vivant, animal (humain compris) ou végétal, et sans doute même chaque être minéral, renferme une parcelle du divin. Tout vibre, tout vit. Chaque être est habité par cette étincelle, cette parcelle du Principe divin qui lui prête vie. Ce principe, c'est celui de l'Un en Tout et du Tout en Un. En somme, il n'est pas aisé, à l'échelle de l'entendement humain, de décrire très précisément ce qu' "Il" est. En revanche, il est beaucoup plus facile d'établir ce qu'il n'est pas. Et en l'occurrence, compte tenu de ce qui précède, il ne saurait être conçu à l'image de l'Homme. Et réciproquement.

    Les paganismes sont généralement des polythéismes, entendons par-là qu'ils honorent un grand nombre de divinités distinctes. A titre personnel, je considère simplement que chaque divinité incarne, symbolise une des énergies constituant notre monde, à laquelle s'ajoutent des attributions spécifiques. De là découle d'ailleurs la divinisation ancienne des forces créatrices et destructrices, complémentaires et indissociables, de Mère Nature. Ainsi, les peuples païens antiques plaçaient sous le patronage de dieux et de déesses de toutes sortes des phénomènes et des éléments aussi divers que le Soleil, la Terre-Mère, la fécondité et la vie, la mer, les montagnes, les forêts, les cours d'eau, les fontaines, le monde souterrain, le tonnerre et la foudre, le monde animal, le feu... Même si, dans la pratique, certaines divinités revêtaient en fait un caractère plus ou moins polyvalent au niveau de leurs attributions, certaines pouvant même s'avérer, dans quelques cas, plus ou moins...interchangeables.

    A mon sens, chacune de ces divinités n'est en réalité qu'une hypostase, une émanation, l'incarnation symbolique d'une manifestation spécifique de l'Incréé, du Principe divin. Je ne crois pas en l'existence des dieux et des déesses en tant qu'entités réelles et indépendantes. Partant, je ne crois pas non plus au formes anthropomorphes sous lesquelles ces divinités sont parfois représentées, formes toutes symboliques, et dont l'aspect extérieur, qui relève du volet exotérique, ne doit pas faire oublier la signification profonde, d'ordre ésotérique. Qu'on se rassure de suite, je ne suis pas de ceux qui s'attendent à tomber nez à nez avec Cernunnos en personne, un beau jour, au détour d'un bois !

    Non, pour moi, les dieux et les déesses, réels en tant que concepts, n'ont pas d'existence matérielle, ni même individuelle, propre. Ils et elles sont parties intégrantes du grand Tout, du Principe divin ultime, de l'Incréé. Appelons comme il nous plaira ce qui, de toute façon, dépasse les capacités d'entendement de l'esprit humain. Il fut sans doute désigné jadis, en des temps fabuleusement reculés, comme "Celui-qui-ne-peut-être-nommé". Plus tard, ce sont sans doute des initiés médiévaux, dépositaires secrets de fragments de l'ancienne tradition celtique, qui en perpétuèrent la notion en le dissimulant sous l'énigmatique figure symbolique -christianisée- du Graal. Ce fameux Graal qui s'apparente de façon si troublante au chaudron d'immortalité du Dagda chez les Celtes irlandais, ou de Dagodeos chez les Celtes gaulois. Un chaudron d'immortalité dont procède le début et la fin de toute vie, de façon cyclique, ainsi que semble bien le corroborer une représentation figurant sur le célèbre chaudron de Gundestrup.

    Le polythéisme bien compris n'exclut pas le panthéisme, loin s'en faut. Le Principe divin, l'Incréé, place une parcelle de Lui-même en tout être. Il est donc présent partout, à commencer par en nous-même, et en tout ce qui vit, d'une façon ou d'une autre. On peut donc légitimement parler ici de panthéisme. Et l'on pourrait même aller jusqu'à parler de monisme, puisque le Principe divin dont tout émane ne constitue au final qu'une seule et même entité, à la fois une et multiple.
     

    Ce qu'est mon (néo)paganisme


    Quel Principe divin ?


    Autant mes dispositions innées me conduisent tout naturellement à concevoir l'existence -pour moi évidente- d'une force suprême mais mal définie, que je désigne comme l'Incréé ou comme le Principe divin, autant mon esprit se refuse catégoriquement à admettre les schémas anthropocentriques et anthropomorphiques, lesquels ont, j'ai la faiblesse d'en être convaincu, quelque chose de pathétiquement puéril. Si divinité suprême il y a bien, la raison la plus élémentaire m'empêche de croire une seule seconde que l'entité en question puisse s'apparenter de près ou de loin à l'humanité, ni même qu'elle puisse être accessible à la prière humaine. Du reste, au nom de quoi une semblable entité devrait-elle se préoccuper des petites péripéties de l'espèce humaine ? Au nom de quoi devrait-elle se préoccuper de millions -ou de milliards- d'états d'âme exprimés individuellement ?

    L'anthropomorphisme consiste à attribuer des caractères humains à ce qui n'est fondamentalement pas humain. L'anthropocentrisme est l'idée reçue, présomptueuse entre toute, selon laquelle l'espèce humaine constituerait l'alpha et l'omega de toute chose, elle place l'être humain au centre de l'univers et au sommet de la Création. Les deux concepts, on le voit, sont pleinement identifiables ici.

    Je ne crois donc pas à l'utilité ni à l'efficacité de la prière adressée "aux dieux", pas même si elle s'adresse directement à l'Incréé. Libre à chacun, à chacune, d'être d'opinion différente. Mais en ce qui me concerne, je reste convaincu que chaque individu reste seul maître suprême de sa vie et de sa destinée, et qu'aucun déterminisme divin n'entre ici en ligne de compte. La meilleure façon d'honorer l'Incréé, c'est tout simplement d'avoir pleinement conscience de son omniprésence, de sa puissance de création et de destruction, et de ses diverses manifestations à travers la Nature et l'Univers tout entier.
    Mais aussi en respectant -et en préservant voire protégeant au besoin- ce qui en procède.

     


    Cycle des incarnations, loi karmique universelle, et métempsycose


    Un autre des grands axes fondamentaux de "mon" paganisme repose sur le principe de la réincarnation ou métempsycose, s'inscrivant dans un cycle d'existences successives, ces dernières conditionnées par l'accumulation de bon et de mauvais "karma", et pouvant potentiellement être vécues sur des plans très divers.

    D'aucuns m'objecteront que la doctrine karmique, issue de l'hindouisme puis de son hérésie bouddhique, serait d'essence foncièrement orientale, et serait donc absolument étrangère aux doctrines spirituelles européennes. A ceux-ci je répondrai que rien n'est moins sûr. De nombreux indices permettent de présumer l'existence de semblables conceptions chez au moins une partie des druides celtes, lesquels auraient influencés en ce sens les pythagoriciens grecs. A moins que ce ne soit l'inverse. La question est controversée. Or, il est bien établi que Pythagore et ses disciples professaient, eux, la doctrine de la métempsycose et des cycles de vie, tout comme ils adhéraient à la vision des cycles cosmiques régissant le temps. La scène figurant sur le chaudron de Gundestrup, mentionnée plus haut, de même que l'interprétation -elle aussi controversée il est vrai- de certaines bribes de tradition celtique qui nous sont parvenues via des retranscriptions irlandaises et galloises, tout ceci peut raisonnablement laisser supposer que ce concept était en réalité très présent -sinon fondamental- dans le corpus de croyances des anciens Européens. Du moins, pour une partie d'entre eux. Ajoutons à cela qu'en se basant notamment sur les mêmes sources littéraires irlandaises et galloises, ainsi que sur les mythologies comparées, certains auteurs croient même déceler la trace plus ou moins cachée de la notion de karma dans la tradition celtique. Ce "karma" bon ou mauvais, s'accumulant en fonction des actes et du degré d'éveil spirituel de chacun, aurait ainsi, chez les druides, été désigné sous un nom spécifique : la baga.

    Le philosophe grec Anaxagore avait en son temps formulé cette phrase : "Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau" . Il fut beaucoup plus tard repris par Lavoisier, auquel on doit la fameuse maxime selon laquelle, dans la nature, "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme".
    Ma conviction personnelle est que non seulement le physique et l'organique se recyclent naturellement, mais aussi l'inorganique, l'impalpable, l'immatériel.

    Selon moi, nous sommes formés de trois composants étroitement liés les uns aux autres, et non parfaitement séparés, contrairement à ce que professent les Religions du Livre. Ces trois composant sont le corps physique, siège de notre incarnation présente, l'esprit, qui conditionne notamment la mémoire, les réflexes, les émotions, ainsi qu'une partie de la personnalité, et enfin l'âme ("anatmon" en celtique continental ancien), siège de l'intelligence, parcelle à part entière du Principe divin, et émanation du souffle de vie cosmique. Après la mort, ma conviction intime est que l'esprit comme l'âme se séparent et quittent immédiatement le corps, ou n'y demeurent qu'un bref moment. L'âme demeure ensuite pendant un laps de temps plus ou moins prolongé "en transit", dans une sorte de monde ou de dimension intermédiaire. Puis elle poursuit un cycle de réincarnations, conditionnées par l'expérience des vies successives, et au terme duquel, parvenue à un certain degré de pureté, elle retourne se fondre dans l'Incréé dont elle est issue, ce que les bouddhistes et les hindous désignent sous le nom de Nirvana.

     

    Une spiritualité ancienne en des temps nouveaux

    Enfin, "mon" néopaganisme, quoique volontiers enraciné, ne se veut pas passéiste ni réactionnaire, mais bien au contraire moderniste, voire progressiste. A mon sens, il importe par-dessus tout de savoir faire preuve de discernement, en opérant une distinction saine et indispensable entre ce qui porte clairement la marque de son temps d'une part, et ce qui conserve une valeur intemporelle d'autre part, c'est-à-dire l'essentiel. Privilégions toujours le vieux fond stable et éternel, par rapport à la forme instable, datée, et fluctuante dans le temps.

    Mon (néo)paganisme ne consiste pas à adorer des cendres, mais à préserver et à raviver la flamme. Ma quête spirituelle ne s'oriente pas dans l'espoir d'une quelconque résurrection, mais dans celui d'une renaissance salutaire, en phase avec notre époque. Les structures anciennes, sociales comme sacerdotales, appartient à un lointain passé, tout aussi mythique que révolu. Il serait vain de vouloir ressusciter des branches mortes depuis si longtemps, au risques, d'ailleurs, de n'arriver qu'à les singer piteusement. De même, certaines pratiques d'un autre temps, définitivement marquées du sceau de la barbarie, comme par exemple la pratique des sacrifices sanglants, sont non seulement à proscrire absolument, mais aussi à dénoncer et à combattre avec la plus vive détermination. Quelle que soit la voie spirituelle que l'on décide d'emprunter, l'élévation et l'évolution du genre humain ne pourront se faire qu'à ce prix.


    Quelles célébrations ?


    Les principales activités cultuelles de la plupart des courants néopaïens européens consistent en la célébration des solstices et des équinoxes, portes d'entrée des saisons, et surtout de quatre autres grandes fêtes qui graduent le cycle annuel. Celles-ci sont notamment la fête celtique irlando-britannique de Samhain, célébrée aussi en Gaule continentale sous le nom de Samonios, aux alentours du 31 octobre, marquant le début de la nouvelle année celtique, et étant le moment de l'année où le monde des morts et celui des vivants s'interpénètrent et interagissent. Une tradition perpétuée de manière plus ou moins déformée par Halloween, et que l'Eglise chrétienne aura récupérée pour en faire la "Toussaint", suivie de la "Fête des Morts". Imbolc, fête des Lustrations, qui se célèbre aux alentours du 2 février, est annonciatrice de la fin prochaine des rigueurs hivernales. Beltaine (chez les Celtes), ou la Nuit de Walpugis (chez les Germains), à la veille du 1er mai, célèbre pleinement le printemps et la nature renaissante. Lugnasad, aux alentours du 1er août, célèbre l'été à son zénith, ainsi que les moissons.

    A cela s'ajoutent d'autres célébrations, notamment issues de la tradition germanique. Par exemple Yule (ou Jul), correspondant au solstice d'hiver, que les chrétiens ont récupéré pour en faire Noël en décalant simplement la date de quelques jours. Ou encore Ostara, fête printanière correspondant peu ou prou à la Pâque chrétienne, et célébrée aux alentours du 21 mars. Et la liste est loin d'être exhaustive. Comme on le voit, les célébrations diverses qui jalonnent le cycle annuel peuvent être nombreuses !

    -------

    Nous voici donc à présent parvenus au terme de ce rapide survol de mes convictions dans le domaine métaphysique et spirituel, en espérant que sa lecture vous aura permis de vous faire une idée plus précise de ce qu'est -comme de ce que n'est pas- mon propre néopaganisme. D'aucuns m'accuseront peut-être de n'avoir formulé ici que des affirmations péremptoires, entrecoupées de pures spéculations. Fort bien. Mais n'est-ce pas là le lot de toute conviction religieuse ou spirituelle, quelle qu'elle soit ? Tout système de croyance, par définition, ne s'appuie-t-il pas sur la simple base d'une intime conviction ? Après tout, quoi qu'en diront mes détracteurs, mes croyances personnelles valent bien celles des autres...ou leurs incroyances ! Et ce, d'autant plus que je n'ai, en ce qui me concerne absolument aucune velléité de prosélytisme. Je n'ai, dans ce registre, pas davantage de leçons à recevoir qu'à donner. Que les dieux m'en préservent.

    En guise de conclusion, on retiendra donc qu'à mes yeux, mon propre paganisme, celui que je me suis bâti en esprit libre et indépendant, constitue l'expression d'une spiritualité de la Nature, doublée d'une philosophie de la Vie.

    Hans CANY
    4 juillet 2014 E.V.

     

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  • Dans la société païenne de tradition germano-nordique, la femme avait plus de droits que dans le reste de l’Europe christianisée. Le droit germano-nordique réservait un rôle éminent à la femme. Elle était “l’âme d’une société dont l’homme n’était que le bras”. Ce ne sont ni l’amour ni le romantisme que suscite la femme, mais l’admiration pour son... autorité et le respect pour son influence. On reconnaît là bien le côté pragmatique de la culture nordique. Dans les sagas nordiques, la figure de la femme fatale n’apparaît presque jamais.

    La femme germano-nordique n’est pas admirée pour de simples questions charnelles. Les très nombreux exemples des sagas islandaises démontrent que les Vikings donnaient priorité aux femmes à forte personnalité: Thorbjörg, l’épouse de Páll Sölvasson, qui tente de tuer d’un coup de couteau Hvamm-Sturla; Gudrún Önundardóttir qui pousse ses frères à la vengeance; Jóreidr Hállsdottir qui choisit de se laisser mourir plutôt que de se marier de force; Hálldora épouse de Sighvatr qui prend les décisions importantes à la place de son mari; Ásta Andréasdóttir qui met une bonne raclée à son frère à coups de gourdin, etc… La femme viking n'est pas mentionnée pour sa beauté ou sa bonté, elle est admirée pour sa fierté, l’importance de sa lignée de sang, et sa force de caractère. Dans les sagas, la femme nordique n’est pas dénigrée parce qu’elle est femme, elle n’est pas non plus rabaissée au rang d’objet de plaisir. Il n’y est pas non plus fait mention de femmes battues, et encore moins assassinées.

    Il y a quelques 2000 ans déjà, des auteurs romains comme Tacite ou César parlaient de la place de choix qu’avait la femme germanique. D’époque viking il existe également des inscriptions runiques qui témoignent de cette place de la femme. Le culte important aux Déesses comme Nerthus, Freyja ou Frigg, est lui aussi révélateur du rôle sacré de tout ce qui est féminin dans la société païenne de tradition germano-nordique. Le genre féminin du soleil (“la soleil”) vient confirmer cette sensibilité féminine. Avec l’arrivée du christianisme et de sa misogynie héritée de la culture sémitique, le rôle de la femme changea. Durant deux siècles de transition entre paganisme et christianisme, la femme put conserver certains avantages notoires, mais ils finirent par s’estomper en raison de la pression obscurantiste des chrétiens.

    Chez les païens de tradition germano-nordique, la femme est la gardienne du foyer, celle qui maintient les traditions et qui veille à l’honneur du clan. La “húsfreyja”, terme qui désigne la maîtresse de maison, était reconnaissable à son trousseau de clefs qu’elle porte à la ceinture. Au foyer elle règne de manière absolue, laissant les concubines dans un rôle secondaire. La maîtresse de maison centralisait sur sa personne les questions liées à l’héritage et au domaine, sujets propres au symbolisme de la rune Othala. La “húsfreyja” était l’épouse légitime et la gardienne du foyer. Elle gérait l’approvisionnement, l’équipement et l’installation de la maison. Elle veillait à l’accomplissement des tâches domestiques, des plus modestes aux plus nobles comme le filage ou le tissage. L’éducation des enfants revenait également aux femmes de maison. La hiérarchisation des rôles selon le genre n’existait pas dans la société germano-nordique, mais l’égalitarisme non plus. Tout se basait sur la répartition des tâches et la notion de complémentarité. Le concept d’une femme inférieure et soumise, concept importé avec le judéo-christianisme, était inconnu des païens du Nord.

    À la femme incombait le maintien de la tradition ancestrale. Elle rappelait aux membres de la famille les noms, les titres des ancêtres, et les hauts faits de leur passé. Maintenir les traditions, rappeler au souvenir des grandeurs passées de leur lignage, c’était veiller au respect des ancêtres et à l’honneur du clan. On retrouve ce principe basé sur la lignée de sang dans les longues généalogies citées dans les Eddas et les Sagas. La femme devenait ainsi la mémoire sacrée du clan. Magiciennes, femmes-sages, et prophétesses (völvur) sont nombreuses dans les anciens mythes nordiques, à tel point que l’on pourrait penser que le lien avec la tradition magico-religieuse était surtout une affaire de femmes. La femme participe du sacré à un degré que ne pourrait justifier une prétendue condition inférieure. La femme devait donc être l’objet d’un profond respect dans le cadre des liens religieux.

    Dans l’ensemble des textes anciens, mari et femme apparaissent avant tout comme de bons associés. Une situation souvent peu sentimentale qui se base sur les liens entre familles et clans, où la position sociale jouait un rôle important. Le nordique toujours très pragmatique et plutôt matérialiste, voyait le mariage comme une question pratique et non d’amour. D’abord était l’intérêt, et si ensuite venait s’y greffer l’amour, c’était tant mieux, mais pas primordial. Le divorce était autorisé et institutionnalisé selon les lois stipulés par les Grágas, et à la lecture des sagas on constate d’ailleurs que ce sont les femmes qui le plus souvent initiaient la procédure de divorce. Mais tout n’était pas parfait pour la femme dans la société germano-nordique. Ce qui nous amène à côtoyer l’aspect négatif. Car nous avons vu que la femme germano-nordique jouissait d’avantages et de droits qu’on lui refusait dans les sociétés méditerranéennes, elle était certainement plus libre par rapport aux femmes des pays chrétiens. Mais il ne faut pas non plus croire que sa situation était idéale. La société germano-nordique était patriarcale et brutale, avec tout ce que cela implique pour les femmes. Cette société ne laissait pas beaucoup de place à la coquetterie ou à l’eau de rose, un système rude avec des rapports très terre-à-terre. La froideur des rapports conjugaux est caractéristique de la culture nordique. Dans certains cas la femme participait aussi à la guerre, ce qui ne se voyait pas dans les pays chrétiens par exemple, mais elle était obligée de toujours porter ses vêtements de femme. Le mythe de la guerrière en armure est une invention moderne et n’a pas de fondement historique.

    Hathuwolf Harson

    Source : “Moeurs et psychologie des anciens islandais”, Régis Boyer.

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  • Le 24 février 391, l'empereur Théodose promulguait un édit interdisant les croyances et pratiques "païennes" sous peine de mort.
    aujourd'hui, ce jour est pour les païens, un jour hommage envers les victimes des intégrismes et de l'intolérance religieux.



    24 Février : Jour du Souvenir païen

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     La déesse Discordia de la mythologie romaine incarne, comme son nom l'indique, le principe même de la discorde, de la mésentente. Elle personnifie cette force négative qui engendre les tensions, les dissensions, les querelles, les conflits, les guerres...

    C'est, par extension, la déesse du  Chaos. Son attribut est la pomme. On disait jadis que lorsqu'elle jetait celle-ci entre deux personnes, entre deux nations, ou même entre deux autres divinités cela les poussait inexorablement à se quereller.
    D'où l'expression "Pomme de discorde", toujours couramment employée aujourd'hui.

    Discordia est un "avatar" romain de la déesse grecque Eris. C'est pourquoi elle est parfois désignée sous le nom d' Eris-Discordia.

    Dans la mythologie grecque, Eris, de par ses agissements, est à l'origine des rivalités qui ont notamment provoqué la guerre de Troie.

    Hans CANY

    La déesse DISCORDIA et sa pomme de...discorde

     Eris-Discordia, par Himitsuhana

     

    La déesse DISCORDIA et sa pomme de...discorde

    Eris-Discordia, entourée des rayons fléchés de l'Etoile du Chaos. Peinture originale par Emily Balivet, 2011.

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  • Lorsque l'on avance machinalement que les Allemands sont nos "cousins germains", selon une formule bien convenue et quelque peu galvaudée, on ne croit pas si bien dire... Il est en effet fondamental de prendre conscience du fait que dans l' Hexagone actuel, ce ne sont pas moins de 40% environ de la population de souche qui ont des origines franchement germaniques. Et que ce chiffre monte même jusqu'à 70% pour les régions situées au nord de la Loire, ce fleuve constituant à plus d'un titre une frontière ethno-culturelle depuis plus de 1500 ans. Cela représente donc à peu près 15 à 18 millions d'individus. Ce qui est à la fois beaucoup et peu, sur une population globale de 60 millions. D'autant plus que la grande majorité de ces 15 à 18 millions d'individus est complètement amnésique et acculturée...

    La proportion la plus importante de personnes ayant plus ou moins de racines germaniques se retrouve bien entendu dans les régions situées au nord de la Seine, ainsi qu'au nord-est et à l'est de la France. Mais il est tout à fait simpliste, réducteur et même erroné de croire que les Germains de l'Hexagone se limitent aux Alsaciens, aux Lorrains et aux Flamands. La part de germanité de la France, loin de se limiter à ces seuls secteurs géographiques, est en réalité beaucoup plus importante que cela.
    C'est ce fait ethnique et historique méconnu que l'auteur, Hubert Kohler, s'est attaché à analyser tout au long d'un ouvrage convaincant et fort bien documenté.

    Hans CANY

     

     

     

    A lire : PRESENCE GERMANIQUE EN FRANCE

    PRESENCE GERMANIQUE EN FRANCE
    Auteur: Hubert Kohler
    Editions: L'Aencre
    Pages: 287

    A l'heure où la France s'engage dans la construction européenne, de nombreux Français s'interrogent quant à l'avenir et à l'identité de leur pays. Trop longtemps, de la diversité des apports constitutifs du peuple français, des thèses diverses et sectaires n'ont voulu retenir que l'élément latin ou celtique, négligeant le fait que le nom même de France est celui d'un conquérant germanique. Au-delà du symbole, et sans parti pris, l'auteur est allé rechercher, grâce aux données modernes de la toponymie, de l'hématologie et de l'anthropologie, quelle était la part réelle des Francs et des autres groupes germaniques dans la substance française.

    Une lecture vivement recommandée !

     

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  • Par Hathuwolf Harson

     

    Ce très beau symbole solaire est aussi un symbole polémique, car il a revêtu de nos jours une connotation politique. Le nom de ce symbole vient de l'allemand "Schwarze Sonne". Bien que certains milieux universalistes et “bien-pensants” voudraient faire croire que ce symbole est une création du régime NS, il n’en est rien. Son origine est historiquement attestée et complètement païenne ; les originaux qui ont inspiré le Soleil Noir datent en gros entre le 4è et le 6è siècle de notre ère et furent particulièrement en vogue parmi le peuple germanique des Alamans. Sur la photo qui accompagne ce texte, on peut observer de nombreux originaux archéologiques. Ils sont la preuve de l’ancienneté de ce symbole germanique.


    Le Soleil Noir est un symbole solaire. Il est composé de runes Sowilo. Cette rune est justement celle du Soleil, ce qui renforce le symbolisme solaire. Ce genre d'amulette historique s'appelle en allemand de manière générale "Zierscheibe", terme qui veut dire "disque ornemental". On en trouve jusqu'à l'époque plus reculée de l'âge du bronze proto-germanique, époque où les cultes solaires prirent une très forte importance, surtout depuis l’influence indo-européenne dans le Nord européen. Pour plus d'informations, voir le lien suivant=> http://en.wikipedia.org/ wiki/Zierscheibe

    J’ai longtemps cru que la version avec 12 runes du soleil était elle, oui, une création du régime NS, en particulier de la SS-Ahnenerbe (mot qui signifie “héritage des ancêtres”). Car il faut savoir en effet que cette section de recherches culturelles et historiques de la SS, l’Ahnenerbe, avait fait de très bonnes études, et il faut le dire sans parti pris aucun et loin de toute apologie, car nier ceci relève de la mauvaise foi. Mais l’Ahnenerbe s’était aussi permis de graves erreurs au niveau de l’interprétation des symboles germaniques, erreurs parfois volontaires pour des raisons politiques évidentes. Au château de Wewelsburg près de Paderborn et des Externsteine, endroit qui fut un haut lieu de la SS-Ahnenerbe, se trouve sur le sol de la salle principale la plus célèbre représentation du Soleil Noir. Ce Soleil Noir avec 12 «rayons» est au centre d’une salle entourée de 12 colonnes. Dans le sous-sol du château se trouve une autre salle où se réunissait l’élite de la SS sur 12 socles respectifs entourant un feu cérémoniel. Le symbolisme du chiffre 12 est ici à rapprocher des 12 mois de l’année s’inscrivant dans le rythme annuel des cycles solaires, ce qui est également une autre interprétation des 12 chevaliers de la table ronde, un des mythes chers à Heinrich Himmler, le chef de la SS. Le terme de «Noir» désigne dans le cas de ce symbole l’aspect occulte de la connaissance liée aux anciens cultes solaires.

    Ce genre d’explication symbolique n’est bien-sûr valable que pour un calendrier comportant justement 12 mois, ce qui ne fut pas le cas pour la culture germanique des origines. Ceci dit, j’ai dû constater que cette version du Soleil Noir avec douze runes Sowilo n’était en fait pas du tout une invention de la SS-Ahnenerbe, car il existe un original archéologique comportant lui aussi 12 runes Sowilo (voir la photo, c’est justement le modèle qui comporte un swastika en son centre, en haut à droite). On peut donc affirmer sans crainte que le Soleil Noir est un symbole historique ancien, même si de nos jours il a été repris par certains mouvements identitaires ou politiques, ce qui est parfaitement leur droit, du moment qu’un certain esprit du symbole est respecté.

    À ce stade de notre réflexion, il est important d’approfondir un peu le sujet. Lorsqu’on observe les différents modèles archéologiques de la photo, on s’aperçoit très vite que le nombre des runes Sowilo, les “rayons” du Soleil Noir, ne sont pas marqués par un nombre fixe. Il y a des Soleils Noirs avec 4, 5, 6, 7, ou 12 runes. Le nombre des runes n’est donc pas une constante, ce qui permet de conclure que ce nombre n’était pas le centre du symbolisme lié à cette amulette solaire. Le nombre de fois que fut représentée la rune Sowilo sur une amulette est plutôt lié à la magie runique que nous connaissons des inscriptions historiques. On gravait alors un certain nombre de fois une rune en particulier afin d’obtenir un résultat bien précis et souhaité. Graver par exemple 3 fois la rune Fehu était une opération rituelle d’ordre magique dont le but était l’abondance et la prospérité. Employer 4 fois la rune Sowilo s’inscrit totalement dans le cadre des rythmes cycliques lié aux 4 saisons de l’année, ce qui en fait un hymne tout particulier dédié au à la Divinité du soleil. Le symbolisme du chiffre 4 se retrouve parfaitement dans celui de la roue solaire avec ses 4 rayons. Le 12 est un multiple de 4, on peut donc analyser le chiffre 12 comme étant bien ce que nous avons vu ci-dessus: un symbole s’inscrivant dans le rythme des cycles solaires. Le fait que 4 doive être multiplié par 3 pour obtenir 12, est un autre élément révélateur, car le 3 fut depuis toujours utilisé en magie, qu’elle soit runique ou non. Le 3 permet d’activer une invocation, et dans ce cas d’activer le pouvoir de la rune Sowilo. Quant aux autres chiffres utilisés dans les différentes amulettes, ils ont très certainement eu une signification particulière pour la création de l’objet, même si à notre époque certains symbolismes numériques de la tradition germanique nous échappent parfois.

    Hathuwolf Harson

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  •  Par Hathuwolf Harson

     

    Nombreux sont les dragons que nous livrent les différentes mythologies d’Europe et d’ailleurs. Pour qui se penche sur nos anciennes traditions païennes, cet animal mythique est incontournable. Il se présente souvent sous la forme d’un serpent ailé avec des pattes, ce qui le rapproche pas mal de l’image d’un dinosaure. Il crache souvent du feu et sa taille gigantesque rappelle la fragilité de l’homme face à cette puissance brute de la nature.

    Quelques-uns de ces dragons ont traversé les siècles car les mythes ont su maintenir vivant leur souvenir : le dragon-serpent Fafnir qu’affronte le héros solaire Siegfried de la tradition germano-nordique, le dragon-serpent Python qu’affronte le Dieu solaire Apollon de la tradition grecque, les dragons celtiques du roi Llud de la tradition irlandaise, les dragons de Merlin dans le cycle celte arthurien, le dragon gardien du jardin des Hespérides de la tradition grecque, les Smaj de la tradition slave, le Kaliya de la tradition indo-aryenne affrontant le Dieu Krishna, Jormungandr ou Niddhogr de la tradition nordique, etc...

    Dans le cadre historique européen du symbolisme rattaché au dragon, il faut considérer deux grandes phases : celle issue du paganisme et celle engendrée par le judéo-christianisme. Avec l’image du dragon, nous sommes encore une fois en présence d’une perversion du symbole païen par le christianisme. L’argument typique de ceux qui tentent de voir dans le christianisme européen une continuité du paganisme ne tient pas la route, et le dragon en est justement un exemple très révélateur. Pour les païens le dragon était un symbole des forces brutes et originelles de la nature avec des développements que nous allons voir en détails, alors que pour le christianisme le dragon était un symbole du mal absolu et du paganisme qu’il fallait abattre, symbole que nous retrouvons avec des héros chrétiens comme St-Georges ou St-Michel terrassant le dragon.

    Certes, l’image du dragon continua avec le christianisme, mais le sens profond fut complètement altéré. Dans le symbolisme comme dans bien d’autres domaines, il ne faudrait pas confondre la forme et le fond, démarche nécessaire pour saisir correctement toute la portée d’un symbole et de son histoire au cours des siècles.

    Le symbolisme païen du dragon, celui qui remonte à la nuit des temps, est l’expression des quatre éléments fondamentaux : l’eau, la terre, l’air et le feu. Le dragon concentre sur lui la force des quatre éléments, une force qui pèse son poids dans le monde magique des symboles.


    - Sa connexion avec l’élément «eau» se doit au milieu aquatique dont il est souvent issu et dans lequel il évolue fréquemment. On voit également le dragon dans plusieurs mythes faisant naître des sources. Ce lien avec l’élément «eau» nous donne une première indication symbolique, il fait du dragon une figuration de la vie primordiale, une des origines de la vie. L’eau est source de toute vie, elle naquît jadis de la rencontre du monde du feu (Muspelheim) et du monde de la glace (Nifelheim), c’est elle qui a fertilisé et fécondé la terre pour donner naissance à la vie elle-même sous forme de végétaux, d’animaux, et d’humains. Par ailleurs, le dragon est régulièrement associé à la pluie et au tonnerre dont il serait la cause, ce qui en fait un artisan responsable de la fertilité et fécondité de la terre. Dans tout ce contexte aquatique, le dragon apparaît comme un symbole positif car générateur de vie.


    -La connexion du dragon avec l’élément «terre» se retrouve quant-à lui dans le fait que l’animal mythique est décrit comme ayant des pattes et comme habitant de profondes cavernes obscures. Ces grottes ténébreuses sont l’image du royaume souterrain des forces chtoniennes, celles qui surgissent des entrailles mystérieuses de la terre. La terre ici n’est pas seulement une image de la Terre-Mère protectrice des naissances et de la croissance, mais aussi des forces brutes et chaotiques qui résident dans l’infra monde. Ces forces chtoniennes se retrouvent dans bien d’autres symboles mythiques comme ceux du serpent, du géant, ou encore de l’aurochs au travers de la rune Uruz. Ce symbolisme nous parle d’une force brute et sauvage, dont la difficulté majeure est celle de pouvoir la contrôler. C’est une force qui repose sur le pur instinct et qui reflète le chaos des forces qui ont formé la terre à l’origine, une force qui doit être dirigé si on ne veut pas qu’elle parte dans tous les sens. Cet aspect terrestre donne au dragon un aspect négatif certain, car il implique une grande crainte de l’homme face aux forces titanesques du chaos originel.


    -La connexion du dragon avec l’élément «air» trouve toute son expression dans le fait que le dragon soit une espèce de serpent ailé capable de voler et d’évoluer dans les airs. Cela fait de lui un animal tout aussi aérien que terrestre. C’est toute l’ambigüité de la symbolique du dragon d’ailleurs, car il unit en lui des aspects qui semblent s’opposer et même se contredire. Cet aspect céleste nous présente souvent un autre aspect positif du dragon, celui dont les forces brutes sont maîtrisées et dirigées, celui qui donne vie aux forces créatrices de l’ordre cosmique. Après le chaos des origines, une fois la force sauvage et brute contrôlée, la puissance du dragon devient celle qui met de l’ordre dans le chaos originel, celle qui vient régir par sa toute puissance favorisant ainsi la prospérité. Elle vient civiliser et donner une dimension spirituelle à l’être humain. À ce titre, le dragon assume une fonction royale, le transformant en un véritable législateur mythique, et c’est bien pour cet aspect-là que le dragon a été (et l’est encore de nos jours) tellement présent sur les blasons des différents rois, empereurs, nations et régions.


    -La connexion du dragon avec l’élément «feu» se retrouve évidemment dans le fait qu’il crache du feu. Cet élément est très ambigu en lui-même car il regroupe en lui les notions de destruction et de régénération, de mort et de renaissance, le tout à la fois. Il est donc tout aussi négatif que positif, une des nombreuses évidences qui montrent que le mal absolu et le bien absolu sont des notions étrangères au paganisme, car ce sont des concepts nés parmi les cultures sémitiques du Proche-Orient et qui sont venus à nous via les plus grands virus culturels qui soient : le judéo-christianisme et l’islam. Le feu par son pouvoir destructeur est un élément guerrier, une arme fracassante et impitoyable, pour employer un terme à la mode, une «arme de destruction massive». Mais le feu est aussi l’élément qui régénère et qui permet le retour de la vie, c’est le phénix qui renaît de ses cendres, ce sont les cendres qui fertilisent le champ après un incendie. La vie apporte la mort et de la mort renaît la vie, c’est l’image célèbre de l’ouroboros, le serpent qui se mord la queue, symbole que l’on retrouve d’ailleurs souvent comme dragon-serpent. Le feu est aussi associé à la connaissance et à l’initiation vers la sagesse. C’est le feu intérieur qui dévore tout homme en quête de la connaissance liée aux anciennes sagesses.

    Ceci est parfaitement représenté dans les mythes par le dragon gardien de trésors. Ces richesses protégées par le plus terrible des gardiens, en plus d’être matérielles sont aussi d’ordre spirituel. Lorsque des héros solaires comme Héraklès ou Siegfried s’affrontent au grand dragon, c’est pour relever un défi titanesque, pour prouver leur valeur guerrière qui se trouve au-delà de la simple condition humaine. Vaincre le dragon est en soi le plus grand des trésors, démarche typique des héros solaires de la tradition indo-européenne. La victoire lumineuse du héros le convertit en un dieu, car il a vaincu par son courage et sa détermination les forces géantes, brutes et sauvages qui ont formé le chaos originel, la raison solaire est devenue maître de l’instinct lunaire. Julius Evola définissait cette démarche comme la conquête d’immortalité du héros aryen, et Nietzsche n’hésiterait pas à parler du surhumain, de l’Übermensch. C’est cette même démarche que l’on retrouve dans les racines païennes et celtiques de la «quête du saint-Graal», véritable quête guerrière d’immortalité. Dans la tradition indo-aryenne, le dragon est identifié au principe originel, au feu sacré et divin incarné par le Dieu Agni. Le tueur de dragon est alors le sacrificateur qui apaise la puissance divine et produit le soma, le breuvage d'immortalité.

    On peut ainsi constater que le corps même du dragon est pur symbolisme, on dirait presque un puzzle élémentaire qui une fois assemblé donnerait l’image du dragon... des écailles comme un poisson, des ailes comme un oiseau, des pattes comme un animal terrestre, et le feu comme élément originel. Ce n’est d’ailleurs pas l’unique aspect originel du dragon, car il existe aussi celui que l’on retrouve dans plusieurs mythes : l’œuf du dragon. Tout comme l’œuf du serpent, celui du dragon représente l’origine de la vie, celle dont tout le potentiel est encore enfermé. Reclus dans sa coquille protectrice, la vie ne demande qu’à éclore et à jaillir dans tous ses aspects.

    Le paradoxe du symbolisme lié au dragon se rencontre également dans un autre détail intéressant, celui de son sang. Le sang du dragon a la réputation d’être obscur et vénéneux, causant de véritables épidémies, ceci pour l’aspect négatif et destructeur, mais d’un autre côté, le sang du dragon protège les héros et les rend invulnérables. De certaines gouttes de sang tombées sur terre sont nées des plantes aux grandes vertus médicinales. On en revient encore une fois à l’éternelle image de la vie produisant la mort, et de la mort générant à son tour la vie et sa renaissance.

    Hathuwolf Harson



    Sources:
    "Dictionnaire des symboles", Jean Chevalier et Alain Gheerbrant

    "Kleines Lexikon des Aberglaubens", Ditte und Giovanni Bandini

    "Lexikon der germanischen Mythologie", Rudolf Simek

    "Les symboles des Celtes", Sabine Heinz

    "Symboles et mythes de la tradition occidentale", Julius Evola

    Dragons occidentaux: http://fr.wikipedia.org/ wiki/ Dragon_(mythologie)#Dragons _occidentaux

    Symbolisme des Géants: https://www.facebook.com/ photo.php?fbid=287999708005 511&set=a.305926009546214. 1073741844.230064080465741 &type=3&theater

    Symbolisme du serpent: https://www.facebook.com/ photo.php?fbid=328587323946 749&set=a.305428916262590. 1073741838.230064080465741 &type=3&theater

    La rune Uruz et l'aurochs: https://www.facebook.com/ photo.php?fbid=301065820032 233&set=a.300053296800152. 1073741833.230064080465741 &type=3&theater
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    Symbolisme du DRAGON

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  • Personnage historique ou purement mythologique ? N'en déplaise à ses thuriféraires divers et variés, comme à ses "fans" plus ou moins avoués, l'existence historique du personnage de Joshua Ben Youssef, alias Jésus fils de Joseph, alias Jésus-Christ, est loin d'être sérieusement démontrée.
    Certains n'hésitent pas à la contester radicalement, et les arguments sur lesquels ils se fondent sont à priori tout à fait recevables. Et, du reste, est-il simplement permis, aujourd'hui encore, de se poser des questions ?  Doit-on croire aveuglément à la réalité de faits qu'absolument rien ne vient étayer de façon significative, et doit-on pour autant s'interdire de formuler toute objection, toute réflexion, et toute remise en question à ce sujet ?... Le B.A-BA de l'esprit scientifique, de la libre recherche, cela réside dans le fait de savoir prendre du recul, de ne jamais considérer une quelconque "vérité" comme définitivement acquise, et de toujours se réserver la possibilité de remettre en cause les "certitudes" supposément établies, au-delà du passionnel, de l'émotionnel, et des dogmes religieux. En dehors de cela, le retour de l'Inquisition n'est pas loin...
    (Hans CANY)

    Cimabue_027.jpg

    Emilio Bossi

    Jésus-Christ n'a jamais existé

     

     
    Aucun historien contemporain n’a parlé de ce personnage. L’histoire n’a conservé sur Jésus-Christ aucun document, aucun témoignage, aucune preuve qui établisse la réalité de sa personne, la vérité de son existence humaine.
     
     
     
    Jésus n’a laissé aucun témoignage
     
    Lui-même n’a jamais rien écrit (1) A la vérité, Socrate non plus n’a rien écrit, s’étant contenté du seul enseignement oral. Mais entre Socrate et le Christ, il y a trois différences capitales : la première est que Socrate n’enseigna rien qui ne fût rationnel, ou mieux encore, humain, tandis que le Christ, à peu de vérité humaine, mêla beaucoup de fables merveilleuses; la seconde est que Socrate apparaît dans l’histoire uniquement comme un être naturel, tandis que le Christ n’a été et n’est connu que comme un être surnaturel; la troisième est que Socrate eut pour disciples des personnages historiques qui rendent témoignage de son existence,  tels que Xénophon, Aristippe, Euclide, Phédon, Eschine et le divin Platon,  tandis que tous les prétendus disciples du Christ, il n’en est pas un qui nous soit connu autrement que par les documents suspects de l’Église, comme fut connu leur maître. Si donc, du fait que Socrate n’a rien écrit, on ne peut conclure qu’il n’ait jamais existé, la conclusion de la non-existence de Jésus s’impose, au contraire, à titre de présomption, du fait que ce dernier, vivant cinq siècles plus tard, n’a laissé aucune écriture. Il n’existe aucun témoignage écrit sur Jésus, hors des évangiles, qui sont sans autorité Il y a, du reste, mieux à dire. Non seulement le Christ n’a jamais rien écrit lui-même, mais on n’a rien écrit sur son compte. Citerez-vous la Bible ? Elle ne peut nous fournir la preuve que le Christ ait été un personnage réel (2), et même elle nous fournit force preuves contraires; au vrai, elle est d’un bout à l’autre la preuve de la non-existence de Jésus.
     
     
     
    Silence étrange de tous les historiens juifs ou païens
     
    En dehors de la Bible, aucun auteur profane, parmi tous ceux qui auraient été ses contemporains, ne nous a transmis à son sujet le moindre renseignement. Flavius Josèphe, Tacite, Suétone et Pline font tout juste mention du Christ. Mais les textes des deux premiers ont été interpolés et falsifiés; quant aux deux autres, ils n’ont parlé de lui qu’étymologiquement, pour désigner la superstition chrétienne qui lui avait emprunté son nom et la secte attachée à cette superstition. Ces écrivains, d’ailleurs, n’ont pas connu le Christ; ils ne se portent pas garants de son existence; ils ont écrit longtemps après la date à laquelle le Christ aurait vécu, et ils ne parlent que d’après des manifestations passagères qui attesteraient plutôt la non-existence.
     
    Ernest Renan, le plus grand des historiens critiques de Jésus, qui a eu le tort de présenter sa Vie de Jésus comme une biographie, alors qu’elle n’est qu’un ingénieux roman, est pourtant obligé de remarquer le silence de l’histoire sur son héros. «Les pays grecs et romains n’entendirent pas parler de lui; son nom ne figure dans les auteurs profanes que cent ans plus tard, et encore d’une façon indirecte, à propos des mouvements séditieux provoqués par sa doctrine ou des persécutions dont ses disciples furent l’objet. Dans le sein même du judaïsme, Jésus ne fit pas une impression bien durable.
     
    Philon, mort vers l’an 50, n’a aucun soupçon de lui. Josèphe, né l’an 37, en écrivant sur la fin du siècle, mentionne son exécution en quelques lignes (3), comme un événement d’une importance secondaire (4); dans l’énumération des sectes de son temps, il omet les chrétiens. Juste de Tibériade, historien contemporain de Josèphe, ne prononçait pas le nom de Jésus. La Mishna, d’un autre côté, n’offre aucune trace de l’école nouvelle; les passages des deux Gémares où le fondateur du christianisme est nommé n’ont pas été rédigés avant le quatrième siècle ou le cinquième siècle.» (5)
     
    Un auteur juif, Juste de Tibériade, qui avait fait une histoire des Juifs, de Moïse à l’an 50 de l’ère chrétienne, ne prononçait même pas, au dire de Photius, le nom de Jésus. Javénal, qui poursuivit de da satire les superstitions de son temps, parle des Juifs, mais il ne s’occupe pas plus des chrétiens que s’ils n’existaient pas (6) Plutarque, né 50 ans après le Christ, historien minutieux, qui n’aurait certes pas ignoré Jésus-Christ et ses gestes, s’ils s’étaient réellement produits, n’a pas, dans ses nombreux ouvrages, un seul passage qui fasse une allusion quelconque au chef de la secte nouvelle ou à ses disciples.
     
    César Cantu, pour qui la foi la plus aveugle, indigne d’un historien, est un voile épais sur les yeux, et qui en vient à tenir pour faits historiques les plus absurdes légendes du christianisme, s’avoue déconcerté par le silence de Plutarque; il dit tristement que «Plutarque demeurait attaché à sa foi aux divinités païennes comme si aucune voix encore n’avait menacé leurs autels... et que, par suite, dans tant d’ouvrages de morale qu’il écrivit, il ne voulut jamais dire un mot des chrétiens.» (7) Sénèque, qui, par ses écrits remplis de ces sentences qui donnèrent corps et vie au christianisme, fit penser qu’il avait été lui-même chrétien ou qu’il avait eu des relations avec des disciples du Christ, dans son livre sur les Superstitions, perdu ou détruit, mais que saint Augustin nous a fait connaître, ne dit pas un mot du Christ et, quand il parle des chrétiens déjà répandus en diverses parties de la terre, il ne les distingue pas des Juifs, qu’il appelle une nation abominable (Cool
     
    Mais c’est surtout le silence de Philon sur Jésus qui a une importance décisive. Philon, qui avait déjà 25 ou 30 ans lorsque Jésus aurait du naître et qui mourut plusieurs années après la date à laquelle ce dernier aurait dû mourir, ne sait rien et ne dit jamais rien de Jésus-Christ. C’était un homme docte, qui s’occupa spécialement de religion et de philosophie. Il n’aurait assurément pas négligé de citer Jésus, qui était de son pays et de sa race, si Jésus avait paru sur la terre et s’il avait accompli une si grande révolution dans l’histoire de l’esprit humain. Une circonstance singulière rend encore plus significatif le silence de Philon : c’est que tout l’enseignement de Philon peut se dire chrétien, à ce point que Havet n’a pas hésité à l’appeler «un vrai père de l’Église.» Philon, en effet, s’efforça d’unir le judaïsme et l’hellénisme, en interprétant habilement les parties les moins nobles de l’Ancien Testament par la distinction du sens littéral et du sens allégorique, et en pénétrant la religion juive du mysticisme des néoplatoniciens alexandrins. C’est ainsi qu’il constitua une doctrine platonicienne du Verbe ou Logos, qui a beaucoup d’affinité avec celle du quatrième Évangile et, dans cet évangile, le Logos c’est précisément le Christ. N’est-ce pas là une circonstance révélatrice ? Philon vit dans le temps où l’on a placé l’existence du Christ; il est déjà célèbre avant que le Christ naisse; il meurt plusieurs années après le Christ; il accomplit, à l’égard du judaïsme, la même transformation, la même hellénisation, la même platonisation qui fut l’œuvre des Évangiles, et spécialement du quatrième; il parle du Logos ou du Verbe exactement comme le quatrième Évangile; et pourtant, il ne nomme pas une seule fois le Christ ! Jamais, dans aucun de ses ouvrages !
     
     
    N’y a-t-il pas là la preuve que Jésus-Christ ne fut pas un personnage historique et réel, mais une création mythologique et métaphysique, à laquelle contribua plus que tous Philon lui-même, qui écrivit comme un chrétien sans rien savoir encore de ce nom de chrétien, qui parla du Verbe sans connaître le Christ, et qui enseigna une doctrine identique à celle que l’on a attribuée au Christ sans même soupçonner l’existence du Christ ? Si Philon a pu parler du Verbe et écrire comme un chrétien avant le Christ, n’est-ce pas la démonstration que le christianisme se produit sans le Christ, par les oeuvres précisément de ce même Philon, qui ne dit pas un seul mot de la personnalité humaine, de l’existence matérielle et historique de Jésus-Christ ? Non, Jésus n’a pas existé, car, s’il avait existé, Philon n’aurait pas pu ne pas parler de lui.
     
    Philon, le Platon juif-alexandrin, contemporain du Christ, cite tous les événements et tous les grands personnages de son temps et de son pays, sans même oublier Pilate; il connaît et décrit avec force détails la secte des Esséniens, qui vivaient aux environs de Jérusalem et sur les rives du Jourdain; sous le règne de Caligula, il fut envoyé à Rome pour défendre les Juifs, et cela fait supposer en lui une connaissance exacte des choses et des hommes de sa nation; immanquablement, si Jésus avait réellement existé, il aurait été obligé d’en faire au moins mention. Silence de Philon - Le silence de tous les historiens ne peut s’expliquer que par la non-existence de Jésus.
     
     
     
    Ce silence de tous les écrivains contemporains sur Jésus-Christ n’a pas été pris, jusqu’à présent, en considération autant qu’il conviendrait pour l’arrêt de la vérité historique (9) Même les écrivains d’esprit libre ont passé avec trop de hâte et de légèreté sur cette constatation. J. Salvador (10) explique facilement (c’est son mot) un tel silence, par ce fait que le fils de Marie ne laissa à Jérusalem que de faibles traces; Stefanoni (11), pour pouvoir l’expliquer, réduit la naissance et la vie de Jésus à de si mesquines proportions que ce n’est plus qu’un évènement très vulgaire. Ces explications sont trop inadéquates. Nous ne connaissons qu’un seul Jésus, celui des Évangiles et des Actes des Apôtres. Or, non seulement ce personnage n’aurait pas laissé à Jérusalem d’aussi «faibles traces» que le prétend Salvador; non seulement sa vie n’aurait pas été réduites aux «mesquines proportions» que suppose Stefanoni; mais, tout au contraire, la vie du Christ, à en croire la Bible, se serait déroulée avec un retentissement si extraordinaire que jamais aucune vie humaine n’en aurait eu de semblable.
     
    La personnalité du Christ aurait donné lieu à des tumultes publics, à une arrestation, à un procès, à un drame judiciaire suivi d’une mort tragique; elle aurait accompli tant et de tels prodiges, et si merveilleux ¾ visite des anges, apparitions d’étoile qui marchent pour indiquer le lieu de sa naissance aux rois qui viennent d’Asie lui apporter leurs hommages, massacre des innocents dispute avec les docteurs à l’âge de douze ans, multiplication des pains, changement de l’eau en vin, guérison des malades, résurrection des morts, domination des éléments et des ténèbres, tremblement de terre à la suite de sa mort, et sa propre résurrection, tant et tant que les plus indifférents auraient été forcés de s’en émouvoir, que l’univers entier, sur l’heure, en aurait eu immanquablement connaissance, et que la curiosité des chroniqueurs, des annalistes, des historiographes n’aurait pas pu ne pas s’y intéresser.
     
    Quand il s’agit d’un tel personnage et de tels événements, le silence de l’histoire est absolument inexplicable, invraisemblable, déconcertant. Et c’est ce que M. Auguste Dide a remarqué avec raison : «Une pareille ignorance, une inattention aussi dédaigneuse, déjà bien inexplicable s’il s’agissait seulement d’une manifestation historique ayant abouti à des tumultes, à des troubles violents, à une arrestation, à un drame judiciaire suivi de mort, devient (si on croit à la vérité des apologies évangéliques) tout à fait invraisemblable et stupéfiante. Car elle s’appliquerait aux faits les plus prodigieux, à des événements non seulement dignes de la curiosité et des commentaires des annalistes, mais qui devaient préoccuper l’intelligence et la conscience des spectateurs les plus indifférents et les plus distraits par nature... Et nul n’en sait rien? Pas un mot chez l’historien juif contemporain, Flavius Josèphe qui raconte les plus menus détails de l’histoire de ce temps-là; pas un mot dans Tacite, dans Suétone, dans les historiens grecs ou latins !» (12)
     
    C’est pourquoi l’on ne peut moins faire que de conclure qu’un tel silence constitue une grave présomption contre l’existence historique de Jésus-Christ.
     
    D’autres éléments, d’ailleurs, permettent de dire que, si l’inexistence du Christ peut seule expliquer le silence de l’histoire à l’égard de ce personnage, le silence du l’histoire à son tour démontre son inexistence. Le même silence de l’histoire se constate relativement aux apôtres. Nous n’avons, en ce qui les concerne, d’autres documents que ceux qui viennent de l’Église, qui, par là même, sont dépourvus de toute valeur probative, et qui nous les font connaître non comme des hommes naturels, mais comme des êtres surnaturels ou du moins, comme des thaumaturges, ¾ ce qui est à peu près la même chose. Les seuls faits historiques qui soient attribués aux apôtres ¾ le voyage de saint Pierre à Rome, sa dispute avec Simon le Magicien, la rencontre de saint Pierre avec Jésus et le fameux Quo vadis, Domine ? la mort de saint Pierre ¾ ne se trouvent racontés que dans les livres déclarés apocryphes par l’Église elle-même. On peut faire la même observation pour Joseph et Marie, les parents de Jésus, pour ses frères et toute sa famille. Ce sont là des circonstances qui donnent plus de signification au silence de l’histoire à l’égard de Jésus.
     
    Emilio BOSSI
    (Traduction en français par l’ex-Abbé défroqué Victor Charbonnel, 1926)
     

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    NOTES :
     
    (1) La prétendue lettre de Jésus au roi Abgar est une fraude pieuse; cela est démontré. Origène et saint Augustin la répudient nettement, et ils déclarent que le Christ n’a rien écrit. Du reste, l’Église elle-même le reconnaît, puisqu’elle n’a pas mis cette lettre au premier rang des documents canoniques, et elle aurait eu un intérêt capital à le faire si une telle pièce avait présenté quelque caractère d’authenticité. On peut dire la même chose des dernières lettres de Pilate à Tibère. (NOTE DE L’AUTEUR) ¾ Ajoutons que cette fabrication de documents par les chrétiens, ces «fraudes pieuses», prouvent le manque de documents authentiques. S’il y en avait eu de vrais, on n’aurait pas eu besoin d’en faire de faux. (NOTE DU TRADUCTEUR)
     
    (2) M. Ch. Guignebert, chargé du cours d’histoire des religions à la Sorbonne, dit : «Tout le monde ou à peu près, avoue aujourd’hui que nos Évangiles ne sont pas des histoires de Jésus et de ses premiers disciples, mais seulement des biographies édifiantes, où les épisodes sont choisis et arbitrairement disposés pour encadrer des enseignements. On admet généralement que chacun des trois évangiles a eu son but particulier, en vue duquel il a organisé sa narration.» (Manuel d’Histoire ancienne du Christianisme, p. 40) Ce sont là des dispositions bien peu compatibles avec la véracité de l’historien; - et le même savant professeur dit encore : «Le christianisme rapporte son origine à Jésus-Christ. La tradition orthodoxe prétend posséder son histoire humaine dans les Évangiles, mais nous savons qu’ils ne nous ont conservé que des témoignages lointains, indirects, souvent contradictoires, toujours arbitrairement ordonnés, tout à fait étrangers au souci de la prédiction et de la vérité objective... on a pu très sérieusement se demander si tout ce que nous savons de Jésus n’était pas légendaire, si son existence même ne devait pas être rejetée parmi les mythes.» (Man. d’Hist. anc. du Christianisme, pp. 156-157.) - M. Guignebert, il est vrai, admet encore l’existence de Jésus, mais il constate que les études critiques sur les affirmations évangélistes sont d’autant plus négatives dans leurs conclusions qu’elles sont scientifiquement conduites (p. 156.) (NOTE DU TRADUCTEUR)
     
    (3) Renan ici ajoute une note pour avertir que le passage de Josèphe a été altéré par une main chrétienne. Pourquoi seulement altéré ? Il a été INTERPOLE. (NOTE DE L’AUTEUR)
     
    (4) Josèphe était un historien juif, né en l’an 37 (donc quatre ans après la mort prétendue de Jésus) Il a laissé un ouvrage appelé : Antiquités judaïques. Au livre XVIII, chapitre III, de ces Antiquités, on trouve le passage suivant : «Dans ce même temps naquit Jésus, homme sage, si toutefois on peut l’appeler un homme, car il accomplit des oeuvres admirables, enseignant à ceux qui l’aimaient à s’inspirer de la vérité. Non seulement il fut suivi par beaucoup de Juifs, mais aussi par les Grecs. C’était le Christ. Les principaux de notre nation l’ayant accusé devant Pilate, celui-ci le fit crucifier. Ses partisans ne l’abandonnèrent pas après sa mort. Vivant et ressuscité, il leur apparut le troisième jour, comme les saints prophètes l’avaient annoncé, pour faire mille autres choses miraculeuses. La société des chrétiens qui subsiste encore aujourd’hui a reçu de lui son nom.» ¾ Tel est le seul passage profane en faveur de Jésus. Or, est-ce là ce qu’aurait écrit un historien juif, tel que le juif Josèphe ? Non, un juif n’aurait pu tenir un pareil langage qui fait de Jésus un Dieu, et un Dieu ressuscité. C’est un chrétien qui a rédigé ce texte et qui l’a introduit, par interpolation ou intercalation, dans une copie de l’ouvrage historique de Josèphe. A l’endroit où il se trouve, ce passage interrompt brusquement la suite du récit de Josèphe. Rien ne l’appelle. On sent que c’est un morceau ajouté après coup. Perdu au milieu d’un chapitre qui raconte les amours d’une dame romaine et un châtiment infligé au peuple de Jérusalem, sans lien aucun avec le contexte; il est considéré comme la critique moderne, non seulement comme altéré, mais comme absolument interpolé. - Le seul texte d’écrivain profane que cite Renan et que l’on puisse citer est donc une pieuse fraude chrétienne. Saint Justin, Tertullien, Origène, saint Cyprien ont souvent cité l’historien Josèphe dans leurs polémiques contre les juifs et les païens. Jamais ils n’ont invoqué à leur avantage ce texte de Josèphe. C’est donc qu’il n’avait pas été intercalé dans les copies qu’avaient en mains ces défenseurs du christianisme et que la fabrication est postérieure. Bien plus, Origène dit expressément que l’historien Josèphe ne reconnaissait pas Jésus pour le Christ (Contre Celse, liv. I, p. 47.) Il n’eût pu le dire, si le passage avait été, de son temps, dans l’œuvre de Josèphe. (NOTE DU TRADUCTEUR)
     
    (5) Renan, Vie de Jésus, chap. XXVIII.
     
    (6) Stefanoni, Dictionnaire philosophique, au mot «Jésus».
     
    (7) César Cantu, Histoire universelle, Ep. VI, 2ème partie.
     
    (Cool Ernest Havet, Le Christianisme et ses Origines, t. II, chap. XIV.
     
    (9) M. Stéphane Servant, dans une étude de La Revue Intellectuelle (juin 1908), à propos de l’ouvrage du Dr Binet-Sanglé sur la Folie de Jésus, a excellemment noté l’importance de ce silence des historiens sur Jésus, et, surtout en ce que concerne Philon, il dit : «Ce qui paraît tout à fait extraordinaire dans l’énigme de Jésus-Christ, c’est que pas un seul auteur contemporain, pas même un auteur juif, n’en ait dit un mot. Philon, qui vécut en même temps que lui, qui mourut après lui, qui était en relation avec Jérusalem et les pèlerins qui s’y rendaient chaque année pour Pâques, Philon qui décrit les sectes juives; Flavius Josèphe, qui s’étend sur les plus obscures parmi ces dernières, ignorent le Christ. Figurez-vous quelque catholique à la façon de l’abbé Loisy, quelque libre-penseur à la façon de Renan, entreprenant, avec le souci d’exactitude historique, un ouvrage sur les sectes actuelles de l’Église romaine en France et, supposant qu’il existât de nos jours, oubliant de mentionner précisément l’Homme-Dieu. Ajoutez à cela que, suivant l’Évangile, cet Homme-Dieu ne s’est pas glissé obscurément sur la route de l’Histoire, mais y fut accompagné d’un cortège de miracles et d’évènements inouÏs, que le massacre des Innocents, la venue des Rois Mages sont les moindres faits se rapportant à sa naissance pour laquelle le Ciel des annonciateurs et la Terre des rédempteurs furent bouleversés, et tâchez de comprendre. Hors des historiens juifs, même silence. Pas un seul contemporain de Jésus, pas un, n’en a entendu parler : il y a là quelque chose d’inouï. S’il y avait un miracle réel dans la vie réelle de cet homme, le plus miraculeux serait celui d’une pareille omission.»
     
    (10) J. Salvador, Jésus-Christ et sa Doctrine, t. I, liv. II.
     
    (11) Stefanoni, Dictionnaire philosophique et Histoire critique de la Superstition, vol. II, chap. I.
     
    (12) Les tentatives de faire rentrer dans l’histoire, d’arracher aux brouillards de la théologie une personnalité qui, jusqu’à l’âge de trente ans, est absolument inconnue et qui, à partir de cet âge, apparaît au milieu des miracles, tantôt absurdes et tantôt ridicules, est une tentative si difficile qu’on peut, a priori, le déclarer impossible.» (Dide, La fin des religions.) Ernest Havet, dans son grand ouvrage : Le Christianisme et ses Origines, sans aller jusqu’aux conclusions de la critique actuelle sur la non-existence de Jésus, exprime ses doutes. Il dit : «Socrate est une personne réelle, et Jésus est un personnage idéal. Nous connaissons Socrate par Xénophon et Platon, qui l’ont connu; ils écrivent sur lui dans Athènes, pour les Athéniens, au milieu desquels s’est passée sa vie, et ils écrivent au lendemain de sa mort. On verra au contraire que ceux qui nous ont parlé de Jésus ne le connaissent pas et s’adressaient à des hommes qui le connaissaient encore moins; qu’ils ont écrit à plus d’un demi-siècle de distance, dans des pays qui n’étaient pas le sien, en une langue qui n’était pas la sienne. Ils n’ont écrit qu’une légende : Jésus est un personnage historique qui n’a pas d’histoire. J’ai déjà développé ailleurs cet idée et je prie qu’on me permette de me répéter : «Socrate est, comme on dit, percé à jour. Nous connaissons sa figure et son nez retroussé. Nous n’ignorons ni sa femme Xanthippe, ni l’humeur de Xanthippe. Nous le suivons à l’Agora, aux gymnases, à tables, au lit; nous assistons à ses amusements avec ses amis ou à ses disputes avec ses adversaires; nous l’accompagnons dans l’atelier d’un peintre, dans la boutique d’un marchand ou chez la belle Théodote qui pose pour un portrait. Nous l’entendons, pour ainsi dire, toutes les fois qu’il parle et aussi longtemps qu’il parle. Celui qu’on entend causer, celui qu’on voit rire, ne sera jamais un dieu. Je ne sais si Jésus a jamais ri ou causé, car c’était un homme de Lorient; mais ses biographes ne nous le diraient pas ou plutôt il n’a pas de biographie. On ne nous parle pas de son visage; son âge même n’est pas indiqué. Il n’était pas marié sans doute, il a été de ceux qui se font eunuques pour le royaume des cieux; mais on n’a pas seulement pris la peine de nous le marquer en termes exprès. On ne nous dit rien de ses habitudes et du détail de sa vie. On ne nous raconte de lui que des apparitions, on ne recueille de sa bouche que des oracles. Tout le reste demeure dans l’ombre; or, l’ombre et le mystère, c’est précisément ce qui est divin. Si on aperçoit quelque chose de ses passions ou de ses préjugés, c’est autant que ses disciples les partagent et les sanctifient; on n’entrevoit rien de ses faiblesses. En un mot, ceux qui nous racontent Socrate sont des témoins; ceux qui nous parlent de Jésus ne le connaissent pas : ils l’imaginent.»

     

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    2 commentaires
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    Le champ mégalithique de Wéris-Oppagne, situé en région Famenne, en Ardenne, est le plus important ensemble mégalithique de Belgique. Il comprend deux remarquables dolmens de type allées couvertes, accompagnés de menhirs, et six autres sites comprenant uniquement des menhirs. A cela s'ajoutent plusieurs "pierres à légendes", souvent des affleurement rocheux de formes inhabituelles, et qui au fil du temps ont fait l'objet de croyances et de superstitions.

     

    Les mégalithes comme les pierres naturelles sont tous constitués de poudingue, une roche extrêmement robuste, composée de galets liés entre eux en un véritable béton naturel. Cette roche étant impropre à la construction, ceci explique que le site ait été en partie préservé, et que les vestiges qui nous sont parvenus soient dans un remarquable état de conservation.

    La datation officielle des monuments les place dans la première moitié du IIIème millénaire avant l'ère chrétienne. C'est à dire à la charnière entre néolithique final (préhistoire) et Ages du cuivre et du bronze (protohistoire).

     

    L'ésotériste Paul de Saint Hilaire a présenté cet ensemble comme reproduisant au sol le plan de la Grande Ourse, chaque pierre ou ensemble de pierre représentant une ou des étoiles de la constellation, et étant donc en relation avec les autres, en fonction de considérations d'ordre astronomique. Théorie a priori séduisante, nonobstant le fait qu'elle place sur le même plan des roches naturelles et des constructions mégalithiques, ce dont la pertinence est loin d'être démontrée. La théorie de Saint Hilaire désigne en outre une simple fontaine comme constituant l'un des points de cette figure, ce qui est pour le moins discutable. Enfin, elle inclut dans le plan d'ensemble les trois menhirs d'Oppagne, alors que les recherches semblent bien indiquer que ces derniers n'occupent pas actuellement leur emplacement d'origine...

     

    Bref, le mystère continue de planer, au moins en partie, sur l'ensemble mégalithique de Wéris. Et peut-être est-ce mieux ainsi ?

    Voici à présent un rapide tour d'horizon des principaux sites à voir.

     

     

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    Le "Lit du Diable",
    ou "Paillasse du Diable"

    Cet étrange affleurement rocheux de poudingue local est naturel, mais il a peut-être été légèrement retaillé de main d'homme, comme pour le creuser ou l'aplanir. S'est-il agi d'un polissoir, et/ou d'une sorte d'"établi" de pierre ? Ou bien s'est-il agi d'un sinistre autel sacrificiel, comme l'ont avancé certains, y compris des chercheurs considérés comme "sérieux" ?... La forme générale de la pierre, évoquant une sorte de lit, est en tout cas à l'origine de légendes et de superstitions, d'où son nom.

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    La "Pierre Haina"
    Il s'agit d'un curieux éperon rocheux naturel situé au sommet d'une éminence. Les arbres que l'on distingue juste derrière masquent le fait que la pente y est très abrupte, presque à pic.  La montée, pour y parvenir, est donc relativement rude. Cette "Pierre Haina", semblable à un énigmatique visage figé depuis des millénaires, est visible de la vallée en contrebas, lorsque l'état de la végétation le permet. Bien que naturel, cet éperon rocheux a peut-être lui aussi connu partiellement la main de l'homme. Il a sans doute été l'objet lui aussi de croyances et de superstitions. La coutume qui veut que les habitants de Wéris viennent chaque année blanchir la pierre en la badigeonnant de chaux est sans doute la survivance d'une pratique cultuelle très ancienne, dont le sens nous échappe aujourd'hui.  

     

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    Le dolmen nord
    Flanqué de son "menhir indicateur", il s'agit d'une superbe allée couverte, remarquablement conservée.

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    Le dolmen nord, vu de son extrémité opposée

     

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    L'un des menhirs situés aux abords immédiats du dolmen nord

     

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et OppagneLe menhir Danthine, au lieu-dit La Longue Pierre

     

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    Façade du dolmen sud,
    avec sa curieuse ouverture en fer à cheval

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    Vue rapprochée de l'ouverture du dolmen sud

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    Le dolmen sud. Il est situé au fond d'une petite dépression ellipsoïdale, ce qui se distingue très bien ici. 

     

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    Alignement de menhirs aux abords immédiats du dolmen sud

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    A Pas Bayard, bourgade située entre Wéris et Oppagne, on peut retrouver, en cherchant un peu, le "Pas Bayard", curieux rocher sur lequel, selon la légende, le Cheval Bayard, portant les quatre fils Aymon, aurait imprimé la marque de son sabot (une large rainure, bien visible sur la photo). S'agirait-il en réalité d'un polissoir préhistorique ?

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    Les trois menhirs d'Oppagne.
    L'arbre au pied duquel ils se dressent est un "arbre à loques", auquel se rapportent des superstitions de guérison. C'est pour cette raison que l'on peut apercevoir de multiples rubans et morceaux de tissu noués à ses branches.

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne
    Les menhirs d'Oppagne
    (Ci-dessus et ci-dessous)

    Belgique mégalithique : les sites de Wéris et Oppagne


    Pour conclure, une excursion sur les lieux sommairement présentés dans le cadre du présent article ne saurait s'achever sans un passage par la Maison des Mégalithes (http://www.weris-info.be), un excellent et fort sympathique petit musée situé au cœur de la commune de Wéris, dont je vous recommande vivement la visite. Saluons enfin le travail remarquable fourni en permanence par toute une équipe de scientifiques et de passionnés, pour la préservation et la mise en valeur de cet incontournable fleuron du patrimoine archéologique wallon.

    Hans CANY

    (Texte et photos : Hans CANY) 

     

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    On a trop souvent tendance à l'ignorer, mais le petit royaume dit "de Belgique" actuel, qui n'est somme toute que de création relativement récente (1830), ne représente en fait que la moitié du territoire de la Belgique réelle.

    La Belgique originelle, ou Gaule Belgique, c'est en réalité tout l'espace compris entre la Seine (et la Marne) au sud, et le Rhin au nord-est. Elle est, à tous points de vue, un espace de transition entre les mondes celtique et germanique.

     

    Cette carte restitue fidèlement l'intégralité de cette Belgique originelle, et permet en outre d'y localiser l'implantation des différents peuples belges :

    identité & racines,hans cany,paganisme

    La Gaule Belgique 

    (Précisions : sur cette carte, le "Belgium" est le nom de la province sud-ouest de la Belgique, correspondant en gros aux département de l'Oise et de la Somme de la Picardie actuelle. Au sud-est, le nom de "Germani" n'est pas à confondre avec la Germanie située au-delà du Rhin : il désigne ici les Germains qui peuplaient alors cette portion du territoire belge.)

     

     

    Germains celtisés et Celtes germanisés

     

    Voyons à présent ce qu'écrit Jules César à propos des Belges dans ses fameux Commentaires sur la Guerre des Gaules :

     

    "La plupart des Belges sont issus des Germains ; ils avaient autrefois passé le Rhin, et s'étaient fixés en ces lieux à cause de la fertilité du sol, après en avoir chassé les habitants gaulois."

     

    En outre, il précise :

     

    "Toute la Gaule est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui, dans leur langue, se nomment Celtes, et dans la nôtre, Gaulois. Ces nations diffèrent entre elles par le langage, les institutions et les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. Les Belges sont les plus braves de tous ces peuples, parce qu'ils restent tout à fait étrangers à la politesse et à la civilisation de la province romaine, et que les marchands, allant rarement chez eux, ne leur portent point ce qui contribue à énerver le courage : d'ailleurs, voisins des Germains qui habitent au-delà du Rhin, ils sont continuellement en guerre avec eux."

     

    Comme César l'avait bien noté, il est donc manifeste que la Belgique constitue une zone spécifique depuis la plus haute antiquité, dont l'identité ethno-culturelle est celto-germanique, donc ni totalement celtique ni totalement germanique, mais les deux à la fois. Les peuples belges étaient donc constitués de Germains celtisés et de Celtes germanisés, les deux composantes étant chez eux si étroitement imbriquées qu'il est souvent difficile de les distinguer l'une de l'autre...

     

    Les sources se rapportant spécifiquement à ces peuples germano-celtiques de la Gaule Belgique sont hélas assez rares.Néanmoins, il est tout à fait légitime de supposer chez eux un étroit syncrétisme non seulement sur les plans culturel, artistique, sociétal etc, mais aussi dans le domaine spirituel, où le Paganisme celtique s'est très certainement mêlé au Paganisme germanique, donnant ainsi naissance à une Tradition religieuse spécifique. Nous avons donc là un exemple tout à fait exceptionnel de symbiose entre germanité et celticité.

     

    Un ensemble de peuples qui a profondément marqué la région

     

    Au delà de l'image  fort sympathique  mais caricaturale -et souvent anachronique- qu'évoque dans l'esprit du grand public la fameuse bande dessinée "Astérix chez les Belges" , il faut bien se figurer que ces derniers représentent un ensemble de peuples fondateurs ayant marqué de façon indélébile l'ensemble des territoires qui constituent aujourd'hui tant le Royaume de Belgique que la France septentrionale,  du nord de la Seine jusqu'à l'ouest du Rhin. 

    Parmi les peuples belges les plus marquants de l'actuel "nord de la France", Picardie et Nord-Pas de Calais, citons notamment, les Bellovaques, dont le nom a donné celui de Beauvais, leur ancien oppidum, les Ambiens (Amiens), les Suessions (Soissons), ou encore les Atrébates, qui ont donné leur nom à Arras (en flamand Atrecht), et qui sont même peut-être à l'origine du nom de l'Artois (à vérifier). Pour l'actuel Royaume de Belgique, on songera bien entendu aux célèbres Nerviens et Ménapiens, auxquels sont parfois identifiés respectivement, de façon quelque peu hâtive, les actuels Wallons et Flamands. Mais on pourrait tout aussi bien mentionner d'autres peuplades majeures telles que les Eburons, dont le territoire se situait dans l'actuelle province de Liège, ou encore les prestigieux Aduatuque, établis dans ce qui est aujourd'hui l'Ardenne.

    Enfin, au niveau des grandes figures historiques signalons entre autres les chefs belges Ambiorix, roi des Eburons, Catuvolcos (dont le nom signifie "Loup de Guerre"), ainsi que le chef bellovaque Correos (ou Correus dans sa forme latinisée, voire Korreos, véritable "Vercingétorix belge" qui a donné beaucoup de fil à retordre aux envahisseurs romains, en poursuivant une résistance acharnée après la défaite d'Alésia, à la tête d'une coalition de peuples belges. Ce Correos a particulièrement marqué César, qui y fait allusion à plusieurs reprises dans sa "Guerre des Gaules".

     

    Fameuse représentation des derniers instants de Correos, tenant tête aux Romains :

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    La mort de Corréus (Correos/Korreos), gravure de D. Maillart, XIXème siècle

     
    Cette brève présentation aura peut-être -du moins convient-il de l'espérer- su éveiller l'intérêt du lecteur ou de la lectrice pour les traces historiques, archéologiques, ethnologiques, linguistiques et toponymiques léguées par l'ensemble de ces peuples, qui ont tant contribué à forger un certain nombre de particularismes encore observables de nos jours, et qui ont ainsi grandement contribué à donner au Royaume de Belgique et à la France du nord et du nord-est une identité ethno-culturelle spécifique, tout à fait distincte du monde gaulois pris dans son ensemble.

     

    Pour quelques précisions complémentaires, vous pourrez par exemple consulter la fiche Wikipedia relative aux anciens Belges : http://fr.wikipedia.org/wiki/Belges

    Voir aussi la liste des peuples de la Gaule Belgique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_peuples_de_la_Gaul...

     Les livres et autres sources littéraires spécifiquement consacrés aux anciens Belges constituent hélas une denrée rare dans le contexte actuel, surtout lorsqu'il est question d'ouvrages de vulgarisation à destination du grand public. Néanmoins, et de façon bien entendu non exhaustive, signalons entre autres le livre d'Eugène Warmenbol "La Belgique gauloise : Mythes et archéologies", paru en 2010 aux Editions Racine, et qui traite plus spécifiquement des représentations symboliques de ce passé national, ainsi que de leur instrumentalisation par les autorités belges entre 1830 et la première moitié du XXème siècle, à travers les arts, l'architecture, les mythes fondateurs du pays etc. Et enfin, si d'aventure vous êtes de passage un de ces jours dans la jolie Province de Luxembourg, au cœur de l'Ardenne belge, ne manquez pas de faire un détour par la commune de Libramont-Chevigny, qui abrite un remarquable et fort sympathique petit Musée des Celtes ( http://www.museedesceltes.be ), dont je vous recommande chaudement la visite.

    Hans CANY



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  • BELTAINE / Cetsamhain / Nuit de Walpurgis

    C'est dans la nuit du 30 avril au 1er mai qu'est célébrée dans une grande partie de l'Europe une fête païenne majeure baptisée "Nuit de Walpurgis" dans la tradition germanique, et correspondant à la Beltaine des Celtes.

    Infiniment plus méconnue qu'Halloween/Samhain -car beaucoup moins vulgarisée, médiatisée, et "monétisée"-, Walpurgis/Beltaine en constitue l'exacte réplique, la seconde marquant le passage de la partie sombre de l'année à la partie lumineuse, inversement à la première. Elle porte d'ailleurs aussi le nom de Cetsamhain, ce qui traduit bien la correspondance entre ces deux points essentiels de l'année celtique.

    Fête du retour de la lumière et du renouveau de la Nature, elle n'en constitue pas moins également une nuit hors du temps, peuplée de forces obscures et au cours de laquelle le monde des morts et de l'au-delà interfère avec celui des vivants. Tout comme Samhain/Halloween, elle est marquée par l'errance d'entités impalpables, de créatures ténébreuses et inquiétantes, au premier rang desquelles les sorcières maléfiques, les revenants et autres loups-garous.

    On s'y réunit aussi autour de grands brasiers conjurant les ténèbres et saluant le retour du Soleil régénérateur, les fameux Feux de Beltaine, qui sont l'occasion de moult réjouissances et libations en l'honneur des forces vives de la Terre-Mère. Soleil et Terre-Mère respectivement symbolisés par le Dieu Bel/Belenos -d'où le nom de Beltaine-, et par l'antique déesse préceltique Maïa, d'où le nom du mois de Mai.

    A toutes celles et tous ceux qui se soucient de rétablir le lien avec leurs véritables racines spirituelles ancestrales, je souhaite donc une excellente célébration de cette nuit exceptionnelle, qu'il serait fort dommage de laisser dans l'oubli !

    Hans CANY

     

    BELTAINE / Cetsamhain / Nuit de Walpurgis

     

     

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  • Parmi les fabuleux trésors attribués aux Goths, et dont quelques-uns ont été retrouvés, il en est un, en revanche, qui conserve tout son mystère et qui n'a eu de cesse d'alimenter depuis des siècles les plus folles spéculations : je veux bien sûr parler du fameux trésor du Temple de Salomon, qui, de par les aléas de l'Histoire, s'est finalement retrouvé sur le territoire actuel de la France, et pourrait fort bien s'y trouver caché aujourd'hui encore...

    Le Temple de Jérusalem, dont le célèbre "Mur des Lamentations" constitue de nos jours l'ultime vestige, fut bâti aux alentours de l'an 960 avant l'ère chrétienne sous l'égide du roi juif Salomon. Erigé selon les instructions d'un symbolisme rigoureux prétendument reçues par Moïse au moment où celui-ci reçut de Yaveh lui-même les "Tables de la Loi", ce temple devint dès lors le lieu de culte le plus sacré du judaïsme, et tout un mobilier sacré y fut déposé.
    Outre la mythique "Arche d'Alliance", renfermant les "tables de la Loi", ce mobilier sacré d'une richesse inimaginable comprenait également une pléthore d'objets cultuels extrêmement précieux, la plupart en or massif. Et après l'Arche, les deux objets les plus sacrés entre tous étaient la "Table des pains" ainsi qu'un énorme candélabre à sept branches nommé la Ménorah. La table, sur laquelle étaient posés douze pains azymes symbolisant la sortie d'Egypte des douze tribus d'Israël, était faite de bois d'acacia entièrement recouvert d'or. Quant à la Ménorah, le fameux candélabre, elle était sculptée d'une seule pièce dans l'or pur, et pesait un talent, c'est à dire très exactement 23, 565 kg, ce qui donne une idée de ses dimensions.

    A plusieurs reprises, le temple et son trésor furent pillés.

    Au VIIème siècle avant l'ère chrétienne, en l'an 626, le prophète Jérémie alla dissimuler l'Arche d'Alliance dans une caverne du mont Nébo, juste avant la déportation des Juifs à Babylone. Elle n'a jamais été retrouvée depuis.

    Le roi Nabuchodonosor fit transporter à Babylone tout le reste du trésor, qui fut placé dans le temple de Bélus. Mais en -539, Cyrus, fondateur de l'empire perse, fait à son tour la conquête de Babylone, et restitue ce trésor aux Juifs.
    Le Temple de Jérusalem fut reconstruit en -536, et le mobilier sacré y fut donc de nouveau déposé. En dépit de plusieurs autres péripéties, le trésor demeure ensuite à peu près entier pendant plusieurs siècles.

    En l'an 70 de l'ère chrétienne, Titus, fils de l'empereur Vespasien, prend Jérusalem et pille de nouveau le Temple, avant que ses soldat n'y mettent le feu et le détruisent.
    Une partie de l'énorme butin fut fondue et vendue, au poids de l'or, sur le marché syrien. Mais les pièces les plus précieuses et les plus "spectaculaires", pour leur part, furent ramenées à Rome. Parmi ce butin figure alors la fameuse Ménorah, présentée, entre autres objets emblématiques, lors du triomphe de Titus. L'arc de Titus, à Rome, commémore cet événement, et l'on peut précisément voir sur l'un de ses bas-reliefs une représentation du célèbre candélabre, porté par des soldats romains.

    En l'an 410 de l'ère chrétienne, Alaric, roi des Goths, s'empare de Rome, et fait main basse sur les trésors accumulés par les empereurs romains successifs. Il meurt quelques mois plus tard, emporté par une maladie. Son beau-frère et successeur Ataulf établit alors le royaume Wisigoth d'Occitanie, dont Toulouse devient la capitale. C'est là, dans le "Château Narbonnais", situé sur l'emplacement actuel du palais de justice, qu'est alors entreposé le trésor des rois Goths, incluant ce qui a été pris à Rome. Moins d'un siècle plus tard, face à une menace franque se faisant de plus en plus pressante, les rois Wisigoths jugent plus prudent de le transférer à Carcassonne. Outre le mobilier sacré provenant du Temple de Jérusalem, ce trésor comprend alors, parmi d'autres richesses, deux autres objets mythiques : la mystérieuse "Table d'émeraude", ainsi que le "Missorium".

    Carcassonne, à l'origine modeste lieu fortifié par les Romains, est alors devenue sous l'égide des Goths une redoutable place forte. En l'an 508, le roi des Francs Clovis (Khlodwig), après avoir battu et tué Alaric II à Vouillé (en 507) et pris Toulouse, essaya en vain d'assiéger Carcassonne, avec la ferme intention de s'emparer du trésor des Wisigoths que la cité abritait. Le roi des Goths d'Italie, Théodoric le Grand, vint alors à la rescousse, et la menace franque fut repoussée. Celui-ci assura ensuite la régence pendant la minorité d'Amalric, fils et successeur désigné d'Alaric II, et, jugeant que le trésor était désormais trop exposé aux convoitises tant qu'il restait à Carcassonne, le fit transférer à Ravenne, en Italie. Mais quelque temps plus tard, Amalric, devenu majeur et roi, se le fit restituer, tandis que le royaume Wisigoth avait étendu sa superficie sur tout le territoire compris entre la Durance et Carcassonne.

    C'est à partir de ce moment que se perd mystérieusement la trace du trésor. Même lorsque en 531, Amalric est vaincu par les Francs à Narbonne, ces derniers, qui énumèrent pourtant soigneusement tout ce qui fut pris à cette occasion, n'en font aucune mention. Certes, lorsque le royaume Wisigoth d'Occitanie commença à décliner et à se réduire dangereusement du fait des attaques franques, une partie du trésor gothique fut transférée vers le royaume Wisigoth d'Espagne, qui demeurait alors puissant. Mais lorsque les Arabes s'emparèrent à leur tour de ce royaume Wisigoth d'Espagne et de sa capitale Tolède, leurs chroniqueurs, pas plus que ceux des Francs, ne firent mention de ce trésor dans l'énumération pourtant fort minutieuse du butin qui fut pris...

    Il est bien évident que si ledit trésor avait été retrouvé, les chroniqueurs Francs comme Arabes n'auraient pu manquer de le signaler, eux qui poussaient l'exactitude jusqu'à mentionner la moindre pièce, même de piètre valeur. Le destin de ce fabuleux trésor wisigothique demeure donc aujourd'hui encore un mystère alimentant les plus extravagantes conjectures, puisque selon toute vraisemblance, il n'a pu être que dissimulé, pratique dont les Goths était fort coutumiers dès lors que l'approche d'un grand péril se précisait. D'aucuns ont d'ailleurs émis l'hypothèse que le fameux trésor de Rennes-le-Château, dont la découverte serait à l'origine de la subite fortune de l'abbé Saunière entre la fin du XIXème et le début du XXème siècles, pourrait fort bien avoir quelque rapport avec ce trésor, ou du moins avec une partie de ce dernier... D'autres sont persuadés que le Trésor du Temple de Jérusalem, dont la fameuse Ménorah, est en fait secrètement conservé depuis plusieurs siècles au Vatican...
    Quoi qu'il en soit, l'énigme demeure entière.

    L'étonnant destin de ce trésor très convoité, d'origine sémitique et moyen-orientale, et dont le dernier possesseur connu fut un peuple germanique l'ayant très probablement dissimulé au fin fond de la France méridionale, est en tout cas des plus singuliers.

    Hans CANY

     

    Les Goths et le trésor du Temple de Jérusalem
    La Ménorah représentée sur le bas-relief de l'arc de Titus, à Rome

     

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  • JUL (ou YULE), le Solstice d'Hiver consacré à Wotan/Odin, arrive à grands pas. C'est ce Solstice d'Hiver païen qui a été détourné par l'Eglise chrétienne pour en faire Noël, en le décalant simplement au 24-25 décembre. Cette tradition ancestrale remonte donc bien au-dela du christianisme, en dépit des idées reçues... Détrompez vous !
    De toute façon, même le nom de Noël est une altération d'une autre désignation de cette fête païenne : la Neue Helle, autrement dit la "Nouvelle Clarté". Elle marque le début, à partir du Solstice d'Hiver, d'un lent processus de renouveau de la lumière, des forces de la vie et de la Nature endormies, le soleil commençant très progressivement à briller chaque jour un peu plus longtemps à compter de cette date.

    Quant à la figure mythique du Père Noël, si chère à l'imaginaire enfantin, elle est en fait issue d'un subtil mélange entre trois personnages mythologiques : le dieu Wotan/Odin, la déesse Freyja, deux divinités pourvoyeuses symbolisant l'abondance et la fertilité, et le Saint Nicolas chrétien, lui aussi constituant une figure pourvoyeuse.

    Les célébrations de Yule s'étalent sur Douze jours/nuits sacrés, du 21 décembre au 1er janvier.


    Avec quelques jours d'avance, chers amis lecteurs et lectrices, je vous souhaite donc une excellente célébration de Yule/Noël.

    Hans CANY

     

     

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